C ’est un témoignage inédit qui fait froid dans le dos. Des agents de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSS) déployés au Palais du Peuple de Conakry sont accusés de faire payer de l’argent à certains voyageurs pour obtenir leur test de négativité au Covid-19.
Selon nos informations, un système de business, dont l’unique but vise à extorquer de fortes sommes à une certaine catégorie de personnes, est laborieusement mis en place au niveau de ce centre, où les postulants ne sont composés que des voyageurs qui veulent quitter la Guinée pour l’étranger.
« J’ai acheté un test à 200 euros et j’ai refait un autre bordereau à Eco-Bank à 650 mille francs guinéens », a confié à guineeactuelle.com une personne qui dit être victime de cette arnaque d’un autre siècle.
En attendant de joindre les responsables de l’ANSS, nous vous proposons in extenso l’intégralité de ce témoignage sous le sceau de l’anonymat.
« J’ai acheté un test à 200 euros et j’ai refait un autre bordereau à Eco-Bank à 650 mille francs guinéens. Parce que j’ai été bloqué pour quelque chose qui n’était pas vrai. J’avais fait un test le 3 avril, parce que j’avais mon vol le 5 avril. Quand je suis partie chercher les résultats, il y avait un monde fou au palais, plus de 800 personnes. Ils ont commencé à appeler les gens pour donner les résultats. Quand ils m’ont appelé, ils m’ont dit de me mettre à côté. Je n’ai pas compris, mais je me suis mise à côté, et ils m’ont dit de venir sous la tante où se trouvaient sept expatriés blancs, dont des français, des belges et des canadiens. Nous avions tous des passeports étrangers. Soudain, un monsieur est venu sans masque pour dire, vous savez pourquoi vous êtes là. Nous avons tous dis non. Il a dit que vous êtes positifs au Covid-19, puis nous dire d’aller dans centre.
Et nous avons demandé l’adresse du centre parce qu’on ne connait pas Conakry. Ils étaient même incapables de nous donner l’adresse du Centre, où se trouve le centre à Kénien exactement. Et on devait partir là-bas de nos propres moyens. J’ai contacté mon responsable pour l’expliquer que j’ai été testée positive au Covid19 en Guinée. Donc pour justifier cela, j’étais obligée d’emmener mes résultats du test Covid et le taux de positivité. Moi, j’ai dit au monsieur qui était en face de moi, ce n’est pas grave, moi je vais aller dans ce centre, mais je voudrais voir mes résultats.
Du coup, le monsieur dit, non, cela ne se passe pas comme ça ici. Ce monsieur a été incapable de nous donner nos résultats, incapable de nous dire où on doit aller. Tout ce qui l’intéressait, c’est l’argent. On a compris ça. J’étais vraiment énervée.
Tout d’un coup, il y a un autre monsieur qui était à côté, m’a dit, ma sœur si vous voulez obtenir un résultat négatif ici, il faut payer. J’ai dit ah bon ? Il a dit oui, je lui ai dit suit moi. Il m’a suivi jusqu’à ma voiture. Il est allé enlever sa tenue de l’ANSS. Il m’a dit ça se passe comme ça avec les étrangers, il faut payer. Je lui ai dit, il faut m’aider, parce que je dois rentrer en France où j’ai toute ma famille, mes enfants à bas âge. Il m’a dit d’accord, donc il m’a donné son adresse pour dire de l’appeler et de ne pas prendre le risque d’aller au centre. Il m’a dit si vous revenez même dans une semaine, on va vous recaler en vous testant positif. Et si vous allez au centre là-bas, on va vous recaler encore, vous revenez encore une semaine ou dix semaines, on va vous dira que vous avez le Covid-19. Il m’a dit, ça ne sert à rien d’aller dans ce centre, si tu ne connais pas quelqu’un, il faut payer. Donc, j’ai pris les coordonnées du monsieur. Et il m’a donné un rendez-vous. Il m’a dit qu’il peut me faire un test à un million cinq cent mille francs guinéens. Moi, je lui dis, moi je te donne deux millions. Et je lui ai donné les deux millions, plus le prix d’un autre bordereau à l’Eco-Bank à 650 mille francs guinéens. J’ai fait la copie de mon passeport, il est allé chercher le bordereau. Je me suis même déplacée. Il a fait toutes les démarches pour moi. Le jour de mon départ, il est venu me donner les résultats du test négatif. Et j’ai pris mon vol (…..) ».
Propos recueillis par Alpha Sodio Diallo pour guineeactuelle.com
