Le Directeur de Programme N’ko à l’Université Kofi Annan de Guinée ne décolère pas contre ceux qui critiquent la pharmacopée traditionnelle dans le traitement du Coronavirus dans son pays. Nafadji Sory Condé se demande si la pharmacopée traditionnelle n’a pas le droit à la recherche en Guinée.
Tribune !
La Guinée est un pays vraiment atypique.
Le radiothérapeute Mamoudou Kotéban Camara a révélé avoir un produit qui serait efficace dans le traitement du coronavirus. Il a demandé à l’Etat l’autorisation de tester son produit fait à base de plantes naturelles sur des malades testés positifs.
Dr Sayon Sidibé, sur un site d’informations de la place, autorité sanitaire de la préfecture de Kankan, a rejeté le produit en le taxant de faux médicaments sans aucune vérification. Cette démarche surprend tout observateur averti de nouvelles orientations sanitaires qui appellent les chercheurs locaux à se battre contre cette pandémie.
Les autorités sanitaires du pays doivent donner à notre radiothérapeute l’opportunité de tester son produit. Où est le problème ? Nous consommons déjà des médicaments modernes faux et illicites. Personne ne s’en offusque. Personne n’est exigeant. Mais s’il s’agit d’un produit naturel sans effet secondaire à base de plantes, on voit toute l’exigence de l’africain complexé et aliéné.
La médecine traditionnelle élaborée par Solomana KANTÈ, l’inventeur de l’alphabet N’ko, a fait l’objet de nombreuses études universitaires américaines et françaises, la viabilité de ce modèle médical traditionnel amélioré a séduit l’organisation ouest africaine de la santé.
Les intellos semis lettrés que nous sommes avions toujours été habitués qu’à appliquer les recommandations et les enseignements venus de l’extérieur. Mais nous n’avons pas compris que le monde bouge et que les préjugés à l’encontre de la médecine traditionnelle sont en train de tomber en miettes et de nombreux pays européens, asiatiques et africains, voire certaines organisations internationales, intègrent la thérapie naturelle dans leur système de santé.
C’est dans ce cadre que je place la réaction de Docteur Sayon Sidibé, DPS de Kankan, qui rejette le produit sans l’avoir testé au laboratoire, ni vérifié sur des malades. C’est une réaction en déphasage avec les réalités actuelles. Il aurait dû fonder son jugement sur le fait scientifique.
Au moment où le président ivoirien Alhassane Dramane Ouattara a fait intégrer la médecine traditionnelle dans le système de Riposte Covid-19; au moment où le ministère de la santé du Benin a testé l’efficacité d’un produit conçu par un chercheur en médecine traditionnelle ; En Guinée, certains pharmaciens et médecins modernes dont la condescendance et l’arrogance à l’égard de la médecine traditionnelle frôle le mépris, n’ignorent ils pas que les molécules de synthèse fabriqués en laboratoire dans la fabrication des médicaments sont issues pour la plupart des plantes ?
Les médecins traditionnels, malgré toute la diabolisation dont ils sont victimes, car gênant les intérêts des représentants locaux des firmes pharmaceutiques étrangères, ont pourtant l’avantage d’être une valeur ajoutée à notre société.
Le complexe de l’africain qui ne crée rien doit laisser la place à l’encouragement des initiatives locales. Cependant, le scientifique Diop avait expliqué les raisons du complexe d’infériorité de l’intellectuel africain mentalement : « le poison culturel savamment inoculé dès la plus tendre enfance est devenu partie intégrante de notre substance et se manifeste dans tous nos jugements »
Vivement, je sollicite auprès des autorités sanitaires du pays, de permettre à ce radiothérapeute de tester l’efficacité de son produit à base de plantes naturelles. La Guinée ne perd rien d’essayer. Si le produit est déclaré efficace, comme en Chine, le pays pourrait l’utiliser comme complément dans la riposte contre la covid-19. S’il est inefficace, les recherches continueront et ça se déroule comme ça partout au monde.
Enfin, il est temps que l’Etat joue pleinement son rôle dans la valorisation de la médecine traditionnelle dans notre système de santé en l’encadrant par des textes juridiques et réglementaires. Toute la société aura à y gagner.
Nafadji Sory CONDE, Chercheur en développement communautaire
Directeur de Programme N’ko à l’Université Kofi Annan de Guinée