Mamou : la maison des jeunes laissée à l’abandon, six mois après sa démolition

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S ix mois après la démolition partielle de la Maison des Jeunes de Mamou, le constat sur le terrain reste toujours alarmant, a-t-on appris des sources locales.

L’établissement, jadis cœur battant de la vie culturelle et éducative de la préfecture, se trouve aujourd’hui dans un état de délabrement avancé.

Sans clôture, sans sécurité et sans encadrement, apprend-t-on, le site symbolise désormais l’abandon d’un espace qui fut autrefois un lieu de rassemblement et de formation pour la jeunesse.

Un lieu transformé en stationnement anarchique

La cour de la Maison des Jeunes, démolie en avril 2025 à l’occasion de la marche du 26 avril organisée par les autorités pour célébrer les acquis du CNRD, devait initialement être reconstruite après l’événement. La destruction de la clôture visait alors à élargir l’esplanade et prévenir les risques de bousculade lors de la mobilisation.

Mais depuis la fin de cette célébration, aucun chantier de réhabilitation n’a été engagé. Le site est désormais devenu un espace de stationnement anarchique, assimilé à une petite gare routière. La tribune, autrefois scène d’événements culturels, sert aujourd’hui de refuge à des jeunes désœuvrés, faute d’encadrement.

Entre insécurité et insalubrité

En l’absence de clôture et de surveillance, l’endroit s’est progressivement transformé. La nuit, il devient un repaire pour des toxicomanes et un lieu de débauche, selon plusieurs témoins.

Le jour, confient ces témoins, des enfants y jouent au football sur la terrasse, tandis que des camions y stationnent sans contrôle.

Les pluies, quant à elles, lessivent les sols et entraînent les graviers vers les caniveaux, aggravant l’obstruction de la voirie. L’esplanade, jonchée d’ordures, renvoie aujourd’hui une image triste et préoccupante d’un espace autrefois symbolique du dynamisme de la jeunesse mamouka.

Des appels à la réhabilitation ignorés

Un de nos interlocuteurs proche du directeur de la Maison des Jeunes, affirme que ce dernier a saisi à plusieurs reprises les autorités locales et régionales pour obtenir un appui matériel et technique, sans succès jusqu’à présent.

« Il alerté, proposé des solutions, sollicité l’aide de la commune et du ministère. Mais à ce jour, rien n’a bougé », confie-t-il, déplorant le manque de réactivité des services publics.

La société civile et les religieux tirent la sonnette d’alarme

Face à cette situation, plusieurs responsables religieux et acteurs communautaires multiplient les appels à une reconstruction urgente du site.

« Nous avions salué la démolition de la cour, car elle avait permis d’éviter une catastrophe lors de la marche du 26 avril. Mais aujourd’hui, nous exigeons des autorités la réhabilitation immédiate de la Maison des Jeunes. L’état actuel du lieu est déplorable. Il est devenu un espace abandonné », alerte un responsable communal interrogé par téléphone par un de nos reporters.

Un symbole à sauver

Au-delà de la simple réhabilitation d’un bâtiment, c’est toute une question de politique publique en faveur de la jeunesse qui se pose. La Maison des Jeunes n’est pas qu’un édifice, c’est un lieu d’expression, de formation et de cohésion sociale. Son abandon prolongé envoie un signal inquiétant sur la place accordée à la jeunesse dans les priorités locales.

A Mamou, habitants et encadreurs espèrent encore que les autorités traduiront bientôt leurs promesses en actes concrets. Car chaque jour qui passe sans reconstruction renforce l’impression d’un patrimoine social abandonné à son sort.

Alpha Ibn Boubacar Diallo 

 

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