Présidentielle au sénégal : la candidature de sonko compromise

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L a Cour suprême sénégalaise a confirmé, jeudi 4 janvier, juste avant minuit la condamnation de l’opposant emprisonné Ousmane Sonko à six mois de prison avec sursis pour diffamation. L’annonce a été faite par le juge Abdourahmane Diouf et confirmée par deux avocats de l’opposant, candidat déclaré à la présidentielle du 25 février, et personnage central d’un bras de fer de plus de deux ans avec l’Etat qui a donné lieu à plusieurs épisodes de troubles meurtriers.

« On a confirmé la peine et les dommages et intérêts. Sonko a perdu sur toute la ligne. Il est maintenant totalement interdit de participer à une élection », a réagi après la décision l’avocat de l’Etat, El Hadji Diouf. Les avocats de M. Sonko ont esquivé la question concernant l’éligibilité de leur client alors que cette condamnation est perçue comme l’excluant de la compétition électorale de février. Le Conseil constitutionnel devrait trancher la question prochainement.

Ousmane Sonko, 49 ans, troisième lors de la présidentielle de 2019, était poursuivi par le ministre du tourisme, Mame Mbaye Niang, pour diffamation, injures et faux. Il avait été condamné en mars, en première instance, à deux mois de prison avec sursis et 200 millions de francs CFA (300 000 euros) de dommages-intérêts. En appel au mois de mai, et en l’absence de M. Sonko, la justice avait durci la peine de prison en la portant à six mois avec sursis.

Plus de douze heures de débats

Après plus de douze heures de débats, la Cour suprême a confirmé cette peine donnée en appel, ce qui compromet fortement les chances de l’opposant de participer au scrutin présidentiel. La décision de la Cour suprême clôture cette affaire.

Le camp d’Ousmane Sonko avait retrouvé l’espoir en une candidature de leur chef de file après qu’un juge a ordonné, à la mi-décembre, sa réinscription sur les listes électorales, confirmant une décision rendue en octobre par le tribunal de Ziguinchor (Sud) qui avait été cassée par la Cour suprême. Il a été investi dimanche par sa coalition pour la présidentielle dans un lieu privé, à huis clos, après l’interdiction par les autorités du meeting public prévu samedi.

Malgré le refus de l’administration de délivrer à M. Sonko les documents nécessaires, l’opposant a fait déposer son dossier de candidature au Conseil constitutionnel. Son mandataire doit passer vendredi devant la commission de contrôle des parrainages de la juridiction.

Condamné dans d’autres dossiers

Mercredi, cet organe a validé le dossier d’Habib Sy, un candidat du même bord politique que M. Sonko, qui a promis de se désister si le leader de sa formation peut se présenter. Un autre plan B de sa formation dont le dossier a été examiné jeudi, Bassirou Diomaye Faye, doit régulariser sa situation concernant ses parrainages pour participer au scrutin.

« Ce procès est la balle de match. On est tenus par les délais », avait déclaré à l’audience Cheikh Khoureyssi Ba, l’un des conseils de l’opposant. « Cette affaire est une opération de liquidation politique d’un adversaire, avec un chronogramme où on compte les jours pour dire que telle personne ne participera pas à l’élection présidentielle. Monsieur le président, j’espère que cette commande politique ne passera pas devant vous », avait estimé Massokhna Kane, en clôturant la plaidoirie des avocats de M. Sonko.

Dans une autre procédure, M. Sonko a été déclaré coupable, le 1er juin, de débauche de mineure et condamné à deux ans de prison ferme. L’opposant ne s’était pas présenté au procès et a été condamné par contumace. Il est emprisonné depuis la fin de juillet sous d’autres chefs d’inculpation, dont appel à l’insurrection, et dénonce toutes ces affaires comme des complots visant à l’écarter de l’élection présidentielle.

Avec AFP

 

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