L es récents accidents ferroviaires survenus à Dixinn et Simanbossia ravivent les inquiétudes autour de la sécurité des voies ferrées dans la capitale guinéenne. En l’espace de quelques semaines, deux personnes ont perdu la vie après avoir été percutées par des trains de la compagnie Rusal Friguia.
Ces drames, au-delà de leur caractère tragique, illustrent la persistance d’un problème ancien : la cohabitation difficile entre les rails et les zones densément peuplées.
Le dernier cas en date s’est produit ce vendredi 7 novembre 2025 à Dixinn Gare, où un homme d’une cinquantaine d’années, encore non identifié, a été mortellement heurté par un train en partance pour Fria.
Selon plusieurs témoins, la victime, chargée de cartons, se serait immobilisée au milieu de la voie, malgré les cris d’alerte des passants.
Quelques jours plus tard, à Simanbossia, c’est une femme, Adama Djouldé Barry, qui a trouvé la mort dans des circonstances similaires, alors qu’elle traversait la voie ferrée.
Dans les deux cas, les secours sont intervenus rapidement, mais les drames étaient déjà consommés.
Ces accidents, loin d’être isolés, rappellent une série d’incidents survenus ces dernières années à Conakry, souvent sur le même tronçon reliant le port minier à Fria.
Les quartiers traversés par la voie ferrée sont densément habités, et le passage quotidien de trains lourds y représente un danger constant pour les riverains.
Les autorités locales et les acteurs de la société civile n’ignorent pas cette réalité. En 2022, l’ONG guinéenne SOLUTEC avait lancé une vaste campagne de sensibilisation destinée à prévenir les comportements à risque autour des rails.
Pendant trois semaines, l’organisation avait sillonné les zones traversées par la voie ferrée, de Kaloum à Dubréka, pour rappeler quelques principes essentiels, à savoir, ne pas vendre, marcher ou jouer sur les rails, et surtout ne pas sous-estimer la vitesse ni le temps de freinage d’un train.
Des messages traduits en Soussou et Pulaar avaient été diffusés pour mieux atteindre les communautés locales.
Malgré ces efforts, la fréquence des accidents semble indiquer que la sensibilisation seule ne suffit plus.
Un spécialiste de la sécurité ferroviaire, interrogé par un de nos reporters, plaide aujourd’hui pour un renforcement des mesures de protection.
Ce dernier cite, entre autres, les clôtures de sécurité, la signalisation sonore et visuelle, les passages piétons balisés, ainsi qu’une meilleure coordination entre les compagnies minières et les autorités communales.
Dans une capitale où les rails traversent des zones commerçantes, scolaires et résidentielles, la question de la sécurité ferroviaire s’impose désormais comme un enjeu urbain majeur.
Les drames de Dixinn et Simanbossia rappellent que derrière chaque accident se cache un problème structurel : l’absence de dispositifs durables pour protéger les citoyens des risques liés au trafic ferroviaire.
A défaut d’une réponse concertée, les rails de Conakry risquent de continuer à être le théâtre de tragédies évitables.
Alpha Binta Diallo pour www.guineeactuelle.com


