Reforme de l’education nationale : et si on sortait des effets d’annonce

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Le système éducatif guinéen a du mal à émerger de ses malaises et de ses turbulences. Parmi toutes les réformes entamées par le ministère de l’enseignement pré-universitaire, la mesure de suppression des notes de cours était tout  ce qu’il ne fallait pas faire. Par delà, retenons que le département  avait, dans le temps, envisagé des séries de réformes qui n’en sont restées qu’à des vœux pieux.

L’ex ministre Kourouma institua ce qu’on appelle « le salon de l’éducation ». Des illusions! C’en est une ! Avant depuis 2005, on a  assisté à la suppression  du bac I et II et la définition des matières par profil. Certaines questions taraudent sans l’esprit : ont-elles(les réformes) donné de bons résultats ? Ont-elles contribué à rehausser le niveau des élèves ? C’est une problématique qui nous interpelle tous.

Il faut limiter les réformes à la sauvette qui varient au gré des effets d’annonce, sans pertinence, en fonction des humeurs changeantes du président de la République ou d’un ministre : c’est la question de la détermination de la politique d’éducation nationale.

La suppression des notes de cours est au menu des débats. Une réforme non réfléchie ou une manière pour K2 de prouver qu’il est l’homme de la situation, le grand réformateur du système éducatif ?

Le problème, c’est qu’une politique de réforme ne se fait pas sous le coup d’effets d’annonce, de la ferveur populaire. Il faut être capable d’en mesurer les incidences à l’avenir.

La suppression des notes de cours n’est pas la seule réforme entamée au sein du ministère de l’enseignement pré –universitaire. Ce qu’il faut voir dans cette logique, c’est tout ce que le département  continue d’arborer.

Quelques réformes pertinentes que KO2 aurait pu faire dès sa prise de fonction :

·       Trouver une solution efficace à la crise qui fit partir son prédécesseur,  Kourouma, du gouvernement (puisqu’il n’a pas pris au sérieux le problème, voilà que surgit une autre grève) ;

·       S’attaquer à l’impunité au sein de nos établissements scolaires, autrement, par des inspections régulières dans les écoles;

·       Atténuer l’indépendance des écoles privées dans l’octroi des notes, qu’elles n’exagèrent pas ;

·       Suivre la régularité des évaluations par les DPE, DES, DCE ;

·       S’assurer que les nouveaux enseignants recrutés à la fonction  publique ont rejoint leurs postes d’affectation sur le terrain.

La suppression des notes de cours a des effets collatéraux sur le fonctionnement  de l’éducation guinéenne :

·       La paresse des candidats : il ne seront plus soucieux parce qu’ils savent désormais qu’ils ne seront pas accompagnés par des notes et que  les professeurs perdent par là leur unique moyen de coercition sur les candidats;

·       Augmentation du taux d’absence : cette réforme ne prévoit aucune sanction contre l’absentéisme. Les candidats préféreront bouder les classe .

Cette réforme dépouille l’école de sa fonction pédagogique.

Le mal est percutant.  Et pour enfin éradiquer ces maux qui assaillent le système éducatif guinéen, l’appel à la conscience, au civisme est nécessaire. Que les un et les autres comprennent que les enfants constituent l’avenir de la nation.

Un autre fait est à déplorer : il arrive des situations dans lesquelles le proviseur ou le censeur… met la pression  aux enseignants afin qu’ils déposent les notes de cours. Cette situation fait que ces derniers se préoccupent moins de la tenue normale des cours et des examens : la course frénétique aux notes.

Il est important pour tout ministre souhaitons une véritable réforme de proposer toutes les stratégies pour limiter l’absence des élèves dans les salles de classes. Les tenants et les aboutissants de cette reforme ne doivent pas seulement être les seules préoccupations du ministre. La préparation des perspectives, pour contrecarrer les éventuelles conséquences qui en résultent, doit passer en premier.

A la lumière de tout ce qui précède, faut-il être optimiste pour l’atteinte des résultats escomptés ? L’avenir nous en dira plus.

Par Abdoul Latif Oularé 

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