Hypocrisie africaine: la politique du ventre dans sa pratique prédatrice

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Les contingences économiques et politiques déterminent les intérêts en Afrique. Souvent , l’autre , celui en mauvaise posture est présenté comme « l’homme à abattre ». Tout explique la nature indifférenciée du pouvoir en Afrique. L’on croit que les changements escomptés par le peuple ne seront souvent que l’oeuvre de quelques « technocrates » ou grands fonctionnaires de l’Etat ou d’institutions extérieures. Le développement est avant tout mental. J’expose dans cet petit texte ,  la consubstantialité évidente de la corruption et de l’opportunisme dans le fonctionnement affairiste  des administrations publiques africaines. Une faible différenciation du pouvoir politique qui porte en germe le virus de l’éternelle déliquescence de nos institutions étatiques .

1- Dans les moments de difficultés :  » c’est un vaurien … »

Ils sont très peu ceux qui te soutiennent en Afrique. Lorsqu’un politique sort du schéma habituel (« Politique du ventre ») , vous entendez des expressions du genre : « Il perd son temps…C’est un fainéant…Il lutte pour une cause à peine perdue…Il va se faire écraser par des forces occultes comme une mouche…Au lieu de chercher à gagner son pain et à la fermer comme les autres etc… ». Généralement, ce schéma relève de l’entourage immédiat du politique.

2- Dans les moments de succès: « la victoire a beaucoup de pères…. »

Lorsque le « fainéant » atteint son objectif ,  c’est à dire que lorsqu’il arrive en position politique dominante et légitime , les discours varient. Il devient l’enfant béni des uns , le héros des autres. Le jour de sa consécration (nomination ou élection) son domicile est rempli de courtisans venus de tous les milieux. Ainsi , ceux qui ne l’ont jamais soutenu par le passé vont prétendre diriger son action et même exiger des traitements préférentiels. Ceux qui  ne l’ont jamais soutenu par exemple vont l’inviter à se débarrasser de ses anciens compagnons et de tous ceux dont le soutien fut déterminant pour lui et la cause défendue. Ceux-là seront traités comme « les autres » , des non prioritaires. S’il n’est pas avisé, il subit une inversion de valeurs et de finalité.

3- Dans les moments d’échec: « …et la défaite est orpheline »

Quand le politique tombe en disgrâce ,  il n’y aura pas d’appels ce jour pour le consoler.  Sa concession sera vide, et ne seront là que ses vrais amis et proches. Les mêmes vautours et autres sangsues  qui rodaient autour de lui diront : « Oh ! ce vaurien n’a rien fait pour nous…Il a été ministre ou directeur, il n’a rien fait pour nous … » Entendez par là qu’eux auraient souhaité que l’Etat soit au service de l’individu et de son petit groupe de personnes (système de patrimonialisation) .

Le président du Ghana,  Jerry Rawlings ,  est celui qui a réussi à dévier les pièges du système « néo-patrimonial » ( S. Eisenstadt)  des Etats africains pour donner une véritable image de pays respectable au Ghana .  Faut-il rappeler que c’est le pays que le président Barack Obama visita dès son élection car pour lui le Ghana est un exemple de pays démocratique africain avec des institutions très fortes.  Et cela, le Ghana le doit à un homme, le capitaine Jerry Rawlings , le disciple de NKrumah .

Le renouvellement politique tant souhaité par beaucoup de guinéens devrait se construire sur la base de réflexions très approfondies et non approximatives. C’est d’un véritable « processus de dépatrimonialisation  » (M. Weber) de notre administration, esclave d’une bureaucratie malhonnête et tentaculaire,  que nous pourrons espérer un changement réel porteur de progrès et de justice sociale.

Par Dramane Diawara

 

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