Comme elle l’avait annoncé, l’opposition a de nouveau organisé ce lundi une marche funèbre en hommage aux quatre victimes de la manifestation de mercredi dernier. Et à l’occasion notamment de la levée des corps, à la morgue du CHU Ignace Deen, situé dans la commune de Kaloum, dans une atmosphère empreinte d’émotion et de consternation, Cellou Dalein Diallo a dénoncé l’impunité dont bénéficieraient les auteurs des meurtres ciblant les partisans de l’opposition. Une impunité qui, à l’en croire, serait doublée d’une indifférence de l’Etat qui pousserait les services de sécurité à sévir, sans crainte d’aucune sanction.
Se prêtant aux questions des journalistes, au terme des prières et bénédictions pour le repos des âmes des disparus, le leader de l’UFDG a tout d’abord fait part de sa tristesse : « Je suis triste de voir des citoyens innocents arrachés arbitrairement à l’affection de leurs proches, alors qu’ils n’ont rien fait. Ils ne faisaient à la limite qu’exercer un droit constitutionnel, celui de manifester. Je suis triste parce que ce n’est pas le premier, 90 autres citoyens avant eux ont été victimes de la barbarie des forces de l’ordre et de la complicité des gouvernants qui n’ont jamais cru devoir prendre des dispositions pour que des enquêtes sérieuses soient menées à l’effet d’identifier et de déférer devant les tribunaux, les responsables de ces crimes odieux. Je suis triste pour notre pays que cette impunité accordée par monsieur Alpha Condé aux criminels, continue d’entrainer la récidive parce que l’impunité encourage le crime ».
Dans la foulée, le chef de file de l’opposition a dit adresser un message au chef de l’Etat : « M. Alpha Condé doit se considérer comme président de tous les Guinéens et veiller à ce que tous les citoyens de ce pays bénéficient de la protection de l’Etat. Pourquoi les militants de l’opposition en sont privés de manière récurrente depuis 2011 ? On tue, on blesse, on paralyse, on emprisonne les militants l’opposition injustement et arbitrairement. Il faut qu’on mette fin à ça. Aujourd’hui, il y a eu 4 morts, le gouvernement ne s’est jamais ému, n’a jamais cru devoir prononcer même une sanction administrative contre les responsables de la police ou ceux de la gendarmerie. »
Interrogé à propos du remède permettant de mettre fin à cette spirale effroyable, Cellou Dalein Diallo préconise la fin de l’impunité : « Le cas de Djakariaou Diallo, la première victime d’Alpha Condé, le 3 Avril 2011, s’il avait eu le traitement judiciaire qu’il fallait, avec une publicité suffisante, on ne serait pas à 94 morts aujourd’hui. Les policiers, les gendarmes qui sont équipés par l’argent du contribuable auraient réfléchis en pensant au risque de privation de liberté, de perte d’emploi, de radiation, avant d’agir. Ils n’auraient pas fait usage de leurs armes à feu si une sanction était attendue. Mais ils savent que lorsqu’ils tuent un militant de l’UFDG, un citoyen de Ratoma, ils ne risquent aucune sanction »
S.Fanta