3 avril 1984-3 avril 2022 : les guinéens toujours dans l’expectative (par cherif haidara)

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25 mars – 3 avril 1984, alors que le Chef du Gouvernement de la République Populaire et Révolutionnaire de Guinée, Louis Lansana Béavogui, s’apprêtait à honorer ses responsabilités dans le cadre de la vacance du pouvoir consécutive au décès du Chef de l’Etat, Guide suprême de la Révolution, Ahmed Sékou Toure (AST), un groupe de hauts gradés de l’armée, avec à sa tête le Colonel Lansana Conté, fait irruption au sommet de l’Etat et s’empare du pouvoir.

La soldatesque suspend la Constitution, dissout le Parti unique et impose un Couvre-feu. La junte promet de favoriser la libre entreprise et de respecter les droits humains. Des accusations de racisme et de violations flagrantes des droits humains par le régime précédent sont mises à contribution pour justifier le coup d’État. Le 5 avril, le Colonel Lansana Conté s’auto-proclame PRG (Président de la République, ndlr) et crée le Comité Militaire de Redressement National (CMRN) composé de 18 membres. Conté tente alors d’accélérer le virage libéral dont les portes avaient été entrouvertes par AST à la fin de son règne.

Cependant, les motifs du coup d’Etat lui rattrapèrent aussitôt. Entre graves violations des droits humains, liquidation ethnique, bradage des biens publics, institution d’un système politico-économico-ethnique sauvage et mafieux, aggravation de la pauvreté et des disparités, inversion des valeurs, et chienlit au plus haut sommet de l’Etat; les Guinéens se sont butés à de biens tristes réalités.

Trente-huit (38) ans après sa mort, les Guinéens restent toujours coincés dans les limbes de l’histoire. Tantôt attachés aux valeurs de gouvernance vertueuse d’un dirigeant hors du commun, tantôt dans l’expectative d’une gouvernance démocratique idéale du pays ; mais plus jamais dans les méandres de l’absolutisme ou d’une démocrature imposée. Aujourd’hui le Comité national pour le rassemblement et le développement (CNRD, au pouvoir depuis le 5 septembre 2021, ndlr) risque de l’apprendre à ses dépens s’il ne contraste sa voie et singularise sa gestion tant de celle du CMRN que celle du CNDD (Conseil national de développement et de démocratie); car si une chose a, entre temps, changé, c’est bien l’évolution rapide des mentalités due aux technologies de l’information et de la communication (TIC) qui ont exponentiellement modifié nos façons de penser et surtout d’agir.

CHÉRIF HAÏDARA.

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