L’essentiel, c’est de savoir que les guinéens résistent. Peu importe la volonté des hommes et femmes éduqués pour torpiller. Peu importe l’intention satanée de ceux qui ont appris à becqueter. Peu importe le mépris révoltant de ceux qui auraient dû être des chefs à l’égard des indigents qui pleurent. Jamais le sentiment de se sentir abandonner chez soi n’avait atteint des proportions aussi inquiétantes que maintenant. Pas maintenant de ce février 2018, mais à cette ère des nouveaux despotes. Ils osent, même pour une question de survie, acheter des produits prohibés auprès des gangsters que d’autres continuent de combattre ouvertement.
Les ennemis grandissent de l’intérieur. Sinon, tous ceux qui réfléchissent comprennent que l’impartialité d’un journaliste n’est pas voulue ex nihilo. C’est une question de bon sens. Celui qui est sensé écouté et faire entendre tout le monde, ne prend pas parti futilement. Encore aujourd’hui plus qu’hier, le métier exige de ses pratiquants de la sagesse, de la prudence et de la pertinence. Les trois qualités à avoir plus d’autres, orientent les actions d’un professionnel qui ne s’engage pas dans un combat politique, déjà teinté de prostitution. Au-delà de ce qu’on veut tirer comme profit d’un sale boulot, il vaut mieux voir loin de son nez.
Les conséquences peuvent-elles assaillir ? Doit-on s’interroger, au risque de paraître comme un trafiquant. Il ne se passerait une minute ce mois et même les suivants sans qu’on ne se rappelle, qu’un doyen de la presse mondiale a confondu ses prises de notes à son carnet d’adresse. Le carnet d’adresse ! celui qui ouvre les portes des présidences bancales d’Afrique noire, n’est plus celui qui aide à voir les réalités des peuples. François Soudan, puisqu’il s’agit de lui, se mesure à cette proximité qu’il continue de garder sans gêne avec les nouveaux impérialistes des anciens territoires libres du continent. Ceux dont Kwamé Nkrumah et Hailé Sélassié regardaient les peuples grandir avec la fierté d’être africains. Les attardés qui oublient ces débuts, trouvent de l’intérêt à exposer les Etats et les pays fragiles, à toutes les dérives.
Les guinéens n’ont qu’à dire que les ghettos qu’il imagine délibérément dans ce texte visiblement bien monnayé existent dans sa pensée. Ainsi on pourra dire qu’ils ont existé parce que des articles comme les siens sont achetés inconsciemment par le contribuable. Ils existent parce que ses billets d’avion Paris-Conakry-Paris-Addis Abeba sont entièrement pris en charge par la part du budget national de développement qui aurait pu servir à augmenter les salaires des enseignants. Ces ghettos existent, parce que ses frais d’hôtels et du papier à imprimer de son vieux ancien bon magazine jeuneafrique sont honorés par les peuples d’Afrique à qui ils parlent fictivement de progrès.
L’essentiel, c’est de savoir que les guinéens continuent de résister. Ils refusent qu’ils soient manipulés par un autre damné de cette décennie. Maintenant que nous parlons tous de la Guinée et d’élections mal organisées, on peut lui conseiller de laisser ses idées et évoquer les faits. Lorsqu’en Gambie, que son cher président rassembleur ne visite presque plus a tenu ses élections fin 2016, personne ne s’attendait à un autre résultat que celui qui allait donner le paranoïaque Yaya Djammeh pour vainqueur. Le peuple a choisi Adama Barrow dans les urnes. Avant d’apprécier les dernières communales, il ferait mieux de prendre un temps avec les habitants de Matam au-moins. En attendant qu’il garde à l’esprit que les guinéens aspirent à des scrutins transparents.
Jacques LEWA