L’affaire oyé guilavogui, quel impact sur la politique guinéenne ?

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Le dimanche dernier, sur les ondes des médias d’État, le décret de nomination du Ministre d’État Oyé Guilavogui a enfin été rendu public. Ce décret, faut-il le souligner, était un secret de polichinelle. Le seul hic dans l’affaire se résumait à cette question plutôt saugrenue : après des résultats médiocres enregistrés au département des télécoms puis du Transport, quel serait le nouveau portefeuille qu’occupera Monsieur Guilavogui ? étant entendu que le seul département encore vacant était le Ministère de l’élevage pour lequel, Oyé Guilavogui avait opposé une fin de non-recevoir. Ce qui, dans la gouvernance Condé, peut être perçu comme un fait inédit.

En effet, jusqu’ici, l’une des caractéristiques essentielles du Président Alpha Condé était son côté d’homme politique intraitable. Mais, il faut le reconnaitre, la témérité du Ministre d’État Oyé a fortement ébranlé cette image que l’homme fort de Sékhoutoureya laissait apparaitre et qui, ma foi, constituait une part importante de la personnalité de ce dernier. Cette nouvelle donne dans la lecture de la première personnalité de l’État Guinéen, rappelle chez maints observateurs, les souvenirs catastrophiques ayant caractérisés la fin de règne chaotique du président General Lansana Conté. Ce dernier, souffrant de sénilité, les dernières années de son régime ont été marquées par des décrets et des contre-décrets qui pullulaient suivant les desiderata de son entourage immédiat.

Ceci dit, la nomination de Oyé Guilavogui comme Ministre d’État en charge de l’Environnement, des Eaux et Forêts en remplacement de Monsieur Roger Patrick Millimono reconduit comme Ministre de l’Elevage ; cela après quelques jours de sa prise de fonction comme Ministre de l’environnement. Cette action du président Condé, faut-il le marteler, a énormément défrayé la chronique.

En dehors des inquiétudes évoquées précédemment, ce remaniement, quoiqu’insignifiant (une simple permutation), depuis quelques heures, fait l’objet des surenchères les plus fantasques. Ces spéculations bien qu’elles fusent de partout et dans tous les sens, on peut toutefois remarquer une fissure dans la ligne tenue par les thuriféraires des cellules de communication du parti au pouvoir.

Par ailleurs, cette dernière victime des caprices du Ministre d’État Oyé Guilavogui n’est pas n’importe qui dans le gouvernement. Monsieur Roger Patrick Millimono était non seulement un dignitaire proéminent du feu GPT mais surtout un homme de confiance du Premier Ministre Kassory Fofana. Cet acte du Chef de l’Etat, bien qu’il soit discrétionnaire, représente un véritable camouflet à l’endroit de son Premier Ministre qui pourtant, avait été vendu à l’opinion comme une personnalité forte, capable d’affirmer son aura et de se démarquer des anciens Premier Ministres fantoches.

Cette actualité a, telle une onde sismique qui fissurerait un sol apparemment imperméable, montré au grand public les guerres d’influence qui secouent, dans ces entrailles les plus sensibles, le parti au pouvoir. Cette guerre d’intérêt et de leadership se déroule entre d’un côté, les caciques du RPG (hostiles aux arrivistes) et de l’autre, les militants dits de la « 25ème heure ».

Du reste, ces dernières évolutions dans la politique Guinéenne réconfortent la position des sceptiques, mais surtout des pessimistes pour lesquels, le RPG arc-en-ciel serait devenu un géant aux pieds d’argile dont la survie est tributaire des prouesses de son timonier.

CHERINGAN

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