Guerre commerciale sino-américaine : la guinée est-elle victime ?

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La guerre commerciale Sino-américaine n’a fait rougir que le Nasdaq, le Footsee ou le CAC 40. Elle a des répercussions bien au-delà de leurs frontières respectives. Jusqu’à … Boké.

Quand deux titans se battent, ce sont les serfs ou les humains qui en prennent les pots cassés. Cette métaphore s’applique parfaitement à la situation conflictuelle qu’entretiennent en ce moment les Etats-Unis et la Chine et qui a des conséquences néfastes sur l’économie de la Guinée

Depuis sa décision de taxer davantage les importations de produits chinois, Donald Trump a déclenché une guerre commerciale avec son grand rival économique. Cette hostilité fait tomber les bourses dans le rouge, rend frileux les marchés et fait planer la menace d’un ralentissement de l’économie mondiale d’ici la fin 2019. Ça c’est ce que craignent les analystes économiques et financiers.

Mais à des milliers de kilomètres des bourses, un pays souffre déjà de cette mésentente sino-américaine. La Guinée. Oui, notre pays, éternel scandale géologique voit son économie touchée par cette situation. Car en effet, depuis trois semaines, le consortium SMB-UMS a arrêté sa production de bauxite sur les sites qu’il exploite depuis bientôt 4 ans.

De sources sûres, les employés de cette entreprise sont mis en congés techniques pour un délai de trois mois à compter de ce mois d’août 2019. D’après un des sous-traitants de la SMB, cette décision fait suite à la décision de la Chine de ne pas vendre de minerais aux entreprises américaines, principaux clients de la SMB.

De l’autre côté, Washington qui tente de réduire sa dépendance (80%) vis-à-vis de la Chine dans l’importation de métaux aurait intimé aux firmes américaines de se chercher d’autres partenaires dans ce secteur. Ce qui en soit aurait pu être une aubaine pour la Guinée mais elle ne dispose d’aucune entreprise entièrement nationale ayant l’assise financière pour exploiter même une tonne de bauxite.

Du coup, à l’est comme à l’ouest, la Guinée se trouve entre deux feux qui ne sont pas prêts de s’éteindre. Conséquence, des centaines d’employés sous pression dont les lendemains paraissent incertains au fil des jours, des dizaines de sous-traitants dont les contrats restent suspendus, le contenu local en péril si la situation perdure… Entre temps, la nature va reprendre ses droits sur ces sites d’exploitation.

Pour le moment, c’est la guerre commerciale américano-chinoise qui est brandit par le consortium pour justifier l’arrêt des activités de production. Mais le gouvernement guinéen doit sérieusement se pencher sur la situation avant qu’une crise ne pointe à l’horizon.

En effet, il n’est pas exclu que cette suspension des activités soit un debout de retrait de ces deux entreprises de Boké. Des entreprises se sont souvent caché derrières des arguments parfois fallacieux pour se désengager d’un secteur ou d’un pays pour de multiples raisons inavouées. Du côté du gouvernement, c’est silence radio. On feint de rassurer les différentes parties prenantes. Peut-être que le professeur guinéen, très friand de médiation et de titres pourrait jouer le rôle de médiateur entre l’aigle américaine et le dragon chinois.

Cela relance encore une fois la faiblesse et la fragilité de notre économie en général et de son secteur minier en particulier. Il prouve à suffisance que l’économie guinéenne est sous perfusion et qu’un simple coup de tête d’un Donald suffit pour tromper les courbes de la croissance.

Il montre aussi et surtout l’interpénétration des économies les unes dans les autres et enfin, ce ralentissement du cote de Boké appelle à une forte implication de l’Etat et des milieux d’affaires guinéens à bâtir des entreprises exclusivement guinéennes qui vendraient les minerais du pays sans passer par des intermédiaires. Ce n’est certes pas facile au vu des lourdes contraintes financières, techniques et technologiques qui caractérisent le secteur des industries extractives. Mais rien n’est impossible quand on y met de la volonté.

Affaire à suivre !

Alpha Oumar DIALLO

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