Libération des leaders du fndc : que le principe démocratique soit respecté (analyse)

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D epuis quelques mois, la Guinée et son peuple sont  pris  en otage par deux blocs qui se contredisent au sujet de la Loi Fondamentale. Il s’agit du FNDC et de la CODENOC.

Réunis au sein du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), les opposants de la Nouvelle Constitution,  issus des partis politiques et de la société civile, sont souvent inquiétés dans leur démarche. Ils enregistrent des cas de morts lors des marches pacifiques organisées pour exprimer simplement leur opposition à l’idée de modification ou de changement de la Constitution en vigueur, des arrestations, des intimidations, bref toutes les manœuvres sont mises en place par les autorités administratives et locales pour étouffer leur mouvement.

Or, pour ces acteurs du FNDC,  accepter un tel projet, c’est de cautionner un 3ème mandat pour le   Président Alpha Condé, qui est à  son 2eme et dernier mandat constitutionnel.

Justement, les juristes constitutionnalistes défendent que lorsqu’il s’agit de l’adoption d’une Nouvelle Constitution, le compteur sera bel et bien à ‘’zéro ‘’. Ce qui veut dire donc que le Président,  après avoir exercé son mandat  en cours, aura la possibilité de se représenter à sa propre succession puisqu’il s’agira d’une Nouvelle République (la 4eme).

Le FNDC a compris ce jeu depuis la nuit des temps. Ces leaders, en l’occurrence Abdourahmane Sanoh, Ibrahima Diallo, Bill de SAM, Sékou Koundouno, Aliou Koné, Elie Kamano, entre autres, n’ont pas hésité à se faire arrêter  par les services de sécurité sous prétexte que leur marche du 14 octobre dernier  était interdite dans des conditions qui laissent à désirer.

En premier instance, ils ont été condamnés à de lourdes peines pour trouble à l’ordre public, selon les chefs d’accusation  présentés par le Procureur de la République.

Malgré tout, le FNDC a continué et continue par tous les moyens pour se faire  entendre. Les marches ont été plusieurs fois organisées sur l’autoroute Fidel Castro ainsi que sur la route Le Prince, avec à l’appui  des boutiques et magasins fermés, paralysant ainsi les activités économiques du pays.

Mais en réalité, est-il interdit de toucher à la Constitution d’un pays? La réponse c’est non !  Elle doit refléter l’envie du peuple. Elle doit se conformer à l’évolution démocratique du pays. Elle doit s’adapter aux réalités socioculturelles du peuple.

A vrai dire, les questions que tout le monde devrait se poser étaient de savoir ce qui devrait être changé dans l’actuelle Constitution ? Qu’est ce qui devrait être intégré dans la future Constitution ? Comment la démocratie pourrait être pérennisée ? Hélas ! En lieu et place d’un vrai débat, c’est la foule qui est drainée dans la rue.

Au même moment, les promoteurs de la Nouvelle Constitution, réunis au sein de la Coalition pour une Nouvelle Constitution (CODENOC) s’est déchaînée dans une campagne sans précédent dans le pays. Cette autre plate-forme est en majorité composée des ministres de la République et de hauts  cadres  de l’administration.

Le Président de la République soutient même leur démarche. Pour preuve, c’est avec la CODENOC que son accueil a été organisé après sa tournée en Europe, notamment à N’Zérékoré, Kankan, Siguiri, et même à Conakry, comme pour dire que la CODNOC est libre de ses mouvements sans s’être inquiétée, contrairement aux membres du FNDC.

La logique voudrait à ce qu’on laisse chaque bord jouir de ses droits malgré les divergences idéologiques, au risque de radicaliser les positions des uns et des autres.

En tout cas, après avoir passé plus d’un mois à la maison centrale de Conakry, les leaders du FNDC sortent en ‘’ héros’’, avec cette libération ‘’ provisoire’’. C’est ça aussi le résultat de l’injustice.

Qui pour citer une seule personne dans les rangs des promoteurs de la Nouvelle Constitution qui a fait la prison pour avoir exprimé son souhait? Personne, c’est donc du deux poids deux mesures !

De toute évidence, il est à reconnaitre, d’une manière ou d’une autre, que le FNDC et la CODENOC réussissent à faire des mobilisations ‘’ grandeur nature’’, qui est d’ailleurs en passe de devenir une façon pour les uns et les autres de jauger leur ‘’ popularité’’.  Et cela sans tenir compte d’énormes ‘’ pertes’’ que ces manifestations font subir à l’économie du pays.

Il est donc temps que le Président de la République sonne la fin de cette ‘’ pagaille’’, en indiquant clairement sa position et de façon officielle.

Le peuple de Guinée s’impatiente !

Mata Malick Madou

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