Génération  infortunée

Publicité

« Chaque enfant naîtra avec son lot de chance et de malheur. Avant même qu’il n’arrive sur terre il sera écrit tout ce qu’il lui arrivera dans le bon comme dans le mauvais sens, jusqu’à son dernier souffle ».

« Prendre soin de ses parents, les prendre en charge quand ils sont dans l’incapacité de le faire, est une obligation ».

« Vouer un respect total à sa marâtre, lequel frôlerait une soumission inconditionnelle, ne jamais faire quoi que ce soit qui puisse la blesser, sont un devoir ».

Les voilà les armes de destruction massives !

Prises séparément, ces assertions que l’on pourrait qualifier de berceuses pour les enfants africains, berceuses qui ont de l’effet sur eux jusqu’à la tombe, ont un sens.

Mais lorsqu’elles sont livrées en mode packaging, elles ont un pouvoir immensément destructeur sur leurs victimes.

D’abord la première

A l’entendre, un « va, vis et deviens » n’a aucune chance de s’immiscer pour espérer trouver une quelconque existence dans cette réalité toute faite. En effet, si tout est écrit d’avance, à quoi bon lutter ?

Fort heureusement, seuls les malheureux se consolent avec cette idée reçue. Rares sont ceux qui attendent tels des oisillons, une livraison de chance à domicile par le saint esprit. Les enfants nés le savent, ils doivent se bouger. Mais quid des parents qui les font naître tous azimuts ?

Ainsi, les esprits sont éclairés. Ce sont eux les inventeurs de cette fameuse assertion qui a pour unique but de les dédouaner de leurs agissements.

Passons !

Va pour la seconde

Que ça soit dans les textes religieux ou dans certains codes civils, elle est gravée dans le marbre. Ce qui est juste un embellissement car de toute manière, elle coule de source.

Arrêtons-nous une seconde sur cette idée reçue. J’en vois un mot clé : INCAPACITE. Que dire d’une incapacité voulue, chouchoutée telle une pépinière à l’avenir prometteur ?

Cela peut paraître paradoxal non ?! On ne peut vouloir d’une incapacité me diriez-vous !

Mais que penser d’un père de famille qui ne gagne pas bien sa vie et qui, même avec une projection sur plusieurs années, compte tenu des moyens qu’il a décidés de mettre en place, a la certitude que son niveau de vie n’évoluera pas positivement, se met en tête qu’il a un devoir de peupler la terre massivement ?

Que dire quand celui-ci se fixe comme projet d’épouser pléthore de femmes pour faire une foultitude d’enfants et qui se met à invoquer la première assertion pour se la couler douce ?

Passons !

Finissons-en par la troisième

Une pièce rapportée ! C’est à cela que me font penser les marâtres. Une personne qui doit faire partie intégrante de la famille mais avec laquelle il n’existe pour la plupart, aucun lien de parenté, biologiquement parlant.

Le processus d’insertion de cette tierce personne est digne d’une stratégie militaire. Les individus de la famille sont lobotomisés. Il sommeille dans leurs têtes, que ne pas faciliter son intégration voire même la frustrer, est comme subir un sort, une malédiction. Ainsi, les coépouses savent qu’elles doivent faire attention afin de ne pas maudire indirectement leurs enfants et bien évidemment, les enfants aussi sont rodés en la matière.

Conséquences sur notre génération

En application de la première assertion, nous nous occupons de nos frères et sœurs qui se seraient trop bien imprégnés de cette idée reçue ;

En application de la seconde, nous nous occupons de nos parents ;

Et en application de la troisième, nous subissons cette famille greffée.

Et ce n’est pas tout !

Nous avons épousé d’autres façons de penser. Nous sommes conscients que les enfants de nos jours ne travailleront pas pour nous. Nous devons donc nous occuper de nous et de notre retraite.

Nous savons également que le monde est rude. Nous avons dû nous battre et prendre conscience ô combien un coup de pouce nous aurait bien aidé ! Nous préparons donc l’avenir de nos enfants.

La différence avec nos ascendants : nous n’aurons pas nos enfants pour prendre financièrement soin de nous pour nos vieux jours. Cela peut être possible mais pas systématique.

La différence avec nos descendants : ils n’auront pas à s’occuper financièrement  de leurs ascendants.

Ces deux générations ont donc des allègements. Nous en revanche, nous sommes surchargés.

Nous sommes de véritables couteaux suisses.

Nous trouverons notre salut en réussissant le pari de non seulement stopper l’interdépendance financière vis à vis de nos descendants mais aussi en leur offrant ce coup de pouce en guise de piédestal pour leur permettre une ascension facile dans l’échelle de la société.

Notre génération a la lourde tâche de mettre fin à un cycle et surtout d’être garant du parfait début du suivant.

Dur, dur mais possible et surtout nécessaire !

Adama Garanké DIALLO

Publicité