Société : qui va fact-checker les fact-checkers ?

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A l’ère de la post-vérité et des réseaux sociaux où tout le monde peut partager tout et n’importe quoi, il semble clair que la profession de vérificateur de faits est promise à un bel avenir.

L’épidémie de COVID et la guerre en Ukraine ont été des sources inépuisables de fake news pour ne citer qu’elles. Pourtant, un article du Monde nous apprend qu’un colloque a eu lieu fin juin en Norvège rassemblant pour la première fois plus de 500 fact-checkers, ce qui montre effectivement que la profession est en plein boom… Mais aussi, – et c’est cela le scoop – en pleine déprime, se disant eux-mêmes « en plein doute » !

Les fact-checkers se plaignent d’abord d’avoir à faire un véritable travail de Sisyphe : « Nous avons corrigé plein de fausses informations. Et pourtant, les gens y croient toujours. C’est fascinant, mais étrange en même temps », explique Alec Dent, journaliste de vérification américain, déplorant « un sentiment d’impuissance, une impression rageante d’écrire dans le vide, partagée par beaucoup de journalistes de vérification ».

Et surtout, la profession se sent mal aimée. Ainsi un fact-checker se désespère en disant : « Mais pourquoi ne nous aiment-ils pas ? ». L’article du Monde donne un début de réponse : « La profession des fact-checkers n’est pas exempte de responsabilité. Elle a sous-estimé l’impopularité de certaines pratiques et notamment de l’application du tampon « faux », si sec et blessant. La profession a été trop péremptoire, oubliant que, dans un monde complexe, il existe une infinité de nuances entre le vrai et le faux, et que les connaissances scientifiques pouvaient contredire, en quelques semaines, ce qu’on pensait établi, sapant sa crédibilité ».

L’article du Monde pourrait ici être un peu plus précis et faire référence par exemple à la thèse qui a été universellement dénoncée comme complotiste et censurée sur les réseaux sociaux pendant plus d’une année, selon laquelle le virus aurait pu s’échapper d’un laboratoire de Wuhan, avant que cette thèse soit reconnue comme étant l’une des plus crédibles pour expliquer l’apparition du virus. On a assisté alors à de véritables processus « orwelliens » où Facebook par exemple avait effacé certaines « consignes » qui avaient été émises sur ce sujet.

Les fact-checkers envisagent différentes pistes pour restaurer leurs liens avec le public : expliquer le vrai plutôt que dénoncer le faux, faire preuve d’humour, d’empathie etc… Mais tout cela apparaît un peu naïf, car passant à côté du problème principal qui est que la plupart des fact-checkers des grands journaux occidentaux sont tous liés à une initiative mondial lancée au départ par la BBC (où l’on retrouve l’AFP, le Washington Post, et les plus grands médias des pays occidentaux et aussi les GAFA tels que « Meta » ou Google) intitulée Trusted News Initiative (cf. LSDJ n°1418). Loin d’être indépendants, les vérificateurs de faits (au moins ceux des grands médias, mais pas seulement) prennent tous leurs « consignes » auprès de cette même organisation, qui, elle-même relie le discours de l’OMS, du CDC américain et des agences sanitaires européennes.

Bref, n’attendez pas le moins du monde que ces fact-checkers mettent en cause ou simplement questionnent les discours officiels comme par exemple la nécessité de vacciner les populations jeune et n’ayant aucune chance de mourir du COVID, alors que depuis un certain temps déjà, même des gens aussi enthousiastes envers les vaccins qu’Anthony Fauci ont reconnu que ce vaccin ne stoppe en rien la transmission entre deux personnes vaccinées, et que donc la nécessité de se vacciner pour protéger les autres n’existait tout simplement pas (cf. LSDJ n° 1638).

La raison principale du fait que les fact-checkers ne sont pas crus par une grande partie de la population, voire détestés, ne tient-elle pas dans le fait que l’on puisse remettre en cause leur indépendance et leur impartialité ? Quand on voit qu’un important organisme international de Fact-checkers est financée par une fondation possédant 2 milliards de dollars d’actions du géant pharmaceutique Johnson & Johnson et qu’une autre est financée par la fondation Bill et Melinda Gates, n’est-il donc pas légitime de penser qu’ils ne sont pas neutres sur la question des vaccins ? Pour continuer à bien mesurer ce problème, il faut lire absolument la lettre du British Medical Journal, une des revues médicales les plus respectées et surtout les plus indépendantes, à Marc Zuckerberg décrivant comment un article de ce journal qui exposait de graves problèmes scientifiques et éthiques existant chez un sous-traitant de Pfizer en charge des tests sur le vaccin a été censuré par Facebook sans le moindre argument ! Cela n’aurait-il pas un lien avec le fait que Pfizer et Facebook sont associés dans le sponsoring d’ateliers de formation pour les journalistes ? Oui, le monde aura besoin de plus en plus de fact-checkers. Mais il faut se poser aujourd’hui la question de savoir qui fact-checkera les fact-checkers ?

Jean Staune in LSDJ

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