Installation des élus communaux: à malin, malin et demi

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N ul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. C’est la formule qui colle le plus, avec ironie au contexte politique actuel, marqué par une tension vive entre les différends protagonistes et leurs partisans.

Les innocentes populations se retrouvent dans le piège des politiciens aux esprits étriqués et ne savent plus où donner la tête. Leurs voix ont été purement et simplement dérobées pour asseoir les choix d’hommes politiques avides de pouvoir.

Mais aujourd’hui, à voir le tournant saugrenu qu’a pris l’installation des fameux élus et dans ce climat délétère, l’on ne peut s’empêcher de faire échapper un coin de rire.

Les populations à la base et tous ceux qui ont mis en garde contre la violation de la loi devraient être rieurs en ce moment. Ce moment oú les principaux fossoyeurs de la loi se regardent en chien de faïence et se font des coups aussi tordus que le baiser de Judas.

Dans la réalité, l’UFR, le RPG et l’UFDG avaient signé des accords pour mieux se partager le vote des électeurs dans l’installation des exécutifs communaux. Mais chacun d’eux avait son agenda caché. Ainsi à Dubréka, l’UFDG s’est bien abstenu de présenter Mackiou Sall comme convenu dans le fameux accord, mais a voté pour Salifou Sylla, le «mauvais candidat» du RPG puisqu’étant dissident de ce parti. Malgré ce double jeu  de l’UFDG le «bon candidat» du RPG Almamy Seny Bangoura est élu. L’UFDG mord la poussière.

A Kindia, le RPG renvoie l’ascenseur à son partenaire. Officiellement, il ne présente aucun candidat mais soutient celui de l’UDG de Mamadou Sylla. Dans une atmosphère électrique, Abdoulaye Bah et scie sont expulsées hors de la mairie et le «coup communal» passe comme une lettre à la poste.

A Boké, c’est le parti du haut représentant qui crie à la trahison. Son candidat Tawel Camara s’allie à l’UFDG et se rallie au RPG pour briguer la direction de la commune.

Il n’y avait donc aucun doute sur ce désaccord qui persiste aujourd’hui entre les belligérants puisque le RPG arc–ciel n’a jamais tenu à respecter ses engagements. Ni dans les accords politiques ni avec le peuple envers lequel, il a pourtant un pacte social. Le fait que le principal parti de l’opposition s’accoquine avec le pouvoir en place pour violer les lois, douche les espoirs de voir évoluer une classe politique véritablement républicaine. Une classe politique qui ne verse nullement dans la violation des lois et qui manifeste son attachement aux valeurs cardinales de la démocratie. Au lieu de cela, l’UFDG succombe aux mélodies des sirènes machiavéliques. C’est la fin qui justifie les moyens.

Si le processus d’installation des maires suscite autant de déchainements de violences et de chaos, que dire alors de l’installation des chefs de quartiers au prorata de la composition des conseils communaux ? Le risque reste donc élevé puisque loin du renforcement de la décentralisation, les vrais enjeux de ces communales restent le contrôle des maires et des chefs de quartiers par les politiques. Les chefs de quartiers sont les clés de voûte des scrutins électoraux en Guinée. De l’établissement du fichier électoral au jour du scrutin en passant par la distribution des cartes électorales, ils sont au centre de toutes les opérations de terrain. A plusieurs reprises, l’opposition a dénoncé les chefs de quartiers comme étant  les véritables artisans de la fraude par la confiscation de cartes électorales des présumés partisans de l’opposition ou en dissimulant des urnes après les opérations de vote. En voulant vaille que vaille sauvegarder leurs intérêts, les partis en liste pour ces communales ont montré à quel niveau ils sont prêts à partir. Quitte à marcher sur la loi et les morts. Ils sont tombés dans le puits qu’ils ont creusé. Ils ont voulu être malins alors qu’ils auraient dû être intelligents.

Alpha Oumar DIALLO

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