Les actes de nanfo nuisent-ils à la progression de l’écriture nko?

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C ‘est une question qui était revenue dès la première crise qu’avait provoqué le chroniqueur islamique Nanfo Ismael Diaby en officiant la prière en langue Maninka lors de la nuit du destin en 2019 qui avait été suivie d’une sanction de la part de la ligue islamique régionale de Kankan.

Beaucoup de personnes avaient estimé que l’acte de Nanfo nuirait aux progrès de l’écriture N’ko et à son image dans la conscience collective. D’après ces prévisions plutôt alarmistes, les parents d’élèves retireraient leurs enfants des écoles N’ko qui seront taxées à tort comme étant les pépinières de l’idée de Nanfo.

La réalité a démontré plutôt le contraire. Les gens font bel et bien la différence entre le N’ko et la religion. Même si les utilisateurs du N’ko sont majoritairement musulmans, le mouvement culturel N’ko est plutôt laïc et accepte en son sein toutes les idées, toutes les tendances philosophiques et religieuses. La traduction de la bible et des évangiles dans les années 1990 en sont des symboles.

Dans le mouvement N’ko, il y a une minorité restée fidèle à la religion traditionnelle africaine et au culte des ancêtres.

L’opinion est suffisamment bien informée que le N’ko est un système d’écriture qui est un catalyseur pour la promotion des langues africaines dans divers domaines scientifiques, techniques, technologiques, culturels et socio-économiques.

Le N’ko a énormément d’atouts et de cartes à jouer en se repositionnant parmi les leaders africains dans la lutte contre l’analphabétisme et pour l’innovation technologique dans les langues africaines.

En témoigne le travail intellectuel méticuleux  et sérieux abattu par les différentes structures dynamiques du mouvement.

Quel impact sur le N’ko à propos de l’acte de Nanfo

On ne pourrait pas dire que l’acte posé par Nanfo est sans conséquence sur l’évolution du mouvement intellectuel N’ko. Cela doit être observé sur le long terme.

Mais à court terme, d’après certains leaders du N’ko :

À chaque fois que la crise de Nanfo éclate, c’est de la publicité gratuite pour le N’ko qui attire de plus en plus d’intellectuels laïcs, de scientifiques, de révolutionnaires et des gens de qualité intellectuelle qui veulent une Afrique libre et indépendante culturellement.

Les centres de formation N’ko sont parfois débordés en atteignant la limite de leurs capacités.

Cependant à Kankan, certains parents d’élèves avaient exprimé des inquiétudes. D’après Mr Sidibé, Fondateur d’une Ecole élémentaire N’ko-Français dans la commune urbaine de Kankan, les programmes sont les mêmes que pour les écoles classiques et que cela a plutôt rassuré les parents d’élèves.

Les directeurs des centres de formation N’ko à l’intérieur du pays, à Conakry, en Afrique et en occident signalent tous une augmentation des inscriptions de nouveaux apprenants. Cette information a été confirmée par le directeur de l’Institut N’ko à Matoto et par le chef de département N’ko de l’Université Kofi Annan de Guinée à Conakry.

Par ailleurs, d’après Sory Wouyankinin Kaba, promoteur des cours à distance établi en Italie, il estime que le nombre des inscrits sur ses cours N’ko sur Whatsapp a triplé ces deux dernières années (2019-2020).

En conclusion, le scénario catastrophe prédit par certains analyses de tous ces événements à propos de l’avenir du N’ko n’est réel que dans l’imaginaire de ceux qui y croient. Il n’y a pas péril en la demeure tant que les promoteurs de l’écriture N’ko continueront à travailler de façon acharnée sur le chemin de l’entrepreneuriat, de la science, de la technique et de la technologie.

Nafadji Sory CONDE, analyste sociolinguiste.

Académicien N’ko.

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