D éfense des acquis démocratiques et résistance face à une tyrannie rampante qui se voulait douce. La Résistance qui est l’expression poétique de la Défense, dès lors, retrouve toute sa légitimité.
La Résistance fait partie intégrante de notre histoire. Mais, naïvement, du fait de l’extraordinaire résilience de ce Peuple chargé d’histoire, elle paraît timorée, timide, mais la Guinée est la fille de la Résistance!
Ironie de l’histoire, c’est « l’opposant historique » qui paiera devant l’histoire, le prix de l’inconséquence de ses convictions. L’homme s’est renié et la négation de la promesse républicaine et démocratique qui sous-tendait son engagement achève de ruiner son capital politique. Aujourd’hui, sa légitimité historique est remise en question et la sincérité de son engagement politique mise à rude épreuve, toute chose illustrant indéniablement la crise de la parole politique entraînant la défiance à l’égard de l’autorité.
C’est la mort dans l’âme que nous constatons le bilan macabre à la suite des manifestations. La liberté de manifester est un droit fondamental, un acquis démocratique dont la défense nous revient à tous. Il était donc inacceptable de laisser le pouvoir le confisquer et en rendre l’exercice sélectif. L’argument de l’insécurité est un artifice, tant elle est une réalité dans le pays. Si la dérive lors des manifestations est récurrente, la preuve est quand même donnée qu’elles peuvent être aussi pacifiques et dans une ambiance bon enfant. Nous nous inclinons devant la mémoire de toutes ces victimes que le pouvoir aurait dû nous épargner ; et, il est dommage que le rétablissement de ce droit soit à ce prix, parce que le pouvoir s’illusionne simplement et vainement d’ailleurs, d’étouffer un droit fondamental.
Cette convergence des forces ne souffre, heureusement pas, de considérations ethnicistes en dépit des efforts du pouvoir de l’en en taxer. La conscience nationale, lorsqu’elle se met véritablement en mouvement, devient difficilement corruptible. Le sens de la raison de cette lutte légitime a gagné les cœurs et les esprits, l’adhésion populaire en est la parfaite illustration. Le Front National pour la Défense de la Constitution, F.N.D.C, n’est pas un jeu d’alliances politiques mais la traduction d’une symbolique, celle de l’expression du refus catégorique de tripatouillage constitutionnel, de tripatouillage de notre Loi fondamentale. Ceci est un principe de construction de dynamique, de convergence de forces démocratiques. Partant, cette structure qui ne peut prétendre revendiquer la paternité de cet état d’esprit, n’a à s’arroger le droit d’exclure un autre courant de la lutte et même au motif d’avoir participé aux consultations. Il est temps de soumettre notre ego au triomphe de ce combat démocratique, en rassemblant au-delà de considérations mesquines et en épousant le seul principe qui vaille, celui de l’opposition au projet de piétinement démocratique.
Notre processus démocratique est fragile et ses institutions évoluent dans l’étouffement, faute de volonté et de sens de l’histoire. Le référendum est un moyen démocratique de légitimation et le Président de la République est fondé d’y recourir tant que ce n’est dans le but de saper les acquis à même de revitaliser notre processus démocratique. Nous ne sommes pas des factieux, mais avec force conviction, nous croyons qu’il n’y a pas de légitimité possible dans l’injustice. Dans le contexte actuel, et au regard de grotesques artifices entourant le projet et surtout l’extrême banalisation de cas de morts, l’âme étant par ailleurs sacrée, l’exercice du droit de soumission par voie référendaire, ne doit plus lui être légitimement reconnu. Il s’est délégitimé, lui-même sur ce plan. Il laisse aujourd’hui manifester sa disposition à assouvir sa soif de pouvoir, quitte à enjamber les morts, les nôtres, pour établir une nouvelle constitution favorisant une confiscation de pouvoir. Il est un boulimique du pouvoir, et il est sans état d’âme dans la conduite de ce projet qui n’a ni hauteur ni avenir.
