A Bambaya-Bowé, situé à près de 200 kilomètres du centre-ville de Télimélé, les mines avancent et les champs reculent. Cette localité agricole, autrefois florissante, se vide peu à peu de ses cultivateurs, happés par l’essor incontrôlé des activités minières. Là où le riz, le maïs et l’arachide assuraient l’autosuffisance ne subsistent désormais que des emplois précaires et des terres meurtries.
Cette mutation rapide et silencieuse inquiète les habitants, dont certains tirent la sonnette d’alarme.
« Bambaya-Bowé, qui produisait autrefois riz, arachide et maïs en abondance, n’est plus qu’un champ de mines », déplore un citoyen de passage dans la localité.
Pour lui, la ruée vers les activités minières, en particulier l’emploi précaire dans les sociétés d’exploitation, menace directement la vocation agricole du territoire.
« Les paysans abandonnent leurs champs pour des salaires dérisoires, juste pour faire la garde ou abaisser une corde pour les passants durant huit heures », explique-t-il, visiblement préoccupé.
Ce basculement rapide vers les mines ne semble pas avoir été accompagné de mesures de protection du tissu socio-économique local.
L’agriculture, autrefois pilier de l’autonomie alimentaire et des revenus des familles, est aujourd’hui marginalisée.
Pourtant, elle aurait pu générer des ressources plus durables, selon plusieurs témoignages recueillis sur place.
De l’avis de certains, le problème va au-delà de la seule dimension économique. Mais le désintérêt pour l’agriculture s’accompagne d’un appauvrissement des sols, d’une pression accrue sur l’environnement et d’une perte de repères pour les jeunes générations.
« Je crains qu’on se réveille un jour ici sans terre cultivable, sans revenus, et avec un environnement complètement dévasté. Il sera alors trop tard pour les regrets », alerte le même citoyen.
Face à cette transformation profonde, des habitants déplorent l’absence de mesures efficaces pour limiter les effets négatifs de l’industrialisation minière.
Les appels à une régulation responsable, à la mise en œuvre de politiques de protection des terres agricoles et à un encadrement social et environnemental semblent rester sans réponse.
La situation de Bambaya-Bowé interpelle sur le sort de nombreuses localités rurales confrontées à l’expansion minière.
Peut-on sacrifier l’agriculture, la souveraineté alimentaire et la stabilité des communautés au profit d’activités extractives à court terme ?
Le silence des autorités locales et l’inertie face à ce basculement méritent un débat national. Car ce qui se joue à Bambaya-Bowé dépasse une seule localité, mais de l’avenir rural du pays, de son équilibre écologique, et du droit des communautés à préserver leur mode de vie.
Dossier à suivre !
Alpha Binta Diallo