Recrudescence du viol à labé : pourquoi le mutisme des victimes et leurs parents ?

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Le phénomène de viol, notamment sur les mineurs, a pris une certaine ampleur en moyenne Guinée malgré les sanctions prévues par le code pénal guinéen et les multiples sensibilisations faites par les autorités et les organisations non gouvernementales.

Autrefois connue pour son implication dans la religion islamique, le respect et l’hospitalité, la région de Labé fait face, de nos jours, à une progression de la pratique de viol. Toutes les catégories d’âges (enfants, adultes et vielles femmes) sont touchées.

Du 1er janvier au 20 décembre 2019, le service chargé du genre à la Préfecture de Labé n’a été informé de 19 cas de viol dans sa juridiction. Un chiffre jugé très peu au regard de la recrudescence du phénomène. Mais, beaucoup de victimes et/ou leurs parents, à cause de certains pesanteurs socio-culturels, ne déclarent pas les cas.

« Pour la société où nous vivons, la victime d’un viol et sa famille sont toujours confondues à l’auteur. La société a tendance à responsabiliser ces derniers, ce qui peut aboutir à la banalisation ou à la minimisation du crime. C’est pourquoi, le regard social a tendance à aboutir à un rejet social. Ainsi, la honte attachée à ce phénomène entraine le silence de la victime et de sa famille» a expliqué une jeune femme ayant requis l’anonymat.

Dans le même ordre d’idées, Mariama Ciré  Diallo, coutirère de profession, a tenté de donner une explication sur les raisons du refus des victimes et les parents de déclarer les cas de viol au niveau des autorités ou des services spécialisés.

«Les cas de viol ne finissent pas actuellement. Mais si vous constatez que certaines se taisent, c’est parce que la victime d’un viol peut avoir toutes les difficultés du monde pour se marier. Et s’il s’agit d’une femme mariée, elle peut même perdre son foyer. Personnellement, j’ai vu des cas pareils ici même à Labé. C’est pourquoi certaines préfèrent garder pour soi-même et continuer seule à vivre avec » a-t-elle indiqué.

Interrogé sur les conséquences psychologiques et sanitaires que le viol peut causer à la victime, Docteur Ibrahima Sory Diallo, Gynécologue au service de la maternité à l’hôpital régionale de Labé, cite les risques d’infection, le traumatisme, la dépression, la perte de l’estime de soi, entre autres.

« Le viol peut entraîner chez la victime l’isolement, le traumatisme, la dépression, la perte de l’estime de soi, la phobie de l’homme. Elle pourrait s’exposer à des risques d’infection sexuellement transmissibles, d’hemoragie, de lésions vaginales, d’infirmité permanente, de fustile,  de stérilité et de grosse non désirée», cite-t-il.

En vue de mettre fin à ce phénomène, qui gangrène la société guinéenne, en général, et celle de la moyenne Guinée, en particulier, plusieurs ONG féminines évoluant sur le terrain multiplient les actions de sensibilisation.

« Cette triste réalité nous préoccupe vraiment. Mais pour que la donne change, nous devons lutter pour que la honte change de camps, c’est-à-dire que la honte soit pour l’auteur du viol et non la victime. Aussi faire prendre conscience à la victime et à sa famille de briser le rideau du silence. Ainsi si tout le monde se donne les mains, nous allons réussir» a exhorté Kadiatou Diallo, présidente de l’ONG ‘’ Agir pour le Droit Féminin’’ (ADF).

Assiatou Baillo Diallo

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