Suicide de souleymane diallo : le maire de la commune de ratoma accusé (lettre ouverte)

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La mort de Souleymane Diallo, universitaire et administrateur du marché de Taouyah, dont le corps a été retrouvé suspendu sur un arbre dans  la matinée de ce 22 octobre 2021, à son domicile à Koloma, commune de Ratoma, haute banlieue de Conakry, continue de susciter des réactions au sein de l’opinion publique.  

Dans une lettre ouverte adressée à Monsieur Issa Soumah, Maire de la commune de Ratoma, le président du Conseil national de la jeunesse de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) établit un lien entre les actes posés par l’actuel maire de Ratoma et ce suicide.

« Sans nul doute, vos actions néfastes sont pour quelque chose dans le suicide de Souleymane.  Quelles que fussent les raisons pour lesquelles  il s’est donné la mort, le Maire que vous êtes aurait dû se rendre dans sa famille pour lui exprimer votre compassion » accuse-t-il.

Lire ci-dessous l’intégralité de la lettre ouverte

Si j’ai pris le soin de vous adresser cette lettre ouverte, c’est que je le fais en tant que citoyen guinéen. Je ne m’adresse pas à vous en qualité de secrétaire national de la jeunesse de l’UFDG; au sein du parti, il existe des canaux de communication. Comme je ne parle d’un sujet  afférent au parti, alors je vous interpelle. Je pourrais faire allusion à ce que nous avons en commun, le parti et ses valeurs , mais ces évocations ne servent qu’à vous rappeler ce que vous savez du sujet que j’aborde et  que vous pourriez avoir sur votre conscience.

Monsieur le Maire,  un de vos collaborateurs, Monsieur  Souleymane Diallo, nommé par vous-même comme administrateur du marché de Taouyah s’est donné la mort par pendaison.  Il était membre du parti, le même que vous : l’UFDG. Il fut un des membres du comité de soutien à votre élection à l’exécutif communal de Ratoma. Il  était chargé de cours dans les universités privées. Il était d’un engagement sans faille quand il s’agissait de défendre les valeurs du parti.  Alors, il ne se demandait pas s’il y avait à gagner pour son compte dès lors  que les  intérêts du parti étaient en jeu.  Il était l’un des huit jeunes du parti qui avaient été arrêtés devant le Ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation alors qu’ils protestaient contre l’annulation de la victoire de M. Kalemodou Yansané à l’éxecutif  communal de Matoto par M. Bourema Condé.  Alors que 500 jeunes du parti avaient été annoncés à cette manifestation  pacifique, seulement 39 avaient répondu à l’appel. Souleymane Diallo était  dans les premières lignes. Il y fut arrêté avec moi et mis en prison de nombreuses semaines.

Monsieur le Maire,

Après que vous l’avez nommé administrateur du marché de Taouyah, vous l’avez dépouillé de toutes ses prérogatives au profit de vos amis. Il était réduit à néant et vivait un grand désespoir qu’il a tu et qui s’est exprimé par le drame affreux qui en a résulté.

 Monsieur le Maire, derrière le suicide, se cache un message, celui de la préférence de la mort souvent violente et imminente à sa condition. Quel triste message ! Les raisons d’un tel choix doivent être  identifiées, compris pour qu’il ne se perpétue pas. Le suicide n’est pas un acte anodin.

Monsieur le Maire, un collaborateur dont les prérogatives ne valent rien que le titre, qui n’a pas accès à celui qui le nomme, qui n’est pas écouté par ses collaborateurs, qui se sent méprisé et inutile vit un calvaire qu’il finit par gravir.

Sans nul doute, vos actions néfastes sont pour quelque chose dans le suicide de Souleymane.  Quelles que fussent les raisons pour lesquelles  il s’est donné la mort, le Maire que vous êtes aurait dû se rendre dans sa famille pour lui exprimer votre compassion. Il fut votre collaborateur, un de vos  grands soutiens,  un membre de votre parti politique,  un citoyen de votre commune. En vous refusant  toute présence dans sa famille pour y présenter vos condoléances, vous montrez le mépris que vous n’avez cessé d’avoir à son égard.  Ce ne serait pas trop si je vous dis que vous méprisez la jeunesse de l’UFDG et celle de la commune que vous dirigez. Nul  besoin de vous rappeler que Souleymane Diallo était aussi un membre actif du CNJ-UFDG, du bureau fédéral de Ratoma 1 et un citoyen respecté de Ratoma pour son éducation. Au-delà de sa personne, il faudra admettre que vous méprisez les jeunes et êtes indifférent à ce qui les touche et insensible à l’épreuve qui frappe vos collaborateurs. Votre acte est inhumain et montre que vous n’êtes pas attentif aux cris de cœur de ceux placés sous votre administration.

Monsieur le Maire,

Comment avez-vous pu ne pas être affecté par ce drame ? Comment avez-vous pu être insensible à la mort tragique de Souleymane que vous connaissez bien et qui vous a toujours renouvelé son soutien ?

J’espère que l’UFDG en tirera toutes les conséquences. Il est évident qu’il existe un fossé entre vous et les citoyens de votre commune. Pour la prochaine élection communale, il serait souhaitable de ne plus préférer Monsieur Issa Soumah aux jeunes du parti de Ratoma dont les compétences, valeurs humaines sont indéniables et surpassent celles du présent Maire. Comme il est méprisant vis-à-vis de la jeunesse du parti, insensible à ses peines, alors nous lui rendrons la pièce de sa monnaie.

Si je me suis résolu à rédiger cette lettre ouverte, c’est que je veux rester fidèle aux valeurs pour la défense desquelles je me suis engagé en politique. Si j’ai choisi de m’engager auprès du Président Cellou Dalein Diallo et que je me bats pour qu’il soit Président de la Guinée, c’est que j’ai la ferme conviction qu’il sera le Président de la réconciliation nationale,  du décollage  économique de notre pays, de la justice et surtout de la défense humaine. J’ai toujours trouvé en lui un homme plein d’humanité et de compassion envers tous, même ceux qui le combattent injustement. Quand un de ceux à qui il a placé sa confiance et que nous avons défendu la candidature manque d’humanité envers un des jeunes du parti, un de ses collaborateurs, membre de la structure juvénile du parti, alors  un sentiment d’indignation m’envahit. C’est celui-là que j’ai bien voulu exprimer dans cette lettre ouverte  qui est une invite à la compassion, à la gratitude et aussi à l’humanité autant de valeurs qu’enseignent le Président Cellou Dalein Diallo.

Mohamed Bakary Keita

Citoyen et ami de notre regretté Souleymane Diallo

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