Violences jihadistes au burkina : retour sur les grandes dates  

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U ne attaque armée, faisant entre 138 et 160 morts selon les sources, a de nouveau endeuillé le Burkina Faso dans la nuit du 4 au 5 juin 2021. Cet assaut terroriste, le plus meurtrier que les Burkinabè aient connu, est le dernier d’une longue série qui a débuté en 2015. Retour sur les principales étapes de la plongée de ce peuple sahélien dans le chaos et l’horreur.

Après avoir été épargné par la violence jihadiste, le Burkina Faso a été rattrapé par la terreur et la mort que les groupes radicaux islamistes font régner dans les pays sahéliens depuis une décennie. Depuis les premières attaques couplées du restaurant Capuccino et de l’hôtel Splendid de Ouagadougou en 2016, le « pays des hommes intègres » est entré à son tour dans une spirale meurtrière dont on ne voit pas la fin. La tuerie du village de Solhan, dans le nord-est, qui s’est déroulée dans la nuit du 4 au 5 juin 2021, constitue une nouvelle étape dans la plongée dans l’horreur de ce pays. Cette tuerie qui a fait entre 138 et 160 morts selon les sources est l’attaque la plus meurtrière que le Burkina ait connue depuis les premiers attentats de 2016.

Interrogé sur l’antenne de RFI il y a deux ans, Alain Antil, chercheur spécialisé des questions de sécurité au Sahel, expliquait que si le Burkina Faso avait été épargné par le terrorisme pendant le règne de Blaise Compaoré (1987-2014), c’était parce que ce dernier entretenait des « liens directs » avec des groupes jihadistes avec lesquels il avait négocié pour préserver son pays.

Depuis le renversement de l’ex-président, le Burkina ne fait plus figure d’exception dans la région. Ce pays est désormais régulièrement le théâtre d’attentats sanglants. Ces attentats sont attribués au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), filiale d’al-Qaïda, et l’organisation État islamique du grand Sahara (EIGSD), les deux grands groupes jihadistes qui opèrent dans le nord du Burkina, à proximité de la frontière avec le Mali et le Niger, même si, comme le rappelle le chercheur Alain Antil, 80% des attentats survenus au Burkina Faso ne sont pas revendiqués.

Toujours est-il qu’en cinq ans, les attentats terroristes ont fait dans le pays plus de 1 400 morts et plus d’un million de déplacés internes. Des pans entiers du territoire national burkinabè sont aujourd’hui inaccessibles. On se souvient que l’élection présidentielle de 2020 n’avait pu se tenir que sur 85% du territoire national, avec plus de 1 500 villages sur 8 000 n’ayant pas pu être enrôlés.

2016 : stupeur à Ouagadougou

Première attaque du genre, le double attentat visant l’hôtel Splendid et le restaurant Capuccino, au cœur de la capitale burkinabè, a marqué les esprits. Ces attaques, survenues dans la soirée du 15 janvier et revendiquées dès le lendemain par Aqmi, ont fait 30 morts, principalement dans les rangs des expatriés occidentaux. Inédites à l’époque, ces attaques n’ont pas surpris toutefois les observateurs, qui s’attendaient à ce que le Burkina devienne la nouvelle cible des jihadistes, après le Niger et le Mali. D’autant que ce pays participe à l’opération militaire française Barkhane, lancée dans le sillage de l’intervention Serval et destinée à combattre les jihadistes au Sahel. D’ailleurs, le nord du Burkina Faso était depuis le premier trimestre 2015 le théâtre des attaques jihadistes.

2018 : la France visée par les terroristes

Le 2 mars, Ouagadougou est de nouveau sous le feu, avec des attaques armées visant l’ambassade de France et l’état-major des forces armées du Burkina. Ces attentats font huit morts parmi les forces de l’ordre : deux gendarmes devant l’ambassade française et six militaires dans le quartier de l’état-major, qui est frappé par un véhicule piégé, bourré d’explosifs. L’attaque vise, selon les autorités de l’époque, la réunion sur le G5 Sahel qu’accueille ce jour-là le bâtiment de l’état-major des armées burkinabè.

2019 : l’horreur à Yirgou

Le 1er janvier 2019, après l’assassinat du chef du village de Yirgou, situé dans la province du Sanmatenga, des Peuls ont été ciblés par des villageois Mossi, aidés par des membres de leur groupe d’autodéfense, les Koglweogo. Le 12 janvier, des milliers de personnes issues de toutes les communautés manifestent à Ouagadougou pour dénoncer les violences ethniques à Yirgou et réclamer la dissolution du groupe d’auto-défense impliqué dans les tueries. Les organisateurs de la marche affirment également que le nombre des morts est plus élevé qu’indiqué dans le bilan officiel, faisant état de 72 morts et 6 000 déplacés. Le bilan du gouvernement est contesté par le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés, qui affirme le 1er février que les massacres ont fait 210 morts.

2019 suite : l’or du Burkina dans le viseur des terroristes

C’est une année particulièrement meurtrière pour les militaires burkinabè. Le 19 août, 24 soldats sont tués dans l’attaque d’une base de l’armée à Koutougou, dans le nord du pays. L’armée est l’objet d’une nouvelle attaque en décembre lorsque la ville d’Arabinda, près de la frontière malienne, est prise d’assaut par des jihadistes lourdement armés. La multiplication des attaques jihadistes visant l’armée pousse l’opposition à réclamer la démission du gouvernement, jugé incapable de faire face à la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays.

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