La guinée : scandale touristique

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C hantée depuis son indépendance, la Guinée est un scandale géologique. C’est connu de tous. C’est un scandale agricole également. Mais c’est aussi et surtout une merveille touristique.

La Guinée en soi est une merveille touristique. Elle résume toutes les potentialités des pays voisins tout en se singularisant par sa composition en 4 régions naturelles renfermant chacune son propre écosystème, sa faune et sa flore.

Cependant, les potentialités touristiques de la Guinée ont été trop longtemps ignorées par les pouvoirs publics, et le secteur privé dans une certaine mesure. La plupart des gouvernements qui se sont succédé ont préféré faire la promotion d’autres secteurs comme les mines ou l’énergie… faisant du tourisme le parent pauvre de la répartition des ressources financières de l’État. Le maigre budget alloué au secteur du tourisme et de l’hôtellerie couvre à peine les frais de fonctionnement des établissements publics chargés pourtant de faire la promotion du tourisme. Entre 2012 et 2015, l’État guinéen n’y a consacré qu’un total cumulé de 0,99% du budget national selon le document de stratégie de réduction de la pauvreté III.

Il faut néanmoins noter une certaine amélioration dans le sous-secteur de l’hôtellerie avec des investissements extérieurs conséquents dans la construction de complexes hôteliers tels que Sheraton, Noom, Palm Camayenne, Hôtel Kaloum, Onomo et d’autres hôtels en construction (Welly Kakimbo et l’Hôtel Niger).

S’il faut s’en féliciter, il faut également noter que ces infrastructures grandeur nature sont tournées vers une clientèle très aisée et toutes sont situées à Conakry, laissant les régions de l’intérieur dépourvues de complexes hôteliers à leurs tailles. Pourtant, certaines villes notamment les capitales régionales reçoivent un nombre important de réunions, de colloques, de retraites, de forums, etc. Ces activités sont animées par des Guinéens et des étrangers dont certains ignorent totalement la beauté de la région qui les accueille.

Le tourisme contribue faiblement au PIB de notre pays alors que dans d’autres pays moins dotés par la nature que la Guinée, la part du même secteur est 2 à 3 fois plus élevée (le tourisme contribue à 2% au PIB de la Guinée contre 6,3% au Sénégal).

Cette triste réalité n’est pas une fatalité et elle peut être inversée par une synergie d’actions qui permet de mieux exploiter l’énorme potentialité du tourisme guinéen. Le tourisme est un puissant moyen de création d’emplois et donc de création de richesses. L’exécution de toute la chaîne du secteur touristique s’attache à une kyrielle de petits boulots qui vont du guide touristique au cordonnier en passant par le chauffeur ou l’interprète. Il appartient donc à l’État de faire le travail en amont en rendant plus flexible le cadre juridique et en incitant les hommes d’affaires locaux à investir dans le tourisme intérieur.

La promotion passe aussi par des vacances du président de la République, de son gouvernement et des hauts commis de l’État dans le pays profond. À quand les vacances d’Alpha CONDÉ à Baro ?

Alpha Oumar DIALLO

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