Guinée : l’etat sauvage

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I l a été donc atteint. Ce chiffre horrible, tristement célèbre et catastrophiquement rond. 100. Oui 100 âmes innocentes tuées dont la majorité à la fleur de l’âge. Pourquoi ? Parce qu’ils sont guinéens, parce qu’ils ont eu l’audace de sortir ce jour fatidique, parce qu’ils ont le toupet de chercher leurs pains quotidiens dans la seule jungle au monde où vivent des hommes. Parce qu’ils ont demandé à marcher dans un pays ou rien n’a marché.

 Ce pays où l’Etat a foutu le camp depuis de lustres risque à son tour de disparaitre par le fait d’un seul et unique homme : Alpha Condé. Ce ‘’professeur’’ de droit, devenu ennemi de l’Etat de droit et partisan de la chienlit a déclaré en 2011, qu’il a hérité d’un pays mais pas d’un Etat. Soit. Lui par contre, risque fort de partir avec le pays ou ce qui en reste.

En analysant très profondément le personnage du président Condé, l’observateur ne peut s’empêcher de voir le côté haineux de l’homme contre son propre pays. Il n’est pas exagérer non plus de se demander si ce pays est vraiment le sien. Car depuis son élection contestée à la magistrature suprême de la Guinée, Alpha fait tout pour semer le chaos. Il ne donne jamais de répit à ces compatriotes puisque ceux-ci n’ont jamais eu 5 mois de paix sous son magistère. 5 mois pendant lesquelles ils peuvent souffler. Non. Ils ne doivent pas avoir ce temps. Ce temps si précieux qui sert à réfléchir et qui leur permettra de voir combien ils se sont paupérisés, ce temps qui leur ouvrira les yeux sur le manque abyssal de services sociaux de base, sur le vol de deniers publics au zénith, la perversion de l’administration publique, la célébration de la médiocrité et le mépris de l’intelligence. Excusez du peu.

L’esprit des Guinéens est donc occupé par ces inutilités nourris depuis le sommet par le Fama. Il y veille au grain. Quitte à marcher sur l’unité nationale et broyer ce qui reste encore d’un tissu social en lambeau. Il pousse ce mépris jusque dans la chair du guinéen lambda en fermant les yeux et donc à encourager toutes sortes d’exactions et de bavures.

Depuis son arrivée, les tueries sont légions. De Galapaye à Zogota en passant par Mandiana et Boké, l’Etat tue ses enfants et l’opposition les enterre.

Quant aux cents victimes de l’axe, ils ne sont pas des Guinéens depuis que Jeune Afrique a créé la république de Ratoma. Bonjour François Soudan. Dans cette république de Ratoma où les pires sadiques parmi les sbires du président agissent en toute impunité, le chef du pays (paix à l’âme de l’Etat) remue le couteau dans la plaie en nommant Ansoumane Camara Directeur Général de la police nationale pile le jour où le nombre fatidique des cents morts est atteint. Le ‘’baffoeur’’ des lois de la république et l’éminence grise de l’Axe est ainsi récompensé pour tous ses excès dans la république de Ratoma et surtout pour l’innovation dont il fait preuve en misant sur une nouvelle tactique de ‘’maintien d’ordre’’ : le confinement. Cellou Dalein appréciera.

Le président a suffisamment montré aux guinéens qu’il les méprise. Dans sa verve contre ses concitoyens, aucune couche socioprofessionnelle n’est épargnée. « Il n’y a pas de journalistes en Guinée», «plus le mensonge est gros, plus le guinéen y croit», «les cadres malinkés sont des malhonnêtes», «même des chiens passeront sur cette route…» en faisant allusion à ses opposants lors de l’inauguration d’une petite brettelle de bitume entre Bambéto et Dar-es-Salam dans la commune de Ratoma, que dis-je, dans la république de Ratoma. Et j’en passe.

Pendant les moments les plus difficiles, il a purement et simplement ignoré son pays pour aller briller aux cotés des grands de ce monde. Pendant que la centième victime git dans son sang, le président se la coule douce chez Nelson, le vrai Mandela. En 2015, au plus fort de la crise sanitaire qu’a connu le pays lors l’épidémie d’Ebola, il a préféré être à Washington qu’auprès de son peuple. Les présidents sierra-léonais et libérien sont restés chez eux. La symbolique avait un sens à leurs yeux.

L’actualité n’est donc que la suite logique d’un processus qui fait ses preuves depuis le fameux ‘’empoisonnement’’ au palais du peuple en novembre 2010. Il faut que nous le comprenions. La haine est attisée par des hauts commis pyromanes qui narguent les organisations de la société civile comme le Balai Citoyen qui se bat pour traduire devant la justice ces incendiaires. Cette situation doit cesser immédiatement. Le silence n’est plus permis l’indignation sélective sur les réseaux sociaux ne suffit pas. Les voix les plus autorisées doivent ramener cette gouvernance ivre et arrogante à la raison.

Il revient aux Guinéens de réfléchir sérieusement et de voir qu’ils sont tous embarqués dans un seul navire à la dérive et que seuls les passagers qu’ils sont peuvent redresser le vaisseau.

A bâbord tous.

Alpha Oumar DIALLO

 

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