Infrastructures : la route nationale coyah – forécariah, un calvaire pour les usagers et un parcours du combattant pour les transporteurs

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A lors que le gouvernement guinéen a bouclé récemment le financement de la réhabilitation de la route nationale Coyah – Forécariah auprès de ses partenaires à hauteur de 78,08 millions d’euros, soit 778,46 milliards de francs guinéens, le projet tarde toujours à voir le jour.

Une situation qui inquiète les usagers de cette route. De nos jours, cette route nationale, qui relie la Sierra Leone à la Guinée, se trouve dans une situation de dégradation très avancée. Il suffit d’y faire un tour pour constater les faits : d’énormes nids de poule ou plutôt de véritables crevasses auxquels succèdent de rares morceaux de goudrons en voie de disparition, des véhicules embourbés, bref la nationale Coyah – Forécariah ressemble aujourd’hui à champs de patates.

Et en cette saison pluvieuse, la route est quasi impraticable. D’une distance de 75 km qui se parcouraient jadis en deux heures contre quatre ou cinq heures actuellement. Ce qui constitue une traversée du désert pour les usagers : « la traversée Coyah – Forécariah est un vrai casse-tête pour nous. On peut faire toute une journée sur cette route à cause de son actuel état très lamentable », a lancé Bouba Touré, un usager de cette route.

Dans cette situation difficile, les transporteurs payent le plus lourd tribut, plusieurs véhicules sont embourbés et prennent plusieurs heures voire des jours à s’en sortir, certains ont des pneus crevés et d’autres ont leurs ressorts de suspension détachés. C’est le cas de Léa, un taxi-maître inconditionnel de cette route : « Ça fait deux jours que mon véhicule est en panne alors que j’ai un rendez-vous important à Freetown. Cette route est impraticable surtout en cette saison hivernale et on dirait que Forécariah n’est pas en guinée », a-t-il lâché l’air très colérique.

Pour Mohamed Fofana, un autre chauffeur, les accidents de la circulation sont aussi fréquents sur cette route dégradée surtout quand la nuit tombe : « la nuit, on a du mal à circuler sur cette route. Une fois, un véhicule a violemment percuté un autre qui était en panne au beau milieu de la route. Il y avait eu des blessés dont deux dans un état critique », a-t-il témoigné.

Cette dégradation commence déjà à affecter les activités économiques de cette localité, car les riverains ont du mal à convoyer leurs marchandises à Conakry pour les écouler. Mariame vient de l’île de Kaback avec sa cargaison de poissons séchés, mais le mini bus qu’elle a emprunté est en panne à Maférinyah depuis plusieurs jours. La jeune dame dans tous ces états, n’en revient toujours pas « j’ai acheté du poisson séché à Kaback pour une valeur de 10 millions de nos francs, mais ça fait deux jours qu’on est bloqué sur cette route. Ma cargaison commence déjà à pourrir, donc je suis obligé de les écouler ici avec des risques, car je vais les vendre à bas prix pour que je ne perde pas, ça me dépasse », soupire-t-elle.

Un riverain que nous avons rencontré au pont de Fandjé à la rentrée de Forécariah, lui, a pointé un doigt accusateur sur le gouvernement et certains cadres de la localité : « le gouvernement du président Alpha Condé a complètement oublié Forécariah, sinon comment il peut abandonner une route aussi importante, qui relie le pays à la sierra Léone se dégrader d’une telle manière ? Mais les fils de Forécariah ont leur part de responsabilité là-dedans, car sous le régime du président Condé, tous les premiers ministres sont de la localité, mais ils n’ont rien fait ici, c’est vraiment révoltant », nous a confié Amara SOUMAH.

Face à cette situation alarmante, les usagers de cette route demandent à l’État de vite agir : « gouvernement du Premier ministre Kassory Fofana, ayez pitié de nous maintenant, car on souffre beaucoup sur cette route-là. Il faut réhabiliter cette route le plus tôt que possible sinon Forécariah sera très bientôt coupé du reste de la guinée », plaide Amara SOUMAH.

Même son de cloche chez les autres usagers. Mais eux, interpelle directement le chef de l’État sur la situation : « le président alpha Condé est le père de toute la nation guinéenne, donc il doit écouter le cri de cœur de ses enfants. Alors nous lui demandons de penser aux habitants de Forécariah en réhabilitant leur principale route », a-t-il conclu espérant que ce plaidoyer sera entendu par nos gouvernants.

En attendant la réhabilitation de la nationale Coyah – Forécariah, riverains et usagers continueront à prendre leur mal en patience.

Elma CAMARA

 

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