Slecg: les enseignants du public continuent à enseigner dans les écoles privées

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L ’appel du secrétaire général du Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée, Aboucar Soumah, à l’endroit des enseignants dispensant parallèlement les cours au privé et au public à bouder les salles de classe, ne semble pas produire l’effet escompté.

A s’en tenir en tout cas aux constats fait par l’un des reporters dans certains établissements scolaires de la capitale, il se dégage que certains enseignants du public évoluant dans le privé continuent à donner les cours.

De l’avis d’un enseignant rencontré au groupe scolaire Safia école dans la commune de Ratoma, cette invite du premier responsable du SLECG ressemble quelque peu à la ‘’folie’’.

« On ne peut pas suivre Aboubacar Soumah, parce que les écoles privées et publiques ne sont pas les mêmes. Au privé,  on paye un enseignant en fonction de ce qu’il fait » s’est justifié cet enseignant ayant requis l’anonymat.

Interrogé également sur la question, le directeur général de Safia-Ecole, Mamadou Malal Daillo a indiqué que ce choix revient aux enseignants, précisant qu’il n’a que trois enseignants qui se retrouvent dans cette situation.

« Chez moi, ils sont au nombre de trois enseignants du public qui enseignent ici. Pratiquement ce qui fait que ça ne peut pas affecter durement les cours chez moi. A ce jour, ils sont tous présents par rapport à leur emploi du temps. Donc c’est à eux de voir s’ils vont suivre leur secrétaire général » a réagit le directeur de Safia-Ecole.

Du côté du groupe scolaire Oumou Diaby, le conseiller pédagogique de cet établissement privé, Abdoul Karim Touré ne cache son opposition face à cette demande du SLECG à l’endroit des enseignants du privé. M. Touré appelle plutôt les responsables syndicaux à revenir aux meilleurs sentiments.

« L’appel d’Aboubacar ne nous intéresse pas. Il doit comprendre que les écoles privées, depuis leur première grève, n’ont pas eu des retombées. Les enseignants, qui ont été empêchés par ces mouvements de regagner leurs écoles respectives, ont vu leur salaire gelé par certains fondateurs d’école » a rappelé le conseiller pédagogique de Oumou Diaby.

Selon le juriste Maitre Adler, évoquant l’article 22 de la loi 028 portant statut général des fonctionnaires, les enseignants du public qui donnent des cours dans les écoles privées agissent en toute illégalité.

« L’article 22 de la loi 028 stipule que le fonctionnaire consacre l’intégralité de ses activités professionnelles aux tâches qui leur sont confiées. Il ne peut exercer à titre professionnel aucune activité privée lucrative », persiste et signe cet homme de droit.

S’il y a un enseignant qui travaille comme ça, poursuit Maitre Adler, ‘’ça veut dire qu’il a violé cet article’’.

En dépit de cette violation de la loi, Maitre Adler a estimé que le droit de grève doit respecter la liberté de travail. Et que l’Etat est en plein droit de ne pas payer un fonctionnaire gréviste.

« En tout état de cause, le droit de grève doit respecter la liberté du travail qui est aussi un principe à valeur constitutionnelle. (…..) C’est le travail qui est payé pas le travailleur. Donc l’État a le plein droit de ne pas payer un travailleur salarié qui ne travaille pas. C’est en conformité avec la loi » a conclu cet homme de droit.

Abdoulaye Kabac Camara

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