Suprême mépris, il entend même transformer ladite constitution en un instrument de vendetta, de vengeance pour exclure certains de la course à la magistrature suprême. Une certaine jeunesse hébétée, espérant s’offrir une place au soleil dans le microcosme politique, y croit encore et exulte. Le dégagisme espéré serait dévoyé, le Président de la République, n’en a pas la légitimité. Sa démarche dévitalise notre processus démocratique et achèvera de polariser notre société. La paix est notre but. A-t-il un problème avec le réel ? Il y’a là, un inquiétant déni de réalité.
C’est dans ce contexte d’incertitude que s’organise légitimement la résistance pacifique, sans concession pour exercer une pression jusqu’à son renoncement au projet, symbole du reniement de soi. Nous prônons sincèrement la non-violence mais, parce que nous ne sommes pas fatalistes, il nous est impossible de professer consciemment la pédagogie de la résignation. Cette flamme de la résistance et d’espoir entretenue par une conscience sociale ou citoyenne influence toute considération partisane. La fibre nationale est plus forte que la sensibilité politique. Dans la dynamique populaire qui s’instaure et va crescendo, la sagesse commande rigoureusement que la stratégie soit fondée sur la communauté d’actions à même de favoriser celle du destin. En cela, une lucide et belle expression du Front National pour la Défense de la Constitution, F.N.D.C, vient ainsi nous conforter dans notre intime conviction : « F.N.D.C est un état d’esprit. »
A cette Société Civile ayant le sens de l’histoire, fer de lance du Mouvement, nous rendons un vibrant hommage. Elle doit absolument en tenir les rênes et se tenir à bonne distance des enjeux de pouvoir et avoir une haute idée de ce combat l’interdisant toute tentation carriériste. Nous ne doutons pas du sens patriotique et de la force de convictions de ces acteurs sociaux, mais les risques sont importants. Les responsables politiques, de calculateurs impénitents malgré tout, salués pour leur force de mobilisation aussi, doivent s’interdire toute confusion pour la prospérité de l’intérêt commun. Le sang semble n’être plus ahurissant aux yeux du pouvoir dans ses instants crépusculaires, sur son déclin renvoyant à la fin d’une époque. Aucune institution – républicaine – ne peut se prévaloir de son indépendance ou de sa légitimité pour violer nos textes de loi et plomber le besoin vital de l’alternance démocratique.
Convaincu de la justesse et de la noblesse de la lutte et porté par le souffle populaire que lui communique avec enthousiasme de fier.e.s manifestant.e.s, le coordinateur national intérimaire du F.N.D.C, reconnaît qu’au début de l’engagement, ils éprouvaient « une seule crainte, celle de nous de retrouver seuls, contre ce pouvoir… » Mais, tous sommes fiers et les tenants du pouvoir et d’opportunistes soutiens, inquiets et surpris de la vivacité de la fibre patriotique de défenseurs des acquis. L’espoir est permis !
Cet espoir nourri sans naïveté cependant, en donnant la parole au Groupe de contact national, histoire de donner un sens au vertueux dialogue. Déjà, le Chef de l’État commence par éprouver devant l’histoire, leur attachement aux valeurs et la force de leur conviction : « Est-ce que la Guinée est le seul où un président en exercice fait une nouvelle Constitution qui peut lui permettre de se représenter ? Pourquoi en fait-on un scandale pour la Guinée ? » (Extrait de son interview au journal français Le Monde.)
Monsieur le Président de la République, avant qu’il ne soit trop tard, sachez que vous ne serez pas touché par la grâce.
En guise de remobilisation, le coordinateur national par intérim du Mouvement, Oumar Sylla, rassure en une forme d’invite et même dissuasive : « Pour ceux qui doutent encore, sachez que la force de frappe du FNDC devient plus redoutable, chaque jour qui passe » S’ensuivra une ovation avec le sentiment du devoir accompli. Foi manifestement inébranlable en l’avenir !
Citoyen,
PENDESSA Amara
pendess@yahoo.fr