Le mal-être du migrant : un soupçon d’efforts dans la résignation

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«A chaque jour suffit sa peine ! Pourvu que cette Twingo disparaisse dans la nature, qu’elle s’enfonce dans les méandres de la A1 et qu’elle réapparaisse à Paris complètement métamorphosée ! Et pourvu que je sorte de là, dans le corps d’un autre et pourquoi pas avec son lot de chances tiens ! ».

Dans la tête de labyrinthe, c’est le carnaval de RIO. Tout s’entremêle là-dedans. La cadence de sa respiration venait compléter ce vacarme qui résonnait dans tout son intérieur.

Le silence était assourdissant dans l’habitacle de cette voiture. Les bouches étaient pleines de mots prêts à être expulsés mais freinés par la peur et l’incompréhension de l’un et de l’autre.

Djibril n’en pouvait plus, il fallait qu’il la pose cette question.

-Mais pourquoi diable as-tu enfermé cette pauvre vieille dame dans cette salle de bain ?

-Je n’en sais rien ! Répondit Labyrinthe.

-Sais-tu à quoi tu t’es exposé là ?!

-Epargne-moi ton sermon Monsieur le juge ! Je n’en ai vraiment pas besoin.

Le silence reprit sa place et la Twingo avançait comme par peur de déranger ce silence.

Ça tournait dans sa tête, ça dansait, ça fusait dans tous les sens ! Labyrinthe gigotait, il s’en voulait et était mort de trouille.

-Que va-t-il m’arriver d’après toi ? demandait-il timidement à Djibril.

-Vol et séquestration, plainte pour vol et séquestration, voilà ce qu’il va t’arriver ! Non mais où avais-tu la tête ? T’es-tu seulement rappelé de ta situation pauvre con ?

-S’il te plaît Djibril, je n’ai vraiment pas besoin de ça. Ma conscience n’a pas besoin de ton aide, merci !

Le silence, rebelote !

-Je ne peux plus t’aider Labyrinthe, fit Djibril d’un ton ferme. Je ne veux être mêlé à des histoires comme celle-là ! Je tiens à ma liberté et à la préservation de mon honneur.

Il y a un foyer de migrants dans le 17ème arrondissement à Porte de Clichy. Le foyer St Just. Tu y trouveras tes semblables. Ne me remercie pas. Tu peux aussi me traiter de méchant si tu veux, cela me va. Ne m’appelle plus. Une fois à Paris, tu auras juste le droit de me dire « Au revoir », non, je rectifie « Adieu »

Labyrinthe n’avait pas de mots. Il était abasourdi. A vrai dire, il n’en voulait même pas à Djibril. Sans doute aurait-il fait pareil ?! Il se sentait stupide. Il préférait voir la vie du bon côté ; Au moins il avait une piste : ce foyer St Just.

Djibril laissa Labyrinthe sur un passage piéton, juste à la jonction de toutes les « rues du monde », à la porte de la Chapelle.

Au mot « Adieu », Labyrinthe ajouta tout de même un « merci pour tout ». Il s’éloigna sans se retourner.

Il prit le tramway et se rendit à la porte de Clichy. Il ne tarda pas à trouver le foyer St Just. Il faut dire qu’il a eu la bonne intuition de demander son itinéraire aux africains qu’il croisait. Il ne pouvait se tromper, il pouvait reconnaître ses bons interlocuteurs sans effort aucun ! Ils sont habillés de boubous ornés de gris gris. Ils parlaient fort en diverses langues africaines.

« L’intégration n’a pas osé tracer son chemin par ici ! Ont-ils seulement bougé de l’Afrique ! » pensait Labyrinthe.

Il vit un groupe de jeunes hommes à l’entrée du foyer. Il leur exposa son cas et sollicitait ainsi une hospitalité.

Un des jeunes lui recommanda Monsieur DIARRASSOUBA, sans doute le sage du foyer.

Monsieur DIARRASSOUBA n’avait rien d’un immigré, il ne parlait quasiment pas le français. Il était comme un chef du village aux fins fonds de l’Afrique. Il dirigeait en toute sagesse, son petit pays ou plutôt son petit continent « St Just » du fait de la pluralité des nationalités africaines dans ce foyer.

Lui, était originaire du Mali. Il était venu en France en 1977. Il avait participé au lotissement des rues parisiennes aimait-il ironiser. Il était grand, bien foncé et avait les yeux rouges qui témoignaient de l’expérience de la vie. Il était vêtu d’un boubou bleu et coiffé d’un bonnet blanc. Cet accoutrement imposait sa notoriété. Il avait un énorme cure-dents qui faisait des va-et-vient sur ses dents blindées de résidus de colas.

