Elections communales : un scrutin pour rien ?

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Au constat de la faible participation le jour du vote et aux nombreuses dénonciations de fraude qui avaient suivi, des confrères s’étaient déjà demandé si le scrutin municipal du 4 février n’avait pas tout simplement été un rendez-vous manqué ? A notre tour, nous nous demandons si toute la bataille n’aura pas servi à rien ? Cette interrogation trouvant en partie son origine, dans le fait que deux mois après la tenue des élections, les conseils communaux ne soient toujours pas composés et qu’au contraire, au lieu de réduire la tension, ces municipales semblent plutôt parties pour les exacerber.

Le paradoxe est en soi illustratif du caractère anormal de la Guinée. Pour la tenue des élections communales du 4 février 2018, il a fallu des manifestations de rue ayant occasionné des pertes en vies humaines et des dégâts dont le bilan n’est pas encore établi de manière exhaustive. Le scrutin avait même été si bruyamment réclamé qu’en février 2017, une session extraordinaire du parlement avait été convoquée pour élaguer la dimension citoyenne du vote au niveau des quartiers et districts. Elle avait été identifiée comme pouvant alourdir le processus. A l’appui de cet empressement, il avait été dit qu’à l’issue des élections, les conseils légitimes qui en émaneraient boosteraient une dynamique de développement local, enjeu véritable d’un nombre important de crises que connait le pays, avait-on ajouté.

Mais à voir ce que vit le pays depuis ces élections tant réclamées, les Guinéens ont l’impression d’avoir été dupés par leur classe politique. Non seulement, le scrutin, en tant que tel, n’a pas suscité de l’engouement ; mais en plus, il se révèle à la base d’une nouvelle crise.  Dénonçant les fraudes dont les élections ont été émaillées, l’opposition est en effet dans une série de manifestations qui donne de nouveau, du pays, l’image d’une cocotte-minute, prête à exploser. Entre d’une part, les mots d’ordre de ville morte et de l’autre, les marches funèbres et autres manifestations grandeur nature, les citoyens de Conakry en particulier ne savent plus où donner de la tête. Pris dans l’engrenage des malentendus politiques, ils ne peuvent même plus faire face au malaise social, résultant d’une gestion approximative du pays.

Mais à tout cela, on peut ajouter que deux mois après les élections, les mairies aussi bien rurales qu’urbaines, sont encore administrées par les délégations spéciales. Et on ne sait pas quand est-ce que la parenthèse sera fermée. Parce que le contentieux politique perdure, au-delà de la publication des résultats définitifs du scrutin. Et à l’allure où vont les choses, il n’est pas exclu qu’à la place de l’urne, que ce soient des arrangements conclus autour d’un autre dialogue qui permettent de meubler les entités locales. Ce qui serait alors la meilleure illustration du fait que le vote ainsi que les ressources matérielles, humaines et financières investies dans ce vote n’auront finalement servi à rien

S.Fanta

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