G7 : l’afrique, le grand figurant de grandes rencontres

Publicité

C inq pays africains viennent de prendre part au sommet du G7 organisé à Biarritz en France. Au-delà du symbole de multilatéralisme prôné par les autorités françaises, une question se pose. A quoi sert la participation africaine aux sommets des puissances étrangères ?

Le sommet du G7 de Biarritz est à peine fini que l’heure du bilan se pose. Les journalistes de l’Hexagone ne tarissent pas d’éloges à l’endroit d’Emmanuel Macron. Il a réussi à faire bouger Trump sur le dossier iranien. Il a aussi plaidé pour l’Amazonie tout en égratignant Bolsorano et surtout, une nouveauté, il a invité cinq Etats africains au lieu d’un ou deux lors des précédents sommets.

Les dirigeants de ces pays occupent tous en ce moment des responsabilités non moins importantes sur le plan continental. En plus du Sénégal, Macky Sall préside le NEPAD, qui est devenu un acteur majeur sur les questions de développement en Afrique. Le Général égyptien Al Sisi assure la présidence tournante de l’Union Africaine et est donc un interlocuteur de premier plan sur les dossiers importants touchant l’Afrique et le monde. Le président burkinabè assure lui aussi la présidence du G5 Sahel. Viennent compléter la liste le rwandais Paul Kagame et le Sud-africain Cyril Ramaphosa.

Tous ont répondu présents à l’appel des sept pays les plus « industrialisés » du monde pour au final ne rien dire. Ils ont simplement meublé le sommet, joué les accompagnateurs, servi de figurants et surtout ils ont remplis le quota des pays moins avancés qui viennent éternellement plaider leur cause lorsque de grands se réunissent.

Cette image des chefs d’Etats africains fièrement souriants sur les photos de famille des rencontres bi ou multilatérales ne sert qu’à décorer les bureaux des Institutions qui organisent ces sommets. Trop longtemps, l’Afrique s’est cantonnée à un rôle d’assisté en venant toujours avec les mêmes sujets : allègement de la dette, évasion fiscale de grands groupes, accroissement de l’aide publique au développement, lutte contre le réchauffement climatique et la lutte contre le terrorisme qui est la nouvelle donne, notamment dans la zone sahélienne.

Aucune avancée notable n’est enregistrée. A chacune de ces rencontres, les mêmes problèmes sont à l’ordre du jour montrant clairement la non-prise en compte des recommandations issues des sommets. Aussi bien du côté des « riches » que des « pauvres ». Les riches respectent peu les promesses qu’ils font et les pauvres n’appliquent aucune condition d’obtention des montants de promesse faites par leurs homologues du Nord.

Le Consensus de Monterrey en est un exemple parfait. Forum économique de Davos, Assemblée générale des Nations Unies, session ordinaire des Institutions de Breton Woods…. Ils partent tous exposer le niveau de misère de leurs pays et les immenses potentialités que ceux-ci regorgent pour justement éviter d’être présents à ce type de rencontres.

Paradoxale ! On leur donne l’illusion que le Nord se préoccupe du sort des Sudistes. Faux, chers présidents ! C’est la croissance économique de leurs pays qui importent à tous ces chefs d’Etats occidentaux. Cette croissance passe par le développement vertigineux de multinationales qui s’enrichissent parfois sur le sol et sur le dos des africains. C’est un cercle vicieux. Les présidents africains le savent bien mais jouent le jeu.

Et lorsqu’ils en ont l’opportunité, nos mandants vendent les potentialités dont dame nature nous bien  a gratifiés. De toutes les façons, c’est ce qu’ils ont à vendre. La nature. La Guinée et ses mines de grise mine, la RDC et ses terres rares, le Niger et son uranium, le Nigeria et son pétrole, le Sénégal et ses plages …. C’est justement cette configuration économique qui maintient l’Afrique en position d’éternel vendeur de matière première qui doit cesser.  Mais comment parler d’égal à égal avec des partenaires qui pèsent 2000 fois votre PIB ?

Et le comble, ce que depuis un certain des sommets asymétriques, ils ont fait leur apparition. Inspirés des sommets France-Afrique, il existe à présent des forums Chine-Afrique, Inde-Afrique, Japon-Afrique et peut être un jour, Salvador-Afrique.

Un pays contre un continent. Il existe bien des cadres de concertation et de dialogue entre continent et Etat (accord de libre-échange Etats-Unis-Europe ou Union européenne-Canada) mais dont les rapports de force sont quasi-équilibrés.

Les cadres de coopération avec les pays africains sont souvent dominés par le camp en face qui dicte ses conditions. Cette humiliation doit cesser. Si participer à de grands sommets pouvait développer, la Guinée serait la Suisse de l’Afrique et le Mali serait la Norvège  du continent.

Alpha Oumar DIALLO

Publicité