Pourquoi kamsar brûle ?

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A lors que l’on croyait avoir réglé l’électrification de la ville de Kamsar, l’obscurité y a fait un retour fracassant depuis quelques semaines. Aujourd’hui, les biens du maire de la commune rurale ont fait les frais de la colère des populations qui réclament à cor et à cris cette denrée si rare en Guinée.

Ce mardi 12 mai 2020, la commune rurale de Kamsar était en ébullition avec pour corollaires des manifestations violentes couronnées par la destruction de biens matériels et probablement par des blessés. Et pour cause, les populations de la banlieue réclament au maire de Kamsar la fourniture en électricité de leurs différents quartiers.

Débutée d’abord au sein d’une petite partie de la banlieue, la révolte a fini par gagner toute cette partie de Kamsar qui abrite l’écrasante majorité des 350 000 habitants de la commune rurale.

D’après une source sûre qui a préféré garder l’anonymat, la résidence du maire Cherif KIBOLA ainsi que ces véhicules privés ont été saccagés par des jeunes surexcités, hier lundi 11 mai vers 21 heures.

Dans la matinée du 12 mai 2020, selon cette même source, les manifestations ont repris de plus belle. Elles sont concentrées entre les quartiers de Filima et de Kayinguissa où des tirs ont été entendus. Malgré les images qui circulent sur les réseaux sociaux, il règne encore un flou sur le nombre de blessés.

Il y a près de 3 mois que la banlieue de Kamsar broie du noir. D’après notre source, tout est parti d’une tentative de mutualisation de la fourniture de l’électricité entre les différentes compagnies minières qui opèrent dans la zone, notamment CBG et GAC. Cette synergie  n’aura pas été suffisamment clarifiée entre les parties prenantes. Et la responsabilité de la fourniture du courant n’a pu être située de façon définitive. Conséquence, les générateurs se sont tus en banlieue.

La banlieue, c’est cette grande partie de Kamsar qui abrite 80% de la population, contiguë à la citée qu’elle abrite les travailleurs de la CBG et leurs familles et brille de tous les kilowattheures déployés en son sein par la centrale thermique de la compagnie. La cité et la banlieue sont les deux faces de cette Kamsar riche et pauvre. La cité, peuplée des travailleurs de la CBG et leurs dépendants, incarne ce Kamsar riche qui est devenu depuis 1973 le phare luxuriant de l’exploitation bauxitique de la Guinée. Il continue  de faire rêver bon nombre de jeunes qui évoluent dans ce secteur.

En face, vous avez cette banlieue, de véritables bidonvilles où s’entassent des familles pauvres. L’eau et l’électricité y sont données gratuitement par la CBG. Mais en temps de crise (pénurie de carburant pour les générateurs, panne technique sur l’un d’entre eux…), la compagnie priorise naturellement la cité où habite ses employés. Plongeant ainsi la banlieue dans le noir et rappelant brutalement à ses habitants qu’une entreprise fut-elle la plus grande du pays ne pourra éternellement jouer le rôle de l’Etat.

Au moment où nous allions sous presse, les forces de l’ordre ont été déployées aux points stratégiques de la ville en attendant de trouver une solution.

Alpha Oumar DIALLO

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