Les peuples de la forêt de jacques germain

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Jacques Germain fut l’administrateur en chef des affaires d’outre mer, je ne sais pas s’il effectua un voyage en Guinée ou s’il se contenta des rapports des colons pour faire le livre.
Dans son livre, il parle des différentes ethnies de la guinée forestière dont les Guerzé, mon groupe ethnique.

Ce livre fut indirectement à l’origine de notre documentaire (Helène Faucherre et moi) sur la forêt sacrée. J’étais de passage à Genève quand un ami de parla du Musée d’Ethnographie et que l’on y trouve des livre sur toutes les ethnies du monde. Un livre sur les Guerzé, j’étais curieux de le découvrir et une fois au musée, Peuple de la Forêt était le seul livre qui parlait de nous.

A la fin du premier chapitre, j’ai dit au bibliothécaire qu’il y avait des passages qui étaient faux ; sa réponse fut « Dans ce cas Mr, écrivez un livre… »’
Ne me sentant pas écrivain à l’époque, l’idée me vint de faire un documentaire et comme je ne faisais pas de la réalisation non plus, je fis appel à la réalisatrice Suisse Hélène Fauchèrre. Le documentaire « Qui a encore peur du Nyamou » fut diffusé par Planète, TV5, la seconde chaine ivoirienne etc.

J’ai reçu des messages des gens qui font des études sur la culture Kpèlè et qui font référence à ce livre. Ils me demandent s’il y a encore des forêts sacrées.

Pour être bref, le rite d’initiation et de formation du Gerzé a pour nom « Pölon », je dis bien initiation et non rite de passage de l’adolescence à l’âge adulte (faux), les photos faites par un prêtre blanc dans un camp (vers 1930) sont formelles; les Guerzé y allaient à tout âge.

Ils y apprenaient la chasse,  l’agriculture puisqu’ils cultivaient pour leurs nourritures, la médecine par les plantes, l’art de la guerre etc. La formation durait 7 ans et à cause de tous les secrets et mythes autour de l’événement, les initiés ne devaient pas être vus par les femmes et les non initiés.  Le camp était alors installé dans un endroit reculé de la forêt.

Pour cultiver, on coupe les arbres, on brule les feuilles donc au bout de 7 ou 14 ans, le camp était moins caché et dans ce cas on changeait de lieu.
A l’arrivée des français, on leur a dit qu’ils ne pouvaient pas aller dans ces camps parce qu’ils ne sont pas initiés. Les premiers interprètes qui avaient un vocabulaire limité en français et la compréhension  des français, donnèrent le nom forêt sacrée ; des animistes qui adorent des arbres etc.
Je dis toujours lisez ces livres, prenez des faits et attention aux interprétations.

Les interprétation des colons ont un seul but, justifier en occident que « les africains sont des sauvages a qui nous apportons la civilisation ».

Ce sont les français qui réduisirent les durées des initiations, de 7 à 5, à 2 et enfin à un an.    Le régime de Sékou Touré le supprima purement et simplement « La démystification ».

Sous Lansana Conté, des forestiers demandèrent l’autorisation de reprendre ces rites, c’est pourquoi, certains le font en 1, 2 ou 3 mois. C’est une autre histoire.
Dans la conclusion du film, j’avais dit qu’avant l’arrivée des blancs, nous avions nos centres de formation.  Les Tomas ont une écriture et une monnaie. A mon interlocuteur, en fonction des explications données et suite à mes recherches, j’ai dit il n’y a jamais eu de forêt sacrée. C’est mon avis.  Le blanc a donné ce nom et nous continuons à l’utiliser.

Le retour du Polon était l’occasion de la plus grande fête kpèlè et les initiés de la même promotion avaient de solides amitiés.
Tout comme de nos jours, nous avons toujours du plaisir à retrouver nos amis de promotion.

Par Paul Théa

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