Le sage fit appel à un interprète pour faciliter la communication entre lui et Labyrinthe. Après avoir entendu les préoccupations et souhaits de ce dernier, il lui fit comprendre comme cela est de tradition en Afrique, qu’il était chez lui, qu’ici, il n’y avait qu’une grande famille. Il lui demandait juste d’être réglo : pas de vols, pas d’insultes… Il faut du travail et de l’entraide.

« Du travail » ! Voilà un mot qui tombe telle une bombe dans l’oreille de Labyrinthe. Il en rêve !

Il voudrait en savoir davantage mais l’heure n’est pas au jeu de détectives.

Il se vit attribuer une chambre d’à peine 9 m2. Il devrait y résider avec trois autres jeunes.

L’un d’entre eux, Samba, lui fit la visite du foyer. Il y a tout ! Une vraie ville ! Il y a des commerces, un restaurant, une forge,… C’est surprenant ! Il y a toute une vie dans ce foyer, un continent au sein de l’Etat français ! Labyrinthe n’en revenait pas.

La chambre qui faisait office dorénavant de sa demeure était minuscule par rapport au nombre de ses locataires. Elle ne sentait pas la rose, l’odeur de la transpiration dominait entre les murs. A celle-ci venaient s’ajouter celles des cuisines du monde, des chaussettes des occupants… bref, tout cela n’était pas bien grave. Labyrinthe avait échappé à la vie sous les ponts. En plus, le loyer de cette chambre était peanuts car partagé par les occupants. Il n’aura à s’acquitter que de 35€ tous les mois.

Cela n’était pas un problème pour Labyrinthe. Le bas de laine et les bijoux volés à Geneviève lui donneraient un temps de répit. Et puis, il fallait qu’il se renseigne sur l’opportunité de travailler.

Une chose en appelant une autre, Labyrinthe pensa à Geneviève. Il se demandait quel a été son sort et priait au fond de lui qu’il ne lui soit rien arrivé dans cette salle de bain.

Il prit son courage à deux mains et appela Sandrine pour demander des nouvelles de sa grand-mère. Curieusement, elle n’avait pas l’air de lui en vouloir. Geneviève avait été retrouvée 3 heures plus tard par une de ses amies qui se souciait de ne pouvoir la joindre par téléphone.

Lorsque Sandrine a été mise au courant de l’histoire, elle avait dissuadé sa grand-mère de porter plainte car elle non plus n’était pas toute blanche dans cette affaire. Elle lui convainquit qu’elle risquait à son tour d’être poursuivie pour viol collectif. L’affaire était donc close à huit clos.

Labyrinthe fut soulagé.

-Je te remercie Sandrine. Je sais que je vous ai fait beaucoup de mal, je veux que tu saches que je m’en veux, que je ne suis pas fier de moi.

-Tu as aussi souffert, je n’arrive pas à croire que tu aies subi cette affreuse chose. Je te demande une seule chose : il faut que tu nous oublies et efface nos numéros de ton répertoire, répondit Sandrine d’une voix presque sanglotante.

-Si tel est ton choix Sandrine, alors ainsi soit-il ! Je veux juste te dire que je pense souvent à ce bébé. Il raccrocha le téléphone comme s’il fuyait la situation.

Labyrinthe avait réussi à vendre les bijoux de Geneviève. Cela lui donnait un peu de liquidités pour payer son loyer. De plus, de fil en aiguille, il avait réussi à prendre ses marques dans son nouvel environnement. Il avait pu mener son enquête et avait réussi à dégoter un boulot à la forge. Il gagnait ainsi sa vie. Habile de ses mains, il dépannait également des familles africaines sur des petits bricolages les week-ends, grâce au « bouche à oreille ». Il réussit à économiser au fil des années un peu d’argent. C’est alors que Labyrinthe eut en tête de se faire construire une maison au village. Il aura prouvé à son père qu’il n’était pas un bon à rien.

Il décida de confier cette tâche à son cousin Oumar resté au village, son père n’ayant plus les capacités physiques de suivre l’évolution d’un chantier.

Oumar ne semblait pas emballé par cette mission mais Labyrinthe insista et réussit à lui en convaincre. Il insista surtout sur une chose : la discrétion d’Oumar car il souhaitait absolument faire la surprise à son père.

Oumar accepta cette mission et suivait donc le chantier tel le désirait Labyrinthe. Le « 3 chambres-salon » prenait forme au fil des transferts d’argents par Labyrinthe. Le chantier avançait bien et faisait la fierté de Labyrinthe. Il gardait les photos qu’il recevait sous son oreiller. Il trouvait enfin du sens à sa vie.

