Liberte de la presse : les radios privées guinéennes dans l’œil du cyclone

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 Plusieurs radios privées de Conakry ont été fermées depuis le 11 décembre 2017. C’est une décision du Ministère des Postes et Télécommunications et de l’économie numérique de rentabiliser le secteur des Télécoms. Depuis le lundi dernier, l’ARPT (l’Agence de Régulation des Postes et Télécommunication) a entamé une campagne de réduction au silence des radios privées, officiellement, pour des raisons fiscales. Mais, selon certains observateurs, ces radios privées sont jugées pour la plupart très critiques à l’encontre du pouvoir de Conakry. Les différentes parties ont entamé des négociations pour la réouverture dees radios d’une part, et la suspension de cette campagne d’autre part, au terme d’un échéancier de payement accepté de tous.

Dans un courrier adressé aux médias indépendant depuis plusieurs jours, l’ARPT a invité les promoteurs de radios à la régularisation des dossiers administratifs et financiers. Le ministre desPostes et Télécommunications et de l’économie numérique Moustapha Mamy Diaby précise :

« Il y a aujourd’hui beaucoup de radios, beaucoup de promoteurs qui, malgré toutes les garanties techniques, légales et réglementaires que l’Etat met à leur disposition, refusent parfois de respecter les caractéristiques techniques et les obligations liées au payement des redevances. Il y a eu plusieurs interpellations et plusieurs prises de contacts. A un moment donné, il appartient à l’Etat de prendre des dispositions pour faire en sorte que les lois soient respectées. Et je voudrais vous rassurer que, tout ce que nous faisons dans ce sens, nous le faisons dans le respect strict de la loi.»

Selon les chiffres publiés dans les médias, ces radios privées doivent à l’Etat un montant de  6 milliards 34 millions 546 mille francs guinéens. Le président de l’URTELGUI (l’Union des Radios et Télévisions Libres de Guinée), Sanou Kerfala Cissé, précise que le chiffre a été revu à la baisse : « les chiffres ont beaucoup évolué. Du moment que Sabari Fm, Love fm, Lynx fm, Tamata fm ont payé l’intégralité de l’exercice 2016. Espace Fm a payé 2015 et 2016. Donc ce montant n’est plus d’actualité. Il n’est plus exact ». 

Suite à la fermeture de plusieurs radios, les associations de presse (AGEPI, AGUIPEL, URTELGU…) ont tenu une réunion d’urgence le mardi 12 décembre à Conakry. Aux termes de plusieurs heures de concertation à huis clos, une déclaration commune a été rédigée :

« les radios et organes d’information qui ne disposent pas d’un agrément, d’une licence sont interdits…L’assemblée a demandé pour le payement des redevances en tenant compte des difficultés que rencontrent les journalistes et la précarité des entreprises de presse, d’accorder du temps pour le paiement des redevances ainsi que pour les autres obligations » a déclaré le président de l’AGEPI Iboun Conté.

Interrogé par notre quotidien en ligne, le ministre des Postes et Télécommunication a regretté la fermeture de ces radios tout en déplorant la négligence de certains promoteurs de radio : 

« Quand vous avez une licence, vous avez un agrément ou une autorisation, ces différents documents ont une durée de vie. Cette durée de vie, une fois qu’elle arrive à échéance, je pense qu’il est normal pour tout entrepreneur de ne pas attendre d’abord son expiration pour venir demander les conditions de renouvellement de ces différents documents. » a précisé le ministreMoustapha Mamy Diaby.

Pour la réouverture d’une radio privée de la banlieue de Conakry, l’ARPT  a mis la barre très haute avant de fixer le premier payement à 40 million GNF, accompagné d’un calendrier de payement mensuel ; jusqu’à l’épuisement des arriérés estimés à plus de 138 millions pour cette radio.  Et l’administrateur de cette radio propose 5 millions pour le premier payement. Les négociations se poursuivent.

Le ministre conseiller spécial du président de la République, Tibou Camara, s’est impliqué pour un dénouement rapide de la crise :

 «Il faut que la presse continue à exister pour que la démocratie vive dans notre pays. Je peux donc vous rassurer que malgré les incompréhensions de vos membres, la relation avec la presse, en ce qui concerne le chef de l’Etat (Alpha Condé), il n’a jamais été ébranlé dans ses fondements et les valeurs  qu’il a eu à partager à une certaine époque de sa vie. Et jusqu’à maintenant d’ailleurs. Le meilleur est à venir dans les relations entre la presse et chef de l’Etat » dixit Tibou Camara

Pour renouveler la licence d’une radiodiffusion, les services techniques de l’Etat auditent le comportement de la radio quant au respect des dispositions légales et réglementaires et du contenu du cahier des charges qui a été donnée au moment de l’établissement.

Par BAH Mohamed

 

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