Guinée : plusieurs acteurs autour de la célébration de l’an 75 de la déclaration universelle des droits de l’homme

Publicité

L ’an 75 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme a été célébré, samedi 9 décembre 2023, au siège du Haut-Commissariat des Droits de l’Homme, à Conakry, en présence de certains  membres du gouvernement, des représentants du Conseil National de la Transition, des diplomates ainsi que des activistes des Droits de l’Homme et de la Société Civile.

A l’instar des autres pays, à travers le monde, le thème retenu cette année pour célébrer cette journée  est ‘’ honorons la promesse de liberté, d’égalité et de justice pour tous’’.

S’exprimant au nom du maire de la commune de Ratoma, qui abrite le siège du Haut-Commissariat des Droits de l’Homme en Guinée, le vice maire de cette commune, a souligné que ce thème correspond parfaitement à la vision des autorités de la transition en Guinée.

Ainsi, dira Abdoul Salam Sow, chaque citoyen doit avoir la responsabilité de promouvoir ces valeurs universelles et d’en défendre les droits fondamentaux de chaque individu et de lutter contre l’injustice et l’inégalité dans sa communauté.

Abdoul Salam Sow, vice maire de la commune de Ratoma

« A notre niveau, nous essayons de travailler à donner à chaque citoyen et à chaque communauté de Ratoma la dignité, la liberté et la justice sociale qui lui reviennent de droit. Cette célébration inspire des actions concrètes et des initiatives nationales visant à renforcer les droits de l’homme au quotidien et de ne laisser personne de côté, car l’égalité et la non-discrimination sont au cœur du développement durable, de la paix et de la cohésion sociale », a souligné le représentant de la commune de Ratoma.

Pour sa part, le Représentant-résident du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme en Guinée, revenant sur la date historique du 10 décembre 1948, a appelé à un élan de solidarité pour que chaque personne puisse vivre dans la paix et la dignité.

Aimé Ntumba Kakolo, Représentant-résident du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme en Guinée

« Il y a 75 ans, quelque chose de remarquable s’est produit sur la scène internationale : le monde s’est uni pour adopter la déclaration universelle des droits de l’homme. Ce moment a suivi une époque turbulente marquée par des guerres, le génocide, la menace nucléaire et l’instabilité économique. Malgré tout, les nations se sont réunies pour faire une promesse solennelle : protéger et promouvoir les droits de chaque individu », a rappelé Aimé Ntumba Kakolo, Représentant-résident du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme en Guinée.

En 1993 au lendemain de la guerre froide alors qu’internet se développe rapidement, poursuit-il,  la déclaration et le programme d’action de Vienne ont joué un rôle crucial dans le renforcement des principes des droits humains.

En dépit de tout cela, insiste-t-il, les violations des droits humains persistent encore dans de nombreuses régions du monde souvent sans conséquence.

Parmi ces problèmes, il y a, selon lui, les changements climatiques, les conflits, les discours de haines ou encore le rétrécissement de l’espace civique.

« La gouvernance des nouvelles technologies nécessitent des solutions encrées dans les principes des droits humains », a préconisé Aimé Ntumba Kakolo, ajoutant qu’en ‘’adoptant le langage universel des droits humains qui promet la liberté, l’égalité et la justice pour tous, nous pouvons surmonter les défis qui semblent insurmontables’’.

« Aujourd’hui plus que jamais, l’heure est aux droits humains. Rejoignez-nous à l’occasion du 75eme anniversaire des droits de l’homme pour nous aider à faire en sorte que chaque personne puisse vivre dans la paix et la dignité », a enfin lancé le Représentant-résident du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme en Guinée.

En saluant les efforts fournis par les autorités de la transition dans le cadre de l’organisation du procès dans l’affaire des massacres du 28 septembre 2009, les organisations de Défense des Droits de l’Homme, d’une seule voix, ont soulevé quelques manquements dans la conduite de la transition guinéenne.

Fatoumata Diaraye , représentante des Organisations de Défense des Droits de l’Homme en Guinée

« La célébration du 75ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme en Guinée, intervient d’une part dans un contexte d’incompréhensions entre les autorités de la transition et une marge importante des acteurs et actrices socio-politiques sur la conduite de la transition politique en cours, et d’autre part dans un climat d’insécurité croissante et de restriction de l’espace civique, plus particulièrement de violations des libertés de manifestation, d’information et d’expression se traduisant par l’interdiction systématique de manifestations pacifiques, le brouillage des ondes de certaines radios privées et la restriction de l’accès aux réseaux sociaux sur l’Internet », attirent-elles dans leur message.