-J’ai ouï-dire qu’on pouvait obtenir des faux papiers par ici, demanda Labyrinthe à Samba.

-Chut ! Mais tu es fou ou quoi ? Les murs ont des oreilles, fit Samba en sursautant.

-Oups Désolé. Alors c’est vrai ?

-Des faux papiers non. Tu es mal renseigné.

-Arrête ! On est entre nous, tu peux me le dire, j’en ai besoin.

-Pour faire quoi ? Tu travailles tranquillement non ?!

-Oui, mais je veux rentrer en Afrique avant que mes parents ne décèdent. Cela fait très longtemps que ma mère est malade et je pense qu’elle n’en a plus pour longtemps.

-Des faux papiers non. Je te le redis encore. En revanche, tu peux emprunter des vrais papiers moyennant de l’argent bien sûr. Mais ça coûte la peau des fesses.

-C’est risqué, tu ne trouves pas ?

-Bah non ! Tous les noirs se ressemblent. Si tu le veux, je peux te présenter « le caméléon ». Il vient par ici tous les dimanches soir. Tu parleras affaires avec lui.

-Sinon comment il s’appelle ton « caméléon » ?

-Si tu connaissais le caméléon, eh bien tu saurais qu’il n’a pas de nom.

-C’est bon, j’ai pigé. Je veux bien que tu me le présentes.

« Chassez le naturel, il reviendra au galop ! Me voilà reparti dans les magouilles. La vie n’est pas un long fleuve tranquille, j’y souscris à 100%. Le plus grand risque dans ce monde, est de ne jamais prendre de risques. Je m’en fous, je suis vacciné ».

Labyrinthe était bien décidé à parvenir à ses fins. La peur était partie en vacances sans doute. Il se sentait en confiance, prêt à affronter toutes difficultés dans ce deal qui s’annonce.

« Le Caméléon » était là comme à l’accoutumée. Après de brèves présentations, Samba s’éclipsa laissant Labyrinthe seul avec lui. Labyrinthe s’attendait à voir un Monsieur intimidant mais c’est tout le contraire. Il était tout petit, maigre avec une voix presque féminine.

« Il porte bien son surnom ! Quelle capacité de camouflage ! La police le prendrait en flagrant délit, jurerait qu’il n’y est pour rien dans l’histoire ! ».

Les discussions commencèrent et franchement elles ne s’annoncèrent pas compliquées.

-1500€. Tu voyages avec les papiers et me les rends dès ton retour. Le vieux DIARRASSOUBA se porte garant pour ce genre de transactions. Avant tout deal, il te faudra son approbation.

-Je ne dispose pas de cette somme. A 1000€, je pourrais te payer, mais 1500€ c’est trop demandé.

-Je ne demande rien moi, c’est toi qui demandes quelque chose.

« toujours se méfier des apparences. Je le croyais mou. Erreur ! »

-Je rectifie Grand, je suis d’accord, je suis le demandeur et c’est pourquoi je te demande 1000€. C’est le maximum que j’ai en ma possession.

-1500€ est une somme forfaitaire pour ce genre de transaction. Il faudra payer le détenteur des papiers mais aussi rémunérer tous les intermédiaires, y compris ton colocataire Samba. Toutefois, tu peux payer les 1000€ à la remise des papiers. A ton retour, nous échelonnerons les 500€ sur 3 mois. Tu comprends maintenant l’importance de la garantie ?! Le sage sera non seulement garant de la restitution des papiers mais également de ton paiement de la dette.

-C’est d’accord. Du coup, sous quel délai pourrais-je les obtenir ?

-A J+1 de l’accord du sage. Donc, la balle est dans ton camp.

Les deux hommes se saluèrent et se promirent de se tenir au courant.

Labyrinthe devrait à présent convaincre le vieux DIARRASSOUBA.

« Fastoche, je réussirai ! Je saurai comment lui parler et le convaincre ». Pensait Labyrinthe.

Il passa par l’interprète habituel et exposa son problème au sage.

-Vous m’avez l’air sérieux. Je n’ai jamais entendu parler d’un problème vous impliquant depuis votre arrivée dans ce foyer. Voilà pourquoi j’accepte sur le principe de me porter garant.

-Je ne vous remercierai jamais assez papa DIARRASSOUBA. Vous êtes bon et encore merci !

-Vous me verserez 700€ avant la remise des papiers. En contrepartie, je vous donnerais une attestation que vous devrez remettre au « Caméléon », accompagnée de la somme de la transaction.

