A lors que le gouvernement ivoirien annonçait, en fin de semaine passée, qu’il avait pris en charge les factures d’électricité pour environ 1 052 749 ménages abonnés au tarif social. En Guinée, nombreux sont les citoyens qui commencent déjà à s’inquiéter quant à l’effectivité des promesses faites par le gouvernement Kassory, a constaté guineeactuelle.com
Le gouvernement guinéen, à travers son Plan de riposte économique à la crise sanitaire Covid-19, avait déclaré en avril dernier, qu’il prendrait en charge pendant trois mois, à compter du mois d’avril, les factures d’Eau et d’Electricité. Cette prise en charge concernait les ménages abonnés au tarif social des entreprises EDG (Electricité de Guinée) et SEG (Société des Eaux de Guinée).
Selon ce plan, dont copie était parvenue à notre rédaction, les factures en question représentaient une valeur d’environ 480 milliards GNF, dont 24 milliards GNF pour les factures d’eau et 456 milliards GNF pour l’électricité.
Cependant, après publication, ces chiffres feront l’objet de maintes critiques dont celles du Groupe de la Banque Mondiale. Pour celui-ci par exemple, les factures issues de la consommation du courant électrique, telles qu’envisagées par le gouvernement guinéen, avaient connu une ‘’surestimation’’ d’un peu plus de 40 millions de dollars.
En Conséquence, le gouvernement a procédé à une évaluation plus juste desdits chiffres et déclare une révision de ses prévisions, passant de 456 milliards à 126 milliards GNF pour les factures d’électricité.
QUID DE L’EFFECTIVITÉ DES PRISES EN CHARGE ANNONCÉES ?
Pour être au fait de cette situation, guineeactuelle.com a dépêché, sur le terrain, une équipe de reporters.
Première étape, les directions générales de l’EDG et de la SEG.
SOMMET DE L’EDG ET DE LA SEG, MUTISME OU DÉFAUT DE COMMUNICATION ?
Au début de cette enquête, nos reporters se sont rendus dans les directions générales de l’EDG et de la SEG afin de s’assurer de l’effectivité des procédures en vue. Mais au final, une fin de non-recevoir leur a été opposée.
Sans vouloir s’en arrêter là, nos reporters sont allés dans les représentations communales desdites sociétés.
A Coyah par exemple, interpellés sur la non-émission des factures d’eau et de courant, des responsables de certaines agences de l’EDG et de la SEG ont tenté de rassurer l’opinion.
« Certes, nous ne sommes pas informés de la situation d’émission de ces factures, ce qui est sûr, l’Etat payera ces factures comme il l’a promis » rassure le nouveau chef de division de la SEG de Kountia, préfecture de Coyah.
En ce qui concerne les factures d’EDG, un chef d’une agence située en banlieue de Conakry a confié que l’émission des factures pour les mois passés n’est qu’une question de temps, sinon, révèle-t-il, l’affaire se trouve déjà en étude au niveau du ministère de l’Economie et des Finances, et à la Direction Générale de l’EDG.
Mutisme ou défaut de communication ? La question demeure.
QU’EN PENSENT LES CITOYENS ?
Interrogés par un de nos reporters, plusieurs citoyens de Conakry disent n’avoir pas encore reçu leurs factures soldées par l’Etat.
« Nous avons entendu l’annonce depuis trois mois, mais nous n’avons reçu aucune facture soldée par l’Etat. Pourtant, ils l’ont dit, nous devons avoir nos factures pour éviter toute confusion. Sinon, beaucoup de personnes ne sauront pas le mode de payement » a confié Abdoul Aziz Condé, citoyen rencontré à Sangoyah, commune de Matoto, banlieue de Conakry.
Pour sa part, Alpha Mamadou Diallo, habitant dans le quartier de Cosa, commune de Ratoma soupçonne déjà l’Etat, à travers les directions d’EDG et de la SEG, de vouloir manigancer quelque chose de louche.
« S’ils voulaient la transparence, ils auraient émis les factures soldées pour les consommateurs concernés. Mais, si jusqu’à présent, aucun citoyen n’a reçu sa facture pour les mois passés, ce qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Ne soyez pas étonnés si l’EDG et la SEG envoient dans les prochains mois des factures gonflées » avise-t-il.
Dans tous les cas, après un premier imbroglio suite aux dénonciations faites par la Banque Mondiale relatives à ce qu’une bonne partie de l’opinion guinéenne a appelé « tentative de détournement de plus de 40 millions de dollars sur les factures d’électricité», il reste à craindre une deuxième vague de contestations qui pourrait naitre du manque de transparence des autorités guinéennes dans la gestion des mesures accompagnement telles promues.
Aliou Diallo