Immigration clandestine : ali, tunisien de 27 ans, prêt à mourir en mer pour atteindre l’europe

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A sept reprises, Ali est monté dans un canot pour rejoindre l’île de Lampedusa, située à environ 260 km de la ville de Zarzis, dans le sud de la Tunisie. Ce Tunisien de 27 ans, dont le frère ainé a disparu en mer, reste déterminé à retenter sa chance, en dépit des risques.

Dans un témoignage transcris par nos confrères d’infosmigrants.net, ce Tunisien de 27 ans, dont le frère ainé a disparu en mer,  affirme être déterminé à retenter sa chance, en dépit des risques.

« Soit je meurs en mer, soit j’arrive à atteindre l’Europe » confie-t-il.

Témoignage

« J’ai essayé sept fois de traverser la Méditerranée pour atteindre les côtes italiennes depuis une plage de Zarzis [ville côtière du sud de la Tunisie, ndlr]. À chaque fois, il y a un problème : je suis récupéré par les autorités ou alors le moteur tombe en panne. Je n’ai pas de chance.

Ma première tentative remonte à 2011, la dernière au mois d’août dernier. Cet été, avec les 14 autres passagers, on a croisé les garde-côtes libyens en pleine mer, dans les eaux internationales. Ils ont tiré dans l’eau autour de notre canot pour nous faire peur et nous empêcher de continuer notre route. Les garde-côtes voulaient nous faire monter dans leur navire et nous envoyer en Libye.

Heureusement, la garde maritime tunisienne était également dans la zone. Ils ont négocié avec les Libyens et ont pu nous récupérer pour nous déposer à Zarzis.

La traversée me coûte à chaque fois entre 4 000 et 6 000 dinars [entre 1 200 et 1 800 euros, ndlr]. J’économise plusieurs mois pour payer cette somme et, parfois, des amis m’aident. Pendant longtemps, j’ai jonglé entre deux emplois : j’étais serveur dans un café et dans un hôtel de Zarzis lors de la saison touristique. Je travaillais 10 heures par jour pour un salaire de misère. Je gagnais environ 600 dinars [environ 180 euros, ndlr].

« Dans mon quartier, tous les jeunes ont fui vers l’Italie »

J’ai donc décidé de mettre fin à mes contrats en début d’année 2020 pour me concentrer sur mon départ. Je n’en pouvais plus de me tuer à la tâche pour un salaire qui ne me permettait pas de vivre décemment. En Tunisie, tu travailles et tu te tais, ou bien tu pars.

Dans mon quartier, tous les jeunes ont fui vers l’Italie. Il ne reste plus personne, je suis le seul à être encore là.

Même si mon frère a disparu en mer en 2011, ça ne me fait pas peur. De toute façon, on est déjà mort chez nous. C’est soit je meurs en Méditerranée, soit j’arrive à atteindre l’Europe. Il n’y a pas d’autres alternatives.

Mon but est d’aller en France, j’ai des amis là-bas. Je veux juste y rester quelques années, travailler et revenir à Zarzis pour construire une maison à ma famille. Je m’en fiche d’avoir des papiers en règle en France, je ne souhaite pas y rester longtemps.

Mes parents s’inquiètent, ils ne veulent pas que je parte de cette façon mais ils savent que je suis déterminé. Je prévois de reprendre la mer dans les jours qui viennent. Chaque soir, j’attends un appel du passeur. Je n’arrêterai pas tant que je n’aurai pas atteint mon objectif ».

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