Labyrinthe resta de marbre. Il aurait presque frappé ce vieux.

« Il est fou ma parole ! Je crois qu’il divague là ! 700€ ?! Oui je confirme, il est fou à lier ».

-Mais papa DIARRASSOUBA, je n’ai pas cet argent !

-Si mon enfant, vous l’avez ! Ne me dites pas que vous partez en Afrique sans argent de poche ?! Imaginez que vous ne revenez jamais ! Comment je ferais pour payer les 500€ restants au « Caméléon » ? Quant aux 200€ ça serait une indemnisation pour la peine que j’aurais subie. Toutefois, si vous revenez sain et sauf avec les papiers et réglez votre dû au « Caméléon », je ne conserverais que 100€ que nous pouvons considérer comme étant des frais de fonctionnement.

-Oui mais il y a plus grave si je ne revenais pas non ?! Comment restituer les papiers à son propriétaire ?!

-Ne vous en faites pas pour ça. Une déclaration de perte pourrait arranger les choses. Mais je dis ça, je dis rien ! Vous ne ferez pas cela n’est-ce-pas mon enfant ?! Vous ne risqueriez pas de vous attirer la colère d’un vieillard africain ?

-Non, bien sûr que non ! C’est d’accord papa DIARRASSOUBA.

Labyrinthe comprit qu’il devra revoir à la baisse son budget « argent de poche » effectivement. Cela dit, ce n’était pas bien grave. Après tout, il avait fini de construire sa maison. Il pouvait bien faire attention à son budget, limiter les cadeaux et les fêtes pour nourrir la famille de son père jusqu’à son retour.

Les transactions triangulaires eurent lieu sans problème.

Labyrinthe s’est fait aider par Samba pour l’achat d’un billet d’avion par le biais d’un de ses oncles qui a pignon sur rue dans le 18ème arrondissement de Paris. L’agence était connue par l’ensemble des locataires du foyer.

Il était fin prêt pour ce voyage, il était tout excité.

-Tu comptes voyager comme ça avec ce risque que tu prends ? Demanda Samba à Labyrinthe.

-Vas-y, achève-moi de trouille !

-Non mais je suis sérieux !

-Me suggères tu de détricoter les transactions et renoncer à mon rêve ?! Je crois que tu n’as pas compris. Je veux effectuer ce voyage et je vais l’effectuer !

-Je ne t’en dissuade pas. Je veux juste t’informer que Monsieur COULIBALY qui habite à droite au bout du couloir peut te fabriquer un talisman qui te rendra invisible en cas d’éventuels contrôles musclés à l’aéroport.

-Sans blague, tu crois à ces choses-là toi ?! Je parie qu’il a des talismans pour devenir riche ou pour trouver l’amour ?!

-Oui je crois à ces choses-là comme tu dis. Eh oui, il a aussi ce type de talismans. Comment le sais-tu ? Tu t’es déjà renseigné ?

-Non, il suffit de lire les petits tracts distribués à la sortie du métro Barbès ducon !

-Eh ben voilà ! maintenant tu le sais. Va le voir !

-Non mais je rêve ! Que fait-il dans ce foyer minable s’il avait des talismans pour la richesse et pour l’amour ? Pourquoi n’est-il pas dans un palais où il vivra comme un maharaja, entouré des plus belles femmes du monde ?

-Bon ça va ! Fais comme bon te semble !

-Voilà ! Merci Monsieur le conseiller.

Il est 2h du matin, heure locale. Labyrinthe était de retour à Conakry par avion. Il quittait ce pays par la route puis par bateau il y a quelques années mais là il rentrait par avion. Il était tout heureux non seulement par le confort de ce voyage, mais aussi parce que, de ses papiers usurpés, les contrôleurs n’ont vu que du feu.

Il aperçut une partie de sa famille venue l’accueillir à l’aéroport. Ils avaient tous changé, on aurait dit qu’ils ont arrêté de se nourrir il y a des siècles. Mais peu importe, il était content de les revoir et entendait les gâter pendant son séjour.

Les parents de Labyrinthe n’ont pas pu faire le déplacement. Sa mère était de plus en plus fatiguée par la maladie et son père par la vieillesse.  Labyrinthe se languissait de leurs retrouvailles pourtant si proches !

Après des heures de route, ils arrivèrent dans son village à Pita. Tout le monde était prévenu de son arrivée. La case de sa mère était pleine de monde : des femmes, des hommes, des enfants. Tout ce beau monde, du moins à ses yeux, l’attendait.

