C e jeudi 26 octobre 2023, nous arrivons au mémorial du génocide situé dans le quartier Gisozi à Kigali. Première impression, la qualité de l’accueil en dépit du nombre de visiteurs : sécurité civile parfaite, courtoisie, guide d’informations, fluidité des mouvements, accessibilité des lieux…
Construit en 1999 et inauguré en 2004 à l’occasion de la célébration du 10ème anniversaire du génocide, ce site abrite les tombes de 259 000 personnes tuées lors du génocide de 1994. Le bâtiment est compartimenté de la façon suivante : la société Rwandaise avant, pendant et après le génocide.
Accrochée sur les murs d’une des pièces qui composent le mémorial, cette phrase à elle seule résume toute la raison d’avoir construit les lieux : “L’avenir de toute société dépend de sa capacité à comprendre son passé et à se réconcilier avec lui”.
En effet, je savais beaucoup de choses sur cette tragédie humaine à travers les médias et témoignages privés. Mais cette visite m’a amené davantage à comprendre l’ampleur de ce qui s’est passé. Et mieux, étant attaché à la question mémorielle, au delà des émotions ressenties, j’ai été impressionné par la manière dont le pays a remonté la pente de son histoire si douloureuse pour arriver à ce stade du développement économique et social.
J’ai encore une fois réalisé combien de fois la manipulation ethnique est un danger pour une société. Surtout lorsqu’elle est initiée et entretenue de façon malicieuse et hypocrite par les pouvoirs publics pendant plusieurs décennies. L’accumulation des frustrations liées à la discrimination et la stigmatisation, débouche inévitablement au chaos.
Je suis davantage convaincu, que tout pays ayant commis des injustices vis-à-vis de ses populations par le biais des dépositaires du pouvoir politique, administratif et militaire, ne trouvera jamais de bons repères aussi longtemps qu’il n’aura fait son examen de conscience collective; cela passe par la vérité, la justice et la réconciliation.
En définitive, les actes forts et les symboles illustratifs parlent mieux que les discours mielleux, trompeurs et négationnistes. Le traitement de nos mémoires détermine l’orientation de notre avenir commun.
Aliou BAH
Président du MoDeL