Double scrutin du 22 mars : ‘’on s’y opposera….’’ sidya touré

Publicité

M embre du Front National pour la Défense de la Constitution et Président de l’Union des Forces Républicaines (UFR), Sidya Touré s’oppose farouchement contre la Nouvelle date du 22 mars 2020 fixée par le Chef de l’Etat pour la tenue du double scrutin (législatif et référendaire).   

A l’entame, l’Ancien Haut Représentant du Chef de l’Etat s’attaque tout d’abord au décret de convocation du corps électoral pris par le Président de la République, qui, à son ultime conviction voilerait la Loi en matière d’élection en Guinée.

Ensuite, Sidya Touré affirme, au nom de ses collègues, qu’ils s’opposeront à cette date et qu’ils indiqueront les voies et moyens à suivre, et en même temps, saisir la CEDEAO.

Interview !

Le Président de la République vient de fixer la nouvelle date du double scrutin (législatif et référendaire). Quelle est votre réaction ?

La première chose, c’est que la République est d’abord un ensemble de loi. Quand vous le-violez, vous êtes dans l’illégalité. Entre la fixation de la date du 1er mars et celle du 22, la loi est très claire. Pour revenir là-dessus, il faut 60 jours. En fait dans cette opération, Alpha a les yeux fixés sur le référendum. Les élections ne servent strictement qu’à cela. Nous récusons, nous réfutons la date du 22. Nous disons qu’elle ne peut pas permettre de faire les corrections qui ont été indiquées par l’OIF. La CEDEAO est venue, elle a repris les mêmes choses. Vous avez un fichier, je ne veux même pas parler du fichier, un ambassadeur occidental a dit que c’est un bricolage. Vous avez un fichier, vous dites que vous allez extraire deux millions 500 mille électeurs là-dedans pour un fichier de 7 millions 700 mille que vous avez élaboré vous-même. Ça veut dire quoi ? Le retrait des noms doit se faire, ceux qui participent aux élections d’une manière ou d’une autre.

La deuxième des choses, c’est que vous devez retravailler complètement sur la répartition des électeurs dans les bureaux de vote. En enlevant 1/3 du corps électoral, il faut enlever 1/3 de bureaux de vote. Il y en a 6000 qui devraient disparaître. Ces mêmes gens qui ont été retirés ont déjà leurs cartes d’électeur (…) Ils ont déjà des émargements dans les bureaux de vote désignés. Mais à quoi on joue ?

Les élections ce n’est pas un jeu politique. Même si s’en était, je veux dire politicien pour vous-même c’est la manière dont dans le pays vous désignez vos représentants. Donc nous réfutons cette date et nous trouvons qu’elle ne correspond à rien. Il n’y a aucune justification juridique par rapport à cela. Et nous, nous y opposerons.

Est-ce que selon vous, techniquement, il est impossible que la CENI puisse extirper les deux millions et quelques électeurs en un laps de temps ?

Ecoutez, 2millions 500 mille, c’est beaucoup de personnes. La CEDEAO a remis une lettre  non datée (…) Le même jour avant, le  soir, nous savions déjà que la CENI avait fixé la date, mais par quelle magie ? Ils ont fait pour que ce qui n’était pas possible et que Alpha avait confirmé dans la lettre d’ailleurs. La lettre qu’il a envoyée à la CEDEAO, c’était de dire les 2 millions 500  ne peuvent être traités que conformément à la loi (….) La loi a dit que vous ne pouvez pas barrer. On avait résolu ça quand on a fait l’audit du fichier. Tout d’un coup, vous décidez que vous, vous pouvez les barrer. Mais attendez quand même, vous pensez qu’en moins de 24h, on peut enlever 2 millions 500 électeurs dans le fichier? C’est impossible.

Le Président de la République continue à dérouler son programme. Qu’allez-vous faire pour empêcher le processus ?

Le Président ne déroule aucun programme. Il déroule son programme personnel. Ce n’est pas le programme des élections. Alpha Condé déroule le programme qui permettra de ne pas tomber sous le coup de la loi  par rapport à la CEDEAO qui empêcherait que le référendum se tienne 6 mois avant les élections sinon, c’est le seul programme qu’il déroule. On s’y opposera. Nous indiquerons des voies et moyens à suivre et en même temps, nous allons saisir la CEDEAO pour dire vous êtes venus ici, vous avez constaté quelque chose, en quoi la situation a changé, elle n’a pas changé.

Comment comprenez-vous que les  rassemblements soient interdits pour prévenir le Coronavirus, au même moment le peuple devrait aller aux élections ?

C’est du Cynisme. Alpha règle les problèmes tels que ça l’arrange. Sinon vous ne pouvez pas dire aux gens de ne pas se réunir à cause du Coronavirus et vous ne prenez aucune disposition pour les marchés en Guinée ici. Il n’y a pas 100 personnes dans les marchés ? Mais ce n’est pas ça qu’il vise. Ce qu’il vise c’est d’empêcher les partis de se réunir. Et à la fin, le 22 dans une semaine, lui il va demander que 5 millions de guinéens se déplacent dans les centres de vote. Et ces centres de vote, il peut y avoir combien de personnes. En fait c’est du cynisme pur.

Regardez un problème qui est national qui risque de mettre la santé de toute la population en danger,   mais dont on se sert pour régler un problème personnel. Vous savez qu’on a eu ce problème avec Ebola ici. Nous avons dit que c’est dangereux, ils ont dit non ce n’est rien du tout parce qu’à l’époque ça pouvait servir à cela. A la fin, on a eu 2 mille 500 morts.  Au sortir, on applaudit. On a vaincu Ebola. Non! Il faut arrêter, ça c’est totalement cynique parce que ça n’a aucun sens. Comme je le dis, les marchés qu’est-ce qu’on a pris comme disposition ? Les bureaux de vote, disons les centres de vote, comme ils les ont indiqués qu’est-ce qu’on a pris comme disposition ? Si on ne peut pas se réunir, c’est que tout ça ne veut rien dire. Et nous, à partir de la semaine prochaine, nous commencerons les manifestations.

A vous attendre, vous avez vraiment peur de cette pandémie. Est-ce que vous craignez qu’elle se propage dans le pays?

Là, je ne suis pas médecin. Ce que je vois, ce sont des dispositions que les pays sont en train de prendre. Si vous commencez à les prendre, ça devrait s’appliquer à tout le monde y compris les élections où 5 millions de personnes doivent se déplacer. On ne parle pas de 100 personnes. Et si c’est la population qu’on vise, franchement, on devrait être auprès de nos femmes aux marchés aujourd’hui pour prendre des dispositions. Mais ce n’est pas ça qu’on vise, c’est tout. Moi, je n’ai pas peur. Je dis tout seulement, nous ne prenons pas les dispositions et, on a un Chef d’Etat qui se sert d’un problème de santé publique pour régler son problème politique.

Interview réalisée par Mata Madou Malick Camara

Publicité