Guinée: la surcharge des véhicules, un phénomène endémique sur les routes

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U ne image récente, largement diffusée sur les réseaux sociaux et dans les discussions privées, illustre de manière spectaculaire un phénomène endémique sur les routes guinéennes. Il s’agit de la surcharge abusive des véhicules .

Sur la photo, un véhicule de transport en commun, communément appelé “ Taxi “ est littéralement écrasé sous un amas de marchandises et d’objets divers, sanglé d’une manière périlleuse et dépassant de très loin le gabarit légal.

Ce cliché, au-delà de l’anecdote, met en lumière un problème de fond qui engage la sécurité routière, la durabilité des infrastructures et la question de la gouvernance dans le secteur du transport.

​La circulation de véhicules lourdement surchargés, comme celui visible sur l’image, constitue un gros risque d’accident.

La surcharge affecte non seulement la tenue de route, mais aussi le freinage, la visibilité et la stabilité du véhicule, mettant en danger son conducteur, ses passagers, ainsi que les autres usagers de la route.

Et pourtant, le Code de la Route guinéen et les réglementations de la CEDEAO (dont la Guinée a ratifié l’acte additionnel sur le contrôle du gabarit, du poids et de la charge à l’essieu) fixent des normes claires.

La loi prévoit des sanctions, notamment des amendes substantielles et l’immobilisation du véhicule, pour toute infraction relative au gabarit et au chargement.

De plus, la surcharge accélère de manière exponentielle la dégradation précoce des routes bitumées, dont la réhabilitation coûte des fortunes au budget national.

Interrogé sur cette pratique devenue fréquente, Abdoulaye Diallo, chauffeur depuis plus de quinze ans, estime que la responsabilité est partagée.

« Les gens pensent que ce sont les chauffeurs qui veulent surcharger, mais souvent ce sont les clients qui insistent. Ils veulent que tout parte en un seul voyage », explique-t-il, en reconnaissant toutefois le danger de cette pratique.

« Quand le véhicule est trop chargé, tu sens que la direction bouge et le frein répond difficilement. Mais si tu refuses, tu perds la journée. Si les contrôles étaient stricts, personne n’oserait charger comme ça. »

Des usagers inquiets mais résignés

Du côté des voyageurs, l’inquiétude est là, même si la résignation s’installe. Mariam, commerçante, raconte son expérience sur la route de Kindia.

« On était serrés à l’intérieur, et le toit était chargé jusqu’à pencher. J’avais peur tout le long du chemin. Mais que faire ? On n’a pas d’autres moyens de transport », raconte cette dame.

Abondant dans le même, Ibrahim Condé, un autre usager de la route Conakry- Kankan, croisé à la gare routière de Matam, dénonce le laxisme des agents de la police routière.

« La surcharge, c’est dangereux, tout le monde le sait. Mais parfois, c’est la police qui laisse passer après une petite discussion», déplore-t-il.

Souvent accusés de laxisme, certains agents de la sécurité routière affirment faire face à des contraintes.

« On arrête beaucoup de véhicules surchargés, mais il y a trop de pression. Les gens veulent voyager, les chauffeurs veulent travailler. Et nous, on n’a pas toujours les moyens de faire appliquer les règles à la lettre », indique l’un d’eux.

Les syndicats, entre rappel à l’ordre et critiques

A l’Union Nationale des Transports Routiers de Guinée (UNTRG), un responsable affirme que l’organisation tente de discipliner les conducteurs.

« Nous sensibilisons régulièrement. On explique que la surcharge met des vies en danger et abîme les routes. Mais certains chauffeurs n’écoutent pas », a confié ce responsable syndical.

Nécessité d’une Action Concertée

Face à la persistance du phénomène, plusieurs observateurs appellent à une mobilisation plus ferme des autorités. Ils préconisent un renforcement des contrôles, l’application stricte des sanctions prévues, ainsi qu’une responsabilisation accrue des syndicats et des agents sur les axes routiers.

Pour eux, seule une action coordonnée des ministères concernés (Transports, Sécurité et Infrastructures) permettra de restaurer la discipline et de garantir la sécurité sur les routes guinéennes.

Fatoumata Camara 

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