Grâce accordée à moussa dadis camara : un acte humanitaire ou calcul politique ?

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L e président de la transition guinéenne, le Général Mamadi Doumbouya, a pris, vendredi 28 mars 2025, un décret pour accorder une grâce à l’ancien chef de la junte militaire, Moussa Dadis Camara.

Officiellement motivée par des raisons de santé, cette mesure intervient huit mois après la condamnation à vingt ans de prison de l’ex-président du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD).

Moussa Dadis Camara avait été reconnu coupable de crimes contre l’humanité par le tribunal criminel de Dixinn pour son rôle dans les événements tragiques du 28 septembre 2009, au cours desquels 157 personnes ont trouvé la mort et plus d’une centaine de femmes ont été victimes de violences sexuelles.

Cette grâce marque un tournant dans la gestion du dossier du massacre du 28 septembre, un événement qui continue de hanter la conscience collective guinéenne.

En effet, cette décision de clémence intervient dans un contexte où le gouvernement guinéen vient d’annoncer la prise en charge de l’indemnisation des victimes de ces violences. Un geste qui, bien qu’attendu depuis longtemps, ne suffira peut-être pas à apaiser les tensions et les attentes de justice des familles endeuillées et des survivantes.

Si certains voient dans cette grâce un acte humanitaire, d’autres y perçoivent une démarche politique aux implications profondes.

Pour les défenseurs des droits humains et les associations de victimes, cette décision suscite des interrogations quant à l’engagement des autorités à faire respecter l’État de droit et à garantir que justice soit rendue.

La réhabilitation partielle de Moussa Dadis Camara, même sous couvert de raisons médicales, pourrait être perçue comme une remise en question des avancées en matière de justice transitionnelle dans le pays.

Par ailleurs, cette libération pourrait également influencer le paysage politique guinéen. Ancien chef de la junte, Dadis Camara conserve une base de partisans, notamment dans sa région d’origine, la Guinée forestière.

Reste à savoir comment cette décision sera accueillie par la communauté internationale, qui suit de près l’évolution de la situation en Guinée. Si certaines chancelleries pourraient saluer un geste de clémence en faveur d’un prisonnier malade, d’autres pourraient y voir un signal inquiétant quant à l’indépendance de la justice guinéenne et au respect des engagements pris en matière de lutte contre l’impunité.

En attendant, une question reste entière: cette grâce accordée à Moussa Dadis Camara est-t-elle un acte humanitaire ou un calcul politique ?

La rédaction

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