Guinée équatoriale : teodoro obiang nguema bat le record mondial de longévité au pouvoir

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A vec plus de 43 années passées au pouvoir, il détient le record mondial de longévité au pouvoir pour un chef d’État encore vivant, hors monarchies. À 80 ans, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo a été réélu sans surprise le 26 novembre avec 94,9% des voix. Au cours de ces quatre décennies, il a muselé l’opposition et sa succession interroge toujours.

Au pouvoir depuis 1979, il entame son 6e mandat à la tête du petit État pétrolier d’Afrique centrale au régime parmi les plus fermés et autoritaires au monde. Le 3 août de cette même année, c’est par les armes, avec des officiers, qu’il renverse son oncle, le sanguinaire dictateur Francisco Macias Nguema, fusillé deux mois plus tard. Il en a gardé la hantise du coup d’État.

Sa garde prétorienne est composée de militaires de son clan réputés fidèles mais – on n’est jamais trop prudent – ses gardes du corps les plus proches sont israéliens et la sécurité du palais est en partie confiée à des Zimbabwéens et des Ougandais.

Depuis son accession au pouvoir, il affirme avoir déjoué au moins dix tentatives de coup d’État ou d’assassinat et, à chacune, Malabo a répondu par une répression accrue, accusant pêle-mêle l’opposition en exil et « des puissances étrangères ».

 L’or noir de la Guinée équatoriale

Teodoro Obiang, d’abord chef d’un pays sans grandes ressources et traité avec suffisance par les autres présidents africains, a bénéficié de la découverte de pétrole dans les eaux territoriales au début des années 1990.

Les cartes sont rebattues, le pays s’enrichit. En 2021 ce pays, très peu peuplé, est le troisième le plus riche d’Afrique en PIB par habitant, selon la Banque mondiale. Mais la richesse est concentrée dans les mains de quelques familles, une très grande majorité du 1,4 million d’habitants vivant sous le seuil de pauvreté.

Un pays en proie à la corruption

La Guinée équatoriale est régulièrement citée par les ONG comme l’un des pays où la corruption est la plus élevée. Teodorin Obiang, le fils, a ainsi été définitivement condamné à trois ans de prison avec sursis et 30 millions d’euros d’amende dans une affaire de « biens mal acquis » en juillet en France.

Tous ses avoirs sont gelés et il est interdit de séjour au Royaume-Uni depuis 2021 pour « corruption » et « détournement de fonds publics » dans son pays. Le dirigeant a dû renoncer à 26 millions de dollars d’avoirs aux États-Unis pour mettre fin à des poursuites pour corruption la même année.

Seule une opposition de façade est tolérée dans le pays. Jusqu’en 1991, le PDGE était parti unique, avant que le pouvoir ne tolère des petits mouvements satellites ou « d’opposition », que M. Obiang fait supprimer lorsqu’ils deviennent trop menaçants.

Dans ce petit pays volontiers surnommé par les détracteurs des Obiang la « Corée du Nord d’Afrique », les arrestations ou disparitions d’opposants sont fréquentes, et beaucoup d’entre eux ont trouvé refuge à l’étranger, notamment en Espagne, ancienne puissance coloniale.

Une succession impossible ?

À 80 ans, le chef de l’Etat limitait depuis deux ans ses apparitions publiques. Ces dernières années, c’est bien Teodorin qui prenait de plus en plus la lumière à mesure que s’effaçait le patriarche.  Déjà réélu en 2016 avec 93,7% des suffrages, il semblait pourtant préparer ces dernières années un dauphin. Pour se trouver un successeur, le dirigeant équatoguinéen n’est pas allé chercher bien loin. Il avait désigné un de ses fils, le vice-président Teodoro Nguema Obiang Mangue, alias Teodorin, pour prendre la suite.

Mi-décembre 2021, tout le monde s’attendait à ce que le parti au pouvoir le désigne candidat à la place de son père. Mais les caciques de ce pouvoir clanique, ainsi que la garde rapprochée de Teodoro Obiang, jugeaient qu’il était trop tôt et trop provocateur de le propulser officiellement successeur. Une décision prise au moment où la chute des revenus des hydrocarbures s’accélère depuis 2014 et la pandémie de Covid-19 rendaient son pays encore plus dépendant de l’aide et des financements extérieurs.

Le Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE) avait alors décidé, contre toute attente, de ne nommer personne. Ce n’est que deux mois avant le scrutin que le chef de l’État a rempilé. « Cela fait trop longtemps que je suis au pouvoir mais le peuple veut encore que je sois son président. C’est la dernière fois que je me présente », avait-il pourtant confié à l’hebdomadaire Jeune Afrique juste avant sa réélection en 2016…

TV5 avec AFP

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