Le conflit de générations entre jeunes et moins jeunes ne date pas de ce siècle. Socrate, au 5ème siècle avant J.C, s’indignait déjà sur le sujet : « Notre jeunesse est mal élevée, elle se moque de l’autorité et n’a aucune espèce de respect pour les anciens. Nos enfants d’aujourd’hui ne se lèvent pas quand un vieillard entre dans une pièce, ils répondent à leurs parents et bavardent au lieu de travailler. Ils sont tout simplement mauvais ».
Cette polémique est-t-elle d’actualité ?
En République de Guinée, vous avez deux cas : d’un côté, les ainés qui reprochent aux plus jeunes leur manque formation et les accusent d’être incapables de se mobiliser pour se tirer d’affaire ; de l’autre, les jeunes reprochent aux « anciens » de leur avoir laissé un pays dans un état exsangue ou encore dénoncent leur « cramponnement » à leurs places.
La massification scolaire a permis aux jeunes, dont plusieurs diplômés, de prétendre à des fonctions nettement plus élevées. Les plus âgés semblent avoir du mal à laisser leur place aux « enfants ». Pas plus indignant pour les jeunes que de les infantiliser : façon subtile de les disqualifier et de les tenir à l’écart.
La question de renouvellement de la classe politique se pose avec acuité. Elle pose un autre constat : le désintérêt pour politique d’une certaine frange de la jeunesse. Est-ce une réaction à leur exclusion du jeu politique ?
L’analyse objective suppose qu’il ne faut pas inscrire les générations dans une relation conflictuelle. Evoquer un éventuel conflit de générations semblerait relever plus de l’imaginaire que de la réalité sociale guinéenne.
La réalité guinéenne est encore plus que complexe. Si les avis semblent se généraliser sur la question, il n’en demeure pas moins que le problème guinéen relève d’un déficit de justice sociale, de répartition équitable des richesses et d’application de modèles politiques adéquats à la réalité guinéenne (sans pour autant occulter le côté universel de tout progrès ou de toute révolution quelle que soit sa nature).
Ces quelques réflexions (im) pertinentes seront, je l’espère, des pistes de réflexions sur les questions d’actualité de notre société. De quoi se risquer à une thèse de recherche !
Dramane Diawara
Conseiller politique de Siaka Barry
