Guinée : la distribution du crédit bancaire, un vrai challenge pour la bcrg

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E n République de Guinée, les contraintes de financement ont longtemps été considérées comme étant l’un des principaux obstacles au développement économique du pays en Général et des PME en particulier. Toutefois, en observant le fonctionnement de ce marché, on se rend compte que les difficultés d’accès au crédit bancaire ne se limitent point aux PME seulement car une grande partie du marché des Particuliers et des Grandes Entreprises est aussi touché par ce problème.

Pourtant, la question du sous-financement de l’activité économique dans un contexte de surliquidité bancaire reste et demeure une question centrale. Si aujourd’hui les banques préfèrent constituer des encaisses et profiter d’une situation de rente plutôt que de prendre les risques de financer les activités productives en particulier celles des PME, c’est en partie en raison de l’absence d’une Centrale des Risques dont le but est de réduire le risque de crédit en collectant, traitant et enfin en partageant les informations sur la situation financière des relations d’affaires qui sollicitent le concours du système bancaire.

De l’autre côté, les banques sont confrontées dans leur activité à plusieurs autres problèmes à l’image de la volatilité du taux de change mais aussi de l’inflation suscitée par la hausse des produits importées notamment le carburant qui impacte directement le panier de la ménagère à travers ses effets de contagion. S’agissant plus particulièrement du niveau du taux d’intérêt appliqué, il dépend du niveau de l’inflation qui avoisine de nos jours les 13% et cela malgré toutes les dispositions prises par la BCRG dont les effets tardent à se faire sentir comme à l’accoutumée.

A cela s’ajoute le coût de la ressource, la marge de la banque et la prime de risque. En plus, les banques rencontrent beaucoup d’autres difficultés avec les décisions de justice dans les différends qui les opposent avec les clients qui ne respectent pas les engagements. Le dernier cas qui a fait l’objet de médiatisation date de juin 2022 suite à l’affaire qui a été tranchée en faveur de HAMANA au détriment d’AFRILAND et d’ECOBANK.

D’autres facteurs non moins importants rentrent dans cette situation malheureusement. Il s’agit entre autres : du coût d’enregistrement des actes, les taxes, les frais de notaire et d’huissier, etc., exprimés en pourcentage des montants de crédit à distribuer. Tous ces éléments contribuent à alourdir et à renchérir les taux de crédit.

Par ailleurs, si les banques implantées en Guinée sont confrontées à divers problèmes comme indiqué ci-dessus, certaines d’entre elles rendent également invivable la vie des demandeurs de crédit car, certains commerciaux abusent de leur position de sorte que leurs décisions soient affectées d’un manque de visibilité de la part des relations d’affaires qui sont dans le besoin. Ce n’est pas pour rien que beaucoup de clients ne parviennent à amortir leur emprunt convenablement.

De même, les garanties exigées pour la mise en place d’un crédit sont dans la plupart des cas contraignantes et concernent souvent le patrimoine. Ce qui fragilise les agents économiques. Etant donné que les PME par exemple constituent un véritable vecteur de croissance économique, un fonds de garanties des emprunts devrait être allouer aux plus performantes d’entre elles pour supporter une partie des conditions fixées par les banques. Ce qui allégerait le fardeau du service de la dette (capital échu + intérêt).  Tout ceci ne peut être possible qu’avec le concours de la Banque Centrale en sa qualité de Régulateur.

A notre humble avis, au regard de l’importance du sujet, la BCRG devrait prendre les devants afin d’étudier amplement cette problématique car, bon nombre d’agents économiques se plaignent en longueur de temps n’avoir point accès au service bancaire. D’ailleurs, au regard des chiffres à notre disposition, le taux de bancarisation n’atteignait même pas 8% à fin novembre 2022 même si l’on soutient ailleurs qu’il avoisine les 15%.  Ceci signifie simplement que près de 92% de la population ne bénéficient pas de service bancaire, donc ils sont exclus financièrement. Comment pourrons-nous développer notre pays sans le concours bancaire (en l’absence d’une bourse) ?

Pour ne pas abuser du temps du lecteur, nous comptons revenir sur ce sujet les jours prochains avec plus de détails (avec des informations chiffrées) afin d’éclairer la lanterne de l’opinion publique et de l’autorité monétaire sur les véritables enjeux des réformes à entreprendre dans ce secteur.

Wait and see !

Safayiou DIALLO, économiste

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