Guinée : pays ingouvernable ? (par mamadi dioubate)

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D ialogue national, C’est mon premier désaccord avec le ministre Mory Condé.

Je pense qu’il a fait exactement comme Alpha Condé à son arrivée au pouvoir, une organisation laconique et après circuler il n’y à rien voir, nous sommes réconciliés.

Le choix des hommes, n’est pas bon.

Prenons le cas Bah Oury, c’est quelqu’un qui n’a pas connu de près la première République, il était au Sénégal et après en France.

Seuls la presse ou les on dit lui donnaient des informations sur le pays.

Quant aux religieux, absorbés et pris par la prière et la conduite religieuse des fidèles, la démarche politique leur échappait.

Que fallait-il faire ?

A priori, en ce qui concerne la 1ère République, il fallait demander les archives sur la Guinée à la France. Si non, il faut se baser sur des documents de télévision française parlant de la décolonisation de l’Afrique francophone. Ces documents doivent être étudiés par des historiens guinéens et africains, pour éviter toute contestation, car en Guinée, personne n’a confiance à personne. Cela s’est illustré lors de l’élection présidentielle de 2010 , nous avons été obligés de prendre un malien pour diriger notre CENI.

Aussi, certains tenant du pouvoir de l’époque sont encore vivants, tels que le doyen N’Faly Sangaré, Elhadj Ibrahima Fofana, des témoins oculaires et ex ambassadeurs et cadres.

En face, il y a les personnes qui ont animé l’opposition guinéenne à l’extérieur et à l’intérieur, qui pourraient intervenir et expliquer leurs impacts sur la vie nationale.

Situer, l’environnement de l’époque avec la division du monde entre deux (2) blocs antagoniques, la naissance d’un 3ème groupe, les « Non alignés ».

Si les débats ont lieu avec une rigueur et présidés par une personne  dotée d’une éthique reconnue et respectée, je crois que l’issue engendrera un consensus allant dans le sens d’un rassemblement républicain.

Bien sûr, il y aura une minorité bruyante, voulant à tout prix falsifier l’histoire de notre pays en distillant par-ci et par là des informations incendiaires.

Pour faire cela, il faudrait du temps de préparation et du personnel qualifié.

Monsieur le ministre Mory Condé, doit éviter de prendre souvent les personnes qui font du bruit, ou qui se donnent des pouvoirs qu’elles n’ont réellement pas, n’ont participé à rien dans ce pays, pour indiquer un chemin différent de celui de l’ambiance générale.

L’histoire d’un pays, c’est l’histoire de nous tous.

Cette histoire, doit construire l’avenir de notre pays, car l’homme avec le monde qui l’entoure est une tâche à réaliser, un immense réservoir d’avenir.

Afin d’éviter les erreurs du passé, soyons rigoureux dans tout ce que nous faisons.

Actuellement dans notre pays, des jeunes désœuvrés et n’ayant aucune perspective et à chaque manifestation lancent des cailloux et des bouteilles sur les usagers de la route, pourrons-nous continuer ainsi ? D’autres se noient dans la traversée de la Méditerranée pour l’Occident.

Notre pays a connu l’adversité de la France dès l’indépendance, c’est pourquoi la rigueur doit accompagner tout ce que nous faisons.

En 1991, nous avons fait comprendre au Général Lansana Conté que son discours de l’indépendance n’allait pas dans le sens de l’histoire, qu’il faudrait qu’il accepte le multipartisme, faute de la conférence nationale, car nous avons compris qu’il ne pouvait pas se juger.

Si nous créons un cadre de débat sain et sortir de l’injure qui est loin d’être un argument politique, nous pourrons débattre de manière civilisée. Tout dans l’existence est en fonction de l’avenir.

Le passé est un champ de souvenirs, l’avenir est un faisceau de projet, de possibles, d’espérances, de liberté, car nous avons à choisir entre des possibles ou à en créer d’autres. Des défis immenses nous attendent dans ce pays, il faudrait que nous en parlions et cherchions les voies et moyens que certaines situations nous arrivent : l’intégrisme religieux, l’éducation des jeunes, surtout des jeunes filles qui sont précocement livrées aux prédateurs, l’exploitation des jeunes filles par certaines femmes, la sécurité, la santé …

La lutte contre la corruption qui gangrène notre pays doit faire l’objet d’un débat fort, envisager même la mise en place d’un tribunal mixte composé de magistrats professionnels, de policiers, de militaires et de sages.

Une histoire totale ne peut être qu’une histoire de possibles humains, la recherche et la reconquête des dimensions perdues de l’homme à travers les occasions perdues de l’histoire.

De ce point de vue, l’important est de  souligner qu’à chaque époque de l’histoire, plusieurs possibilités étaient ouvertes et qu’une seule s’est réalisée. En un mot nous ne pouvons défataliser l’avenir que si nous ne défatalisons l’histoire.

Jeune homme, je fus marqué par les pendaisons, émotif, pris de panique, j’ai adhéré à l’opposition guinéenne en Côte d’Ivoire, vraiment animé par ce que j’ai vu, cela jusqu’à la mort de Sékou Touré.

Cela m’a marqué et j’y ai fait des recherches pour comprendre.

A la vue d’un certain nombre de documents, de dialogue en France et au Portugal, j’ai évolué car l’histoire des hommes est dès fois violentes, Napoléon, en France, en renversant la révolution, a massacré plusieurs centaines de personnes et a rétabli la traite des Noirs. Aujourd’hui, la France fête Napoléon Bonaparte.

La Guinée, un petit pays, ne peut que tenir compte de l’histoire, retenir ce qu’il ne faudrait plus faire, pour construire l’avenir, tout en tenant compte que ce que nous avons subi de la part du colon français est sans précédent dans la sous-région.

L’avenir, nous ne devrons pas le découvrir comme Christophe Colomb a découvert l’Amérique, nous n’avons pas à le découvrir mais nous devrons l’inventer.

L’homme se définit que par son avenir, par ses possibles, nous ne pouvons que regarder notre histoire que du point de vue du futur.

Faisons tout ce qui nous est possible pour faire vivre nos morts politiques, parce que dans le calme et la paix, les morts ont un avenir. Il faut que nous nous disions que l’histoire n’est pas la cité des morts, la lente et inéluctable dérive d’un fleuve figé par le gel.

Nous devrions apprendre à prendre contact avec notre histoire et arrêter de dire des mensonges aux enfants, cela engendre des conflits.

Vive la Guinée et vive la république !

Que Dieu le Miséricordieux et l’Omniscient bénisse notre pays. Amin, yarabi !

Mamadi DIOUBATE

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