Sa mère fondit en larmes, elle n’arrivait pas à émettre le moindre son, sans doute du fait de sa maladie. Son père était également très ému. Pour la première fois, Labyrinthe pensait déceler de l’amour à son égard des yeux de son père.

Labyrinthe était très fatigué. Il demanda à prendre une douche ou plus précisément à se laver car il n’avait droit qu’à un petit seau d’eau.

Ils partagèrent tous ensemble le repas de bienvenue et Labyrinthe alla se coucher.

Quelques jours passèrent. Après cadeaux, embrassades, visites rendues aux familles lointaines, Labyrinthe constata l’absence d’Oumar, son cousin.

Son père lui expliqua que Oumar serait malade, que cela faisait presqu’un an qu’il ne passait pas leur rendre visite.

Labyrinthe sourit du coin des lèvres. Il comprit que son cousin ne pouvant garder un secret, a préféré ne pas venir chez son père au risque de lâcher le morceau. Il décida d’aller lui rendre visite le lendemain, de visiter avec lui la maison à présent terminée, avant d’annoncer la bonne nouvelle à son père.

Oumar habitait un village voisin. Labyrinthe arriva donc par surprise chez lui, trouvant sa femme Binta seule dans la case.

Il fut très heureux d’apprendre que son cousin allait bien, qu’il n’était pas malade. Oumar était passionné par la chasse. Il était parti errer dans la brousse depuis l’aube, comme le disait sa femme.

-J’espère qu’il apportera au moins un pigeon pour le dîner ! Ironisait-elle.

-Mais oui, belle-sœur ! Tu as tiré le gros lot en épousant mon cousin. Tu es sublime et toutes les femmes du village t’envient, répondit Labyrinthe en souriant.

-En attendant que Monsieur le chasseur rentre, tu peux profiter de son hamac et te reposer. Je me dépêche de préparer un bon déjeuner à mon beau-frère préféré.

Labyrinthe prit place dans le hamac confortable et fit une petite sieste. Il fut réveillé par la belle voix de Binta lui apportant le déjeuner.

-Qu’est-ce que ça a l’air appétissant ! Cela faisait des lustres que je n’ai pas mangé du « N’dappa et Kossan ».

-Comme tu le sais beau-frère, il s’agit là d’un repas noble concocté pour le plus aimable des beaux-frères ! Je te souhaite un bon appétit !

Labyrinthe dégusta le repas avec appétit, papota un peu avec Binta et pris congés d’elle ne voyant pas arriver son mari. A peine avoir franchi le pas de la porte qu’il aperçut Oumar rentrant bredouille de la chasse. Il fit demi-tour et salua son cousin.

Labyrinthe le sentait étrange mais pensait que cela était dû au coup de l’émotion des retrouvailles.

-Je ne vais pas trop tarder. Cela fait un moment que je suis là. Ta femme m’a d’ailleurs bien accueilli !

-Oh c’est bien dommage, nous aurions pu papoter un peu et parler du bon vieux temps !

-Ne t’en fais pas, je reviendrai avant mon retour en France. Si je suis là aujourd’hui, c’est parce que je ne tiens plus de garder le secret. Je souhaite annoncer la bonne nouvelle à mon père. Mais avant, je souhaiterais que tu me fasses la visite de la maison. J’en profite d’ailleurs pour te réitérer mes remerciements à propos de ton aide.

-Labyrinthe, ces derniers temps, j’ai traversé des périodes très difficiles. Les récoltes n’étaient pas bonnes d’année en année. Binta a été très malade. Aussi, j’avais plein de dettes partout. Je ne savais pas comment te le dire.

-Tu aurais dû me parler de tes problèmes voyons ! On peut bien compter l’un sur l’autre. Moi je te confie une importante mission, tu pourrais aussi me parler de tes ennuis tout de même !

-Justement, mon ennui est que je n’ai pas pu construire ta maison. En plus de tout ce que je viens de te dire, je me suis fait voler l’argent restant. J’en suis désolé.

Labyrinthe rigola très fort et lui dit :

-Je vois que le Kossan t’est monté à la tête ! Pas plus qu’hier, je regardais les photos et tu me racontes des conneries ! Lave-toi les mains et allons voir cette maison cousin !

-Ces photos sont celles d’un chantier de mon voisin, je suis sincèrement désolé. J’espère que tu me pardonneras. Je te promets de te rembourser un jour.

Labyrinthe était hors de lui, il voyait rouge. il se leva, telle une personne sous hypnose, prit le fusil de son cousin, le tendit vers lui et laissa partir le coup de feu qui résonna dans tout le village.

Il prit la fuite vers la brousse.

​​​​​A suivre !

Adama Garanké Diallo

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