Tripatouillage constitutionnel : s’inspirer de l’algérie

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D epuis novembre 2018, le peuple algérien est vent debout contre le cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika. Le mandat de trop. Aujourd’hui, ce grand peuple au passé douloureux a presqu’atteint son objectif : balayer tout le système qui a spolié les énormes richesses du pays. Car si le désormais ancien président a jeté l’éponge, il n’en n’est pour autant du système qu’il a mis en place et qui a fini par le maintenir, lui, au pouvoir alors qu’il a cessé de diriger l’Algérie depuis son AVC de 2013.

L’Algérie, ce grand Etat de l’Afrique du Nord, ancienne colonie française et deuxième armée du continent traverse depuis plus de six mois une crise socio-politique due essentiellement à tous les ingrédients de la mauvaise gouvernance. Mais la goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été la candidature de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika pour un 5eme mandat. Il n’en fallait pas plus pour déclencher la colère de la population algérienne qui a battu le pavé pour obtenir l’annulation de cette énième candidature qui sonnait comme une insulte à l’égard des Algériens.

Devant la détermination des manifestants, le pouvoir recule et annonce le retrait de la candidature de Bouteflika. Mais ça ne suffit pas. Le peuple veut bouter au dehors la horde et la clique du système qui ont contribué à asphyxier ce grand Etat qui pouvait briller plus haut qu’aujourd’hui.

L’armée, puisque c’est elle qui détient le vrai pouvoir fait semblant de jouer les sauveteurs vis-à-vis de la rue. Elle a sacrifié Bouteflika et a lancé une chasse aux sorcières contre les proches de l’ex-chef de l’Etat alors que c’est avec sa bénédiction et son entière complicité que Bouteflika et son clan ont fait de l’Algérie ce qu’ils ont voulu. Comme lorsque notre « vaillante » armée s’est tue sur toutes les bévues que le populo a subi, de Touré à Conté, et de Conté à Condé.

Cette transition pour aborder la situation de la Guinée est intéressante en ce sens que depuis 2016, les Guinéens eux-aussi sont sur le qui-vive quant à une tentative de proposition d’une Nouvelle Constitution remettant les compteurs à zéro pour le pouvoir actuel.

Ce n’est même plus un secret de Polichinelle. Ce combat dont les lignes et les adversaires se précisent au fil du temps. Les masques tombant au fur et à mesure, le peuple découvre avec ses ennemis.

Ce combat, nous pouvons y arriver si nous nous inspirons de tant d’exemples dont l’Algérie. Actualité oblige. Ce peuple s’est levé comme un seul homme pour dire non à la continuation de la dictature et de tous ses corollaires. Et devant l’unité exprimée du peuple et sa soif de voir partir tous les fossoyeurs de son émergence, l’armée a fini par le rejoindre même si elle n’est pas non plus exempte de tout reproche.

En Guinée, nous devons nous lever, parler le même langage dans cette lutte qui nous est commune à  tous. Nul ne doit laisser ses passions et surtout son identité régionale lui aveugler dans sa quête de son bien-être et celui de sa descendance. Des bandits à col blanc sillonnent déjà le pays profond, au frais du contribuable pour enfumer davantage les pauvres populations en jouant sur la corde raide de la fibre ethnique. Le mal guinéen.

En Algérie aussi, il y a les berbères, les Touaregs, les kabyles et les arabes qui constituent évidemment la grande majorité de la population. Mais ils ont montré la voie en réussissant à mettre de côté leur différence pour affronter le mal commun.

En Guinée, seul un sursaut pareil pourra nous sortir de cette ornière voulue et entretenue savamment par un régime composé de sbires et de sadiques sans égaux.

Unis, nous vaincrons, désunis nous périssons.

A bon entendeur salut !

Alpha Oumar DIALLO

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