O mniprésent dans le débat politique depuis les réseaux sociaux, Pepe Moriba est une figure connue de l’arène politique guinéenne. Dans cet entretien, il s’exprime sur son appartenance à l’UFR ainsi que l’affaire des 21 millions de dollars détournés à la BCRG qui l’a conduit à sortir du silence.
Quelle est votre lecture par rapport au détournement des 21 millions de dollars de la BCRG ?
Il n’y a pas que les 21 millions de dollars. Vous avez d’autres montants qui, tantôt s’évaporent, on dirait dans un laboratoire chimique, tantôt se volatilisent comme les volailles. Le pays est dans une situation qu’on n’a jamais connue par le passé. Des détournements à ciel ouvert çà et là.
Nous avons des régies financières de l’État dont les recettes n’ont jamais été trouvés malgré les déclarations pendant les sessions budgétaires à l’Assemblée nationale. Je peux citer à titre d’exemple l’ARPT dont on vient de découvrir neuf millions d’euros dans un compte bancaire appartenant à son ancien Directeur Général et actuellement ministre de tutelle.
Nous ne savons pas ce qui se passe à la LONAGUI depuis son rattachement à la présidence de la République. Mais pendant ce temps vous avez des sociétés de loterie qui font plus 4 milliards de revenus par jour en Guinée. Si ces sociétés reversaient 18% à l’État en matière de TVA et autres taxes, on se retrouverait à 259,6 milliards par année. Je veux vous expliquer combien de fois notre pays évolue dans une situation de cafouillage où chaque cadre de l’administration publique cherche à profiter au maximum parce qu’il faut le dire, c’est le président de la République et son Premier ministre qui sont maîtres en la matière. Laissez-moi vous le prouver : en 2011, le Président Alpha CONDÉ a été le premier à donner une orientation douteuse aux 700 millions de dollars de RIO TINTO. Jusqu’ici, personne ne sait ce que cette somme est devenue. Cela a fait que malgré tout ce qui a été promis depuis 2010, à savoir « il faut attacher les ceintures », « PPTE », « 11ème FED », jusqu’au 20ème FED (je ne sais plus), les résultats ont été que notre pays a fait énormément de déficits budgétaires.
Cela est dû aux dilapidations des ressources financières dont nous disposons. Ainsi va la mal gouvernance qui caractérise ce pays depuis de 2010. Alors, si vous me demandez ma lecture sur les 21 millions de dollars, je vous dirai que c’est la suite logique d’une chose qui a commencé depuis 2010. Si vous n’êtes pas d’accord, allez demander aux gens du RPG pourquoi ils ne parlent plus de « mains propres de leur Président ». C’était pourtant leur slogan avant 2010.
On vous taxe d’être à la solde de l’UFR alors que vous déclarez être président d’une formation politique. Qu’en est-il concrètement ?
Il est tout à fait normal pour des gens qui n’ont pas de rêves de penser que nous sommes faits pour rester toujours de la même manière, sans évoluer ! C’est ce qui peut pousser des gens à parler ainsi.
Par ailleurs, il est vrai que j’étais un militant de l’UFR. Il faut bien que je reprenne : « j’étais un simple militant de l’UFR ». J’ai soutenu les idéologies de développement de notre pays tel que prôné par le Président de l’UFR, Sidya TOURÉ qui, il faut le reconnaître, est le politicien guinéen le plus responsable.
C’est avec conviction que je dis cela. Donc tout ce que les gens m’ont vu faire pour l’UFR que ce soit sur le terrain comme sur les médias sociaux, je l’ai fait de manière volontaire. Mais, aujourd’hui j’ai eu à l’idée, avec d’autres amis et connaissances, de faire autrement notre combat politique et cette fois-ci, en nous présentant nous-mêmes au peuple. À l’UFR, j’étais un simple militant, mais là je viens en tant que responsable politique qui a quelque chose à proposer au peuple de Guinée. Nous avons de l’ambition pour ce pays et nous avions besoin d’un espace libre pour nous exprimer nous aussi.
Vu notre âge et notre détermination connue, cela devrait plutôt tiquer les gens au lieu de raconter des balivernes.
Pour l’heure, nous avons de bons rapports avec tous les républicains de Guinée et nous ferons en sorte que les choses changent positivement dans notre pays.
Idrissa KEITA
