Au gabon, emmanuel macron dit avoir tourné la page de la « françafrique »

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L ‘âge de la Françafrique est révolu, a déclaré jeudi 2 mars Emmanuel Macron au Gabon où il participe à un sommet sur la protection des forêts tropicales. En tournée de quatre jours dans la région, le président français assure que La France est désormais un « interlocuteur neutre » sur le continent.

« Cet âge de la Françafrique est bien révolu », soutient Emmanuel Macron devant la communauté francaise du Gabon. Le chef d’Etat français assure que La France a tourné cette page, contrairement à ce que plus d’un continuent de croire. Il dit avoir parfois le sentiment que « les mentalités n’évoluent pas au même rythme que nous quand je lis, j’entends, je vois qu’on prête encore à la France des intentions qu’elle n’a pas, quelle n’a plus ». Comme pour renouveller ses propos tenus en novembre 2017, à Ouagadougou.

Par ailleurs, il souligne que la réorganisation militaire française qu’il a annoncée lundi 27 février dans un discours à Paris n’est « ni un retrait, ni un désengagement ».

Ces dernières années, la France s’efforce de rompre avec la « Françafrique », ses pratiques opaques et ses réseaux d’influence hérités du colonialisme. Mais sur le continent, on reproche toujours à Emmanuel Macron de poursuivre ses rencontres avec des dirigeants africains jugés autoritaires.

Le président français participe jeudi 2 mars à Libreville à un sommet baptisé One Forest Summit, co-organisé par la France et le Gabon consacré à la protection des forêts. Une réunion dont l’objectif n’est pas « de faire adopter de nouvelles déclarations politiques », ont souligné par avance les organisateurs.

Ils précisent que sa vocation est de  mettre en application les objectifs fixés par l’Accord de Paris sur le climat (2015) et la COP15 de Montréal sur la biodiversité (2022). Le premier vise respectivement la neutralité carbone en 2050 et le second tend à sanctuariser 30% de la planète d’ici à 2030. Ce, pour protéger les terres, les océans et les espèces de la pollution, de la dégradation et de la crise climatique.

Le chef de l’Etat français s’est d’abord rendu dans la matinée au parc de l’Arboretum Raponda Walker, l’une des aires protégées du littoral gabonais au nord de Libreville. Puis,  il a rencontré la communauté française du pays à la résidence de l’ambassadeur de France. Le chef de l’Hexagone participe cet après-midi du jeudi 2 mars à des rencontres avec des scientifiques, des ONG et des acteurs du secteur privés au palais présidentiel.

Le One Forest Summit a commencé dès mercredi avec des échanges entre ministres, société civile et experts sur plusieurs thématiques (gestion durable des forêts, biodiversité, financements).

Une influence française décroissante

La venue d’Emmanuel Macron a été décriée par une partie de l’opposition politique et de la société civile gabonaises. Il est accusé de venir « adouber » Ali Bongo alors que les gabonais sont appelés aux urnes cette année. Ali Bongo avait succédé à son père, Omar Bongo Ondimba, après la mort de ce pilier de la Françafrique ayant passé 41 ans au pouvoir.

Réélu dans des conditions controversées en 2016, l’actuel président gabonais sera probablement candidat à sa réélection cette année.

Le dix-huitième déplacement d’Emmanuel Macron en Afrique depuis son premier quinquennat a lieu au moment où l’influence et la présence française sont de plus en plus remises en question.

Depuis 2022, l’armée française a été poussée hors du Mali et du Burkina Faso par les juntes au pouvoir dans ces deux pays. Mardi premier mars, au lendemain du discours d’Emmanuel  Macron sur l’Afrique, le Burkina a également dénoncé un accord d’assistance militaire signé avec la France en 1961, l’année d’après l’indépendance du pays, auparavant colonie française.

Forte des mercenaires du groupe Wagner et de campagnes de désinformation qui alimentent le sentiment antifrançais, la Russie dame de plus en plus le pion à Paris dans cette sphère d’influence française historique.

Emmanuel Macron a exposé lundi 27 février depuis Paris sa stratégie africaine pour les quatre ans à venir. Il a prôné « l’humilité » et encouragé un nouveau partenariat « équilibré » et « responsable » avec les pays africains. Il a également annoncé une réduction de la présence militaire française, concentrée depuis dix ans sur la lutte contre le jihadisme au Sahel.

Une année électorale

Après le Gabon, le président français se rendra en Angola où il signera un accord visant à y développer la filière agricole, puis au Congo et en République démocratique du Congo.

Il fera ensuite une brève escale à Brazzaville, où Denis Sassou Nguesso dirige d’une main de fer le Congo depuis près de 40 ans. Une rencontre qui risque là encore d’apparaître à contre-courant de son discours de lundi.

Il conclura sa tournée en RDC, ex-colonie belge mais aussi plus grand pays francophone du monde. Il doit rencontrer le président Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019, qui se prépare à une échéance électorale cette année.

Cette étape peut également s’avérer délicate alors que la France est accusée en RDC de prendre le parti du Rwanda, accusé par Kinshasa  de soutenir le « M23 », rébellion active dans l’est congolais. Un soutien qui a été corroboré par des experts de l’ONU mais reste nié en bloc par Kigali.

AFP

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