Mois de l’enfant : violations constantes des droits des enfants en guinée

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Chaque année, le mois de juin est consacré aux enfants en Guinée et dans le monde. La célébration des festivités a été lancée le 6 juin dernier à Conakry. Tout ce mois sera mis à profit pour se pencher sur la problématique des droits des enfants, les acquis obtenus et les défis à relever.


En Guinée, la protection du droit des enfants peine à être effective. Cette couche est victime de toute sorte d’abus (exploitation, maltraitance, viol, abandon, etc..).

À Conakry, l’exploitation des enfants se passe au vu et au su de tous. Les voies et artères publiques sont envahies par des tout-petits vendant des articles divers. Ils sont soit dans les grands carrefours où ils se faufilent entre les voitures.

« Je vends le savon-là pour mes parents. C’est l’approche de la fête de ramadan, l’argent va servir à m’acheter des habits de fêtes », explique Aissatou Diallo, âgée de 13 ans et élève en classe de 8ème année au collège, rencontré au marché de Matoto. Elle admet qu’elle court des risques en vendant entre les voitures, mais dit n’avoir pas le choix : « Je connais qu’il y a des risques, mais je le fais pour moi et pour aider mes parents ».

Tout ce mois de juin est dédié à la cause des enfants. Aissatou Diallo, a-t-elle une fois entendu parler du mois de l’enfant ? « Je n’en ai jamais entendu parler », répond-elle.

Ces enfants dont l’âge varie entre 5 et 17 ans se retrouvent dans la rue faute de moyens disent-ils. « Je suis là pour chercher de quoi manger. Ça me met à l’abri du vol et me fait éviter de créer des problèmes à mes parents qui sont pauvres », se défend Mohamed Souaré, élève en classe de 5ème année, rencontré sur la décharge de Dar-es-salam dans la commune de Ratoma. « Ce que je gagne ici, je le donne à ma mère. Je fais cette activité parce que c’est les vacances » explique cet enfant en quête d’objets recyclables dans le grand dépotoir d’ordures de Conakry.

Mohamed Souaré profite pour s’apitoyer du sort de ses parents, sommés par le Ministère de la Ville et de l’Aménagement du territoire de quitter les alentours de la décharge de Dar-es-salam : « Je demande aux autorités d’arrêter de démolir les maisons de nos parents qui habitent ici. Elles n’ont qu’à trouver une autre solution pour faire quitter les ordures. La saison hivernale s’annonce et nous n’avons nulle part où aller. Nous sommes pauvres, aillé pitié de nous ».

Au dépotoir d’ordures de Cosa dans la commune de Ratoma, Emmanuel Grat recherche aussi des ferrailles pour se faire occuper pendant cette période des grandes vacances. « Je suis venu aider mon ami pour un travail. Nous ramassons des objets ferriques, puis nous les revendons pour gagner 20.000 GNF » raconte Emmanuel Grat, élève de 4ème année.

Cette année, pour la célébration du mois de l’enfant, la Guinée a choisi comme thème national ‘’La protection de l’enfant au cœur de la stratégie des communes de convergence des droits de l’homme ». Des ONG de défense des droits des enfants demandent plus d’implication de l’État pour que la protection et la promotion des droits de cette couche vulnérable soient effectives. « C’est vrai que des efforts sont en train d’être consentis, mais la situation de la prise en compte des enfants reste encore un chantier, affirme Moussa Yéro Bah, activiste et présidente de l’ONG Femme Développement et Droits Humains. Il y a beaucoup de travail à faire notamment dans le domaine de l’éducation, la construction des infrastructures scolaires, la lutte contre l’exploitation des enfants, le viol des mineurs ».
L’ONG Femme Développement et Droits Humains se bat pour la lutte contre le viol des mineurs, un phénomène qui a pris de l’ampleur dans la société guinéenne. « Sur le volet protection de l’enfant, notre ONG se focalise beaucoup plus sur les cas de viol sur des mineurs. C’est une préoccupation qui nous a vraiment touché ces derniers temps en Guinée. On voit que malgré le travail qui est en train d’être fait, le phénomène ne s’arrête pas » déplore Moussa Yéro Bah qui met en cause l’impunité.
Face aux violations récurrentes des droits des enfants en Guinée, Moussa Yéro Bah recommande la révision du code de l’enfant qui garantit leur protection.

Kadiatou Kouboura Baldé /Bernard Koundouno

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