Après la satisfaction des points de revendication des enseignants guinéens à l’issu de la grève déclenchée le syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée(SLECG) le 12 février 2018 dont la génèse date de Février 2017, l’on pense que le problème de l’éducation est réglé surtout quand l’enseignant a un bon salaire.
Alors qu’elle souffre de véritables maux, l’Education Guinéenne n’a jamais été en réalité une priorité des différents gouvernements qui se sont succédés ou tout au moins, ces deux dernières décennies. C’est qui explique en grande partie les conditions pitoyables dans lesquelles vivotent les enseignants. Cependant il nous sera bonne aise de comprendre que les contentements salariaux sont loin d’apporter de la satisfaction dans ce secteur.
Rien que dans la capitale Conakry, multiples sont les lycées, collèges et classes du primaire qui rencontrent d’énormes difficultés quant à la régularité et la qualité des prestations offertes par le corps enseignant. Beaucoup se tournent vers les écoles privées qui, pour un surplus modestement amélioré, absorbent la plupart de cette cohorte. Plus loin, à l’intérieur du pays, les infrastructures scolaires n’existent presque plus ou pas. Là d’ailleurs, le manque est criard tant en qualité, aussi bien en quantité. Les enseignants sont partagés entre les heures supplémentaires pour les plus nantis et les groupes de révisions pour ceux démunis et obligés de collaborer. Depuis belle lurette, nous assistons à une forme d’extinction progressive de l’école dans les zones rurales. Beaucoup de classes ont été construites soit par l’aide internationale, soit par le population à la base soucieuse de l’avenir de ses enfants ou par des coopératives et associations. Non seulement les enseignants n’y sont pas suffisamment affectés mais, plus grave, ceux qui y sont, désertent ou ne font pas leur travail de façon nette.
Le plus souvent ce sont des personnes très peu recommandables et ouvertes à toutes formes de procédés lucratifs qui atterrissent sans background ni formations adéquates dans ce champ qui est devenu un lamentable point de chute du citoyen en difficultés d’un éventuel emploi dans le pays. Ceci est le résultat périlleux du mauvais recrutement suite aux concours nationaux, du favoritisme qui sont devenus »la poule aux œufs d’or » pour grand nombre de cadres responsables du département ainsi que la profusion galopante d’écoles qui pullulent comme des champignons, donnant libre cours au business des faiseurs de fortunes qui trouvent les moyens de corrompre et pervertir cette noble tâche afin de devenir fondateurs et recruter à l’amiable des jeunes en « perdition professionnelle ».
Ils y arrivent par plusieurs moyens: concessions salariales avec prélèvements effectifs de la rémunération ou pire, bail du salaire pendant une longue période, happé par une tierce personne.
L’Etat dans tout ce tourbillon effréné, manque de mesures et solutions idoines pour diagnostiquer, soigner et produire une meilleure qualité d’enseignement.
Cependant, des solutions comme : l’octroi aux enseignants des subventions alimentaires comme à l’instar de l’armée, la dotation des moyens de transport comme les bus scolaires ( abonnements mensuels et/ou annuels), réservés à l’usage exclusif des élèves, étudiants et enseignants avec des coûts moins défiant, des logements sociaux, étant donné que presque tous vivent dans des locations à chambrettes compressées, pourraient certes améliorer le niveau de vie de ces enseignants si toutefois l’Etat s’implique davantage en tenant compte du poids de ce secteur dans l’avenir de la nation et en considérant les défis et contraintes qui s’y rattachent:
En somme, tout ceci nécessite profondément des réflexions sérieuses et concrètes de toutes les parties afin de sauver ce qui reste et demeure le poumon du développement de toute nation.
Aguibou Ramadane DIALLO