L e Tribunal criminel de Dixinn a consacré la journée de ce jeudi 18 décembre 2025 à l’audition du colonel Bienvenu Lamah, poursuivi pour des faits de meurtre, viol, torture et enlèvement en lien avec les événements du 28 septembre 2009.
Comparu assis, l’officier de gendarmerie a longuement développé sa ligne de défense, marquée par un rejet catégorique des accusations portées contre lui.
Dès l’entame de sa déposition, le colonel Lamah a nié toute implication dans les exactions commises au stade de Conakry.
Il a notamment contesté les allégations selon lesquelles des recrues issues du centre de formation de Kaléah auraient participé aux violences.
Selon lui, cette thèse ne repose sur aucun fondement factuel. Il a également réfuté avoir dirigé l’École nationale de gendarmerie de Kaléah à l’époque des faits, précisant que ses fonctions ne correspondaient pas à celles qui lui sont aujourd’hui attribuées.
Au cours des débats, l’accusé est revenu sur les circonstances de son renvoi devant le tribunal, rappelant qu’il avait initialement bénéficié d’une ordonnance de non-lieu. Il a expliqué que la reprise des poursuites ferait suite aux déclarations d’autres accusés lors de l’ouverture du procès en septembre 2022.
A ce titre, il a directement mis en cause Aboubacar “Toumba “ Diakité, ancien aide de camp du capitaine Moussa Dadis Camara, estimant que les accusations formulées par ce dernier seraient à l’origine de sa mise en cause judiciaire.
Le colonel Lamah a également évoqué l’échec d’une confrontation sollicitée durant l’instruction, affirmant que Toumba Diakité aurait refusé de se présenter devant le juge.
La journée a aussi été marquée par une discussion approfondie autour des recrutements opérés sous le régime du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD).
Pour appuyer sa défense, le prévenu a soutenu que les recrues citées dans le dossier relevaient d’autres centres d’instruction, notamment le CIAM, et non de Kaléah. Il a produit des arrêtés d’incorporation et invité le tribunal à se fonder sur les documents administratifs plutôt que sur des témoignages qu’il juge infondés.
Dans la suite de sa déposition, le colonel Bienvenu Lamah a élargi ses mises en cause en évoquant le rôle de l’ancien ministre de la Défense nationale, le général Sékouba Konaté.
Selon lui, la manifestation de la vérité nécessiterait l’audition de ce dernier, qu’il considère comme un acteur central dans l’organisation des recrutements et dans l’orientation de certains protagonistes du dossier.
L’accusé a par ailleurs dénoncé son maintien en détention, estimant ne plus avoir sa place dans la procédure après le non-lieu initialement prononcé, en évoquant ce qu’il considère comme une manœuvre politique, liée, selon ses propos, à son appartenance ethnique, affirmation qu’il a présentée comme un élément explicatif de sa situation actuelle.
Enfin, le colonel Lamah a déclaré avoir renoncé à toute contestation procédurale afin de comparaître devant le tribunal criminel et s’expliquer publiquement.
Bienvenu Lamah a demandé aux juges de statuer exclusivement sur la base des faits et des éléments matériels versés au dossier, réaffirmant son innocence et sa volonté de faire face aux débats.
Alpha Ibn Boubacar Diallo


