Guinée : le sort tragique de ces femmes

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Une  fistule obstétricale est une déchirure entre le vagin et la vessie ou le rectum. Elle a pour conséquence des pertes incontrôlables et involontaires d’urine. Chaque année, des milliers de femmes sont victimes de cette infirmité dans le monde. Un sujet tabou en Guinée qui entraîne souvent l’exclusion de la victime. Dans un complexe hospitalier de la commune de Ratoma, dans la capitale guinéenne Conakry, des jeunes femmes victimes de mutilations sexuelles se confient aux médecins dans l’espoir de pouvoir surmonter les humiliations et exclusions sociales dont elles sont victimes dans leur communauté. De la préfecture de Télémelé à Siguiri en passant par la région de Kindia, les témoignages des jeunes femmes démontrent l’ampleur des mutilations génitales en Guinée.
Elles sont quatre femmes ayant des fistules qui sont venus de l’intérieur du pays pour une prise en charge à l’hôpital Jean Paul 2 de Taouyah dans la commune de Ratoma à Conakry. Assises en attendant ‘appelle du medecin traitant, Chacune d’elles a en moyenne accouché 2 fois à domicile dont Kadiatou Camara. Elle a 25 ans et elle a développé une fistule en donnant naissance à son 8ème bébé. Elle se souvient de ses périodes difficiles de grossesse : « Parmi ces huit il ne me reste que trois je l’ai tous eu à la maison. C’est avec ce 8ème que j’ai plus souffert. C’est pourquoi je suis à l’hôpital pour des soins. Mais aujourd’hui je peux remercier Dieu » 
Opéré pour la 1ere fois en 2015 sans succès, Fatoumata doit une fois de plus subir une intervention chirurgicale. Elle témoigne : « j’ai deux enfants que j’ai accouchés toute seule auprès de ma mère. C’est avec ce troisième que j’ai développé cette maladie ».
Lamarana Diallo, aujourd’hui âgée de 20 ans a développé une fistule par son 3ème enfant décédé faute de structure sanitaire de proximité…« J’ai deux enfants que j’ai accouchés toute seule auprès de ma mère. C’est avec ce troisième que j’ai développé cette maladie ».
A ce jour Lamarana Diallo opte pour  des méthodes de contraceptions…« C’est toujours après l’accouchement que j’appelle ma mère, c’est avec celle-là que j’ai beaucoup souffert. C’est pourquoi même si l’on me conseil les méthodes de contraception pour m’empêcher de faire des enfants je vais accepter ». Yarie Soumah a été déclaré fistuleuse en 2015. Son mari l’abandonne après l’échec de sa  1ere grossesse elle garde de souvenir très douloureux…« Je suis marié mais depuis que j’ai développé cette maladie, mon mari m’a répudiée avec mon premier bébé décédé. J’ai eu très mal le dimanche. On m’a transporté à Sangarédi. Mon père et ses frères m’ont soutenu pour l’achat des produits. C’est ainsi que j’ai été admise au bloc opératoire. L’enfant était un garçon mais il est décédé par la suite » 
Mahawa Diawara vient de Siguiri, sa douleur n’est pas que physique. Elle est aussi psychologique. « Quand tu as cette maladie tu ne vas ni au baptême ni dans aucune autre cérémonie sociale. C’est pourquoi je prie que cette maladie ne se détecte chez aucune femme. Qu’elle se limite à moi » dixit Mahawa Diawara. Apres investigation, toutes ces 4 femmes ont été mariées entre 14 et 17 ans.
M’Mawa Diawara est la seule à suivre son traitement sur les 17 fistuleuses venant de Boukaria dans la préfecture de Siguiri. Elle a perdu 2 enfants dans les accouchements à domicile. Selon le directeur de l’hôpital Jean Paul 2, seule une conjugaison des efforts peut faire reculer le spectre de cette maladie aux conséquences spectaculaires : la perte de bébés dans la plupart des cas, la mauvaise odeur, le rejet et la stigmatisation, la dépression des femmes victimes de fistule obstétricale.
La fistule est une maladie qui est à la base de beaucoup de stigmatisation. Elle a des causes multiples. Le docteur Mandjan Camara est chirurgien, il explique : « Il faut éviter des mutilations génitales féminines. Parce que  au cours de l’accouchement par défaut de ces propriétés ça peut entraîner des déchirures chez la femme ça peut empêcher l’évolution normale de travail d’accouchement et plus le temps passe ça expose la femme a la fistule obstétricale parce que toute grossesse avant l’âge de 18 ans met la femme en danger parce que le bassin qui doit servir de passage du niveau né se trouve que ce passage n’est pas mature encore »  
L’inaccessibilité aux soins de santé qualifié, le manque du personnel soignant qualifié et l’absence d’équipements  approprié dans les structures de santé  de l’intérieur du pays, favorise la croissance du nombre de femme fistuleuse…
Mohamed Bah
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