Face à ces situations qui ont des conséquences graves sur la vie quotidienne des populations guinéennes, ces organisations de Défense des Droits de l’Homme ont demandé :

-Au président de la transition : à veiller au respect des droits et libertés protégés par la Charte de la transition ; à garantir la liberté de la presse, gage de l’état de droit et démocratique et à s’impliquer pour l’instauration d’un cadre de dialogue inclusif entre les autorités de la transition et les acteurs et actrices sociaux politiques.

-Au gouvernement : de faire une déclaration solennelle pour son engagement pour le respect des droits de l’Homme, des libertés fondamentales et à lutter contre l’impunité en République de Guinée ; de poursuivre rigoureusement la réforme des forces de défense et de sécurité avec une emphase sur le respect des droits de l’homme ; de respecter le principe de l’indépendance et de la souveraineté du pouvoir judiciaire, de prendre des mesures efficaces et urgentes pour la sécurisation des personnes et de leurs biens et ratifier la Convention des Nations Unies contre les disparitions forcées ; à créer une structure de contrôle du respect des droits de l’Homme avec possibilité de sanctions de tout individu civil ou forces de défense et de sécurité (FDS) qui violerait les droits de l’Homme et la meubler de personnes au fait des droits de l’Homme et respectueuses de ces droits ; de présenter les rapports en retard sur les droits de l’Homme et les libertés fondamentales en Guinée aux mécanismes africains et onusiens de protection des droits de l’homme ; de Respecter ses engagements par rapport à la protection des défenseur-e-s des droits de l’Homme, en adoptant une loi portant promotion et protection des droits des défenseur-e-s des droits de l’Homme, conformément aux principes de la Déclaration des Nations Unies du 10 décembre 1998, des déclarations de Grande Baie et de Kigali de l’Union Africaine ; d’Engager une lutte sans merci contre l’impunité qui est le terreau des violations des droits de l’Homme et particulièrement dans le cas des violences basées sur le genre qui sévissent de manière notoire en Guinée ; de poursuivre le présumé auteur du meurtre odieux de la jeune A.T, torturée et assassinée dans un complexe scolaire à Dubreka, ainsi que tous les autres présumés auteurs des violences sexuelles dénoncées, en assurant le suivi de l’exécution effective de leurs peines et de Poursuivre le processus de mise en œuvre des recommandations issues des Assises nationales pour la réconciliation en Guinée, particulièrement l’instauration d’une Commission ‘’Vérité, justice et réconciliation’’

Au ministre de la Justice et des Droits de l’homme : à veiller à l’accélération des procédures judiciaires pendantes devant les juridictions nationales portant sur les crimes de sang (ou atteintes au droit à la vie et à l’intégrité physique) et crimes économiques.

Prenant la parole à cette occasion, la Secrétaire Générale du Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, a admis que la lutte pour les Droits de l’homme sera longue. Mais, reste optimiste.

« La lutte pour les Droits de l’homme sera longue, mais elle sera, sans nul doute, victorieuse », a affirmé madame Iréne Marie HADJIMALIS.

Evoquant le thème choisi cette année pour célébrer cet anniversaire, la Secrétaire Générale du Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme invite chacun à raviver la Déclaration universelle des droits de l’homme et à démontrer concrètement comment cette déclaration peut répondre aux besoins de notre époque à honorer sa promesse de liberté, d’égalité et de justice pour tous.

Iréne Marie HADJIMALIS, Secrétaire Générale du Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme

« L’heure est aux actions pour donner et garantir la dignité à tous, pour protéger tous les êtres humains surtout les plus vulnérables », indique-t-elle, invitant tout le monde à se ‘’rappeler que  la célébration des anniversaires est un moment propice ou une péripétie exaltante, dont on doit saisir la survenance comme une chance ou une opportunité significative, pour réfléchir aux réalisations présentes et futures, apprendre des erreurs et prendre des mesures courageuses en faveur du progrès et de la mutation continue en profondeur’’.  

Dans son intervention, le coordinateur-résident du Système des Nations Unies en Guinée, docteur Gualbert Gbehenou a transmis le message Secrétaire Général de l’ONU, Monsieur  Antonio Guterres, à l’occasion de cette journée des Droits de l’Homme, célébrée le 10 décembre de chaque année.

docteur Gualbert Gbehenou ,coordinateur-résident du Système des Nations Unies en Guinée

Ce dernier a notamment invité les habitants du monde entier à promouvoir et à respecter les droits humains, chaque jour, pour toutes et tous, partout.

Cette cérémonie de célébration de cette journée a pris fin par une série de discussions et d’échanges autour des questions liées aux Droits de l’Homme.

Alpha Ibn Boubacar Diallo